Synopsis: Le destin croisé de l’Union Soviétique et de l’équipe de hockey sur glace surnommée « l’Armée Rouge » . L’ancien capitaine de l’équipe Slava Fetisov revient sur son parcours hors du commun : d’abord adulé en héros national, il sera bientôt condamné comme ennemi politique. La « Red Army » est au cœur de l’histoire sociale, culturelle et politique de son pays : comme l’URSS, elle connaît la grandeur puis la décadence ...
La fiche du DVD
Le film
L’histoire extraordinaire d’un sportif qui a tenu tête au système soviétique. Ou comment la guerre froide s’est aussi manifestée sur la glace des patinoires du monde entier. Adulé par son peuple, Slava Fetisov est le capitaine de l’équipe nationale de hockey soviétique, une institution à l’égale des plus grands monuments staliniens.
Avec ses coéquipiers, il représente les valeurs du communisme, dit un journaliste. « Ce n’était plus du sport, mais de la politique ». Le jeune athlète en est conscient, aujourd’hui encore, quand il se prête aux questions de Gabe Polsky. Elles le chamboulent souvent, quand il revient sur son passé de gloire et de douleur.
« Au Canada on a découvert tout ce qui pouvait se manger tous les jours, les hôtels cinq étoiles, la TV et leur cent chaînes. On avait 48 dollars d’argent de poche, j’ai acheté deux jeans (vidéo à l’appui), mais l’idée de fuir ne m’a jamais effleuré, j’étais heureux ». Nechepore, un ancien agent du KGB témoigne de cette époque.
« On assurait leur sécurité, pour leur éviter de passer à l’Ouest. Ils étaient, surtout lors d’un premier voyage à l’étranger, subjugués par toutes les facilités, mais ils ne voyaient pas le côté négatif ». La victoire contre le pays du hockey est une grande première. Elle sera suivie d’autres grands succès, mais la défaite face à l’ennemi héréditaire, 4-3 aux Jeux Olympiques de Lake Placid, jette un froid sur une guerre qui ne l’est pas moins.
Fetisov revoit le match, ne fait aucun commentaire, mais son visage est triste. Conséquence de l’humiliation, l’entraînement redouble, « des joueurs pissaient le sang (…) dans des camps de hockey, retranchés, 11 mois de l’année » affirme aujourd’hui un responsable. Des images d’archive accompagnent le souvenir. Elles sont impressionnantes. A un entraîneur aimé et respecté, technicien hors pair, tacticien de premier plan, Anatoli Tarassov, succède le redoutable Viktor Tikhonov (il a refusé de participer à ce documentaire) . Le début des ennuis pour le capitaine soviétique.
« Au point que les joueurs en sont arrivés à se dire qu’en perdant le championnat du monde, peut-être les autorités le renverront-ils. Pourquoi jouer pour un homme qui ne nous respecte pas ? » .
Sarajevo 1984, 2-0 contre la Tchécoslovaquie, aux Jeux Olympiques « le plus beau jour de ma vie ». Slava Fetisov est au sommet, reconnu comme l’un des plus grands joueurs de hockey au monde. On le réclame à l’étranger. « Je ne veux pas fuir mon pays » dit-il devant le refus des autorités de lui accorder son visa. D’autres l’ont précédé, « des traites » cousus d’or comme on dit au Kremlin. Fetisov résiste, mais quitte L’armée rouge, Tikhonov est devenu infréquentable. « Je ne voulais plus jouer pour un entraîneur que je n’appréciais pas ».
Alors, toutes les portes se ferment, les amis disparaissent. « Si je te laisse patiner ici, ils vont me tuer » .Le couple est surveillé, sa femme raconte qu’il a été battu pendant plusieurs heures par la police de Kiev qui appelle Tikhonov : « je l’entendais crier dans le téléphone, faites ce qu’il faut mais ne le laissee pas quitter le pays ».
Des joueurs le soutiennent mais pas Kasatonov, son meilleur ami, bien gêné aujourd’hui pour répondre aux questions du journaliste. « C’est une longue histoire dit-il l’histoire de notre pays, question suivante s’il vous plait ». Il pleure. Ceux que le pouvoir laisse maintenant partir doivent reverser une grande partie de leur salaire. Fetisov refuse ce marchandage.
Sa ténacité va payer. On le voit quitter la Russie, tout sourire, le passeport bien en vue. L’acclimatation au pays de l’oncle Sam est pourtant difficile, l’accueil pas évident. « Ca fait deux joueurs américains de moins sur la liste » accusent les locaux. « Ils ne savaient pas ce que j’avais vécu, j’étais le méchant, le communiste, tous les clichés y passaient ».
A force d’obstination, là encore le grand joueur va s’imposer, devenir incontournable au point qu’en 2002 Poutine lui demande de revenir au pays. Slava Fetisov est aujourd’hui son ministre des sports. « Il faut créer des choses positives pour le pays, on est heureux d’être rentrés. Le plus important pour moi c’est d’enseigner la valeur du collectif auprès des enfants, un athlète d’exception se doit de se donner aux autres ».
Review Overview
Le film
Sur des images et surtout des vidéos d’époque, le réalisateur signe un documentaire d’une extrême importance quant à l’Histoire de notre monde, reléguée dans les couloirs des patinoires où l’équipe nationale de Russie de hockey a forgé sa légende. Celle d’une armée rouge entraînée pour gagner des matchs et la guerre froide qui opposait l’empire soviétique aux USA. Le sport comme une guerre, comme une propagande … Toute cette histoire est magnifiquement racontée à travers la destinée de Slava Fetisov qui fut le grand capitaine de cette équipe, un homme qui s’opposera toujours aux pouvoirs en place, qu’ils soient politiques ou sportifs. Ce qui à un moment de sa carrière lui vaudra bien des déboires. Il est aujourd’hui ministre des sports de la Russie.