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« Razzia » de Nabil Ayouch. Critique cinéma-dvd

Synopsis: A Casablanca, entre le passé et le présent, cinq destinées sont reliées sans le savoir. Différents visages, différentes trajectoires, différentes luttes mais une même quête de liberté. Et le bruit d’une révolte qui monte….

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Razzia"
De : Nabil Ayouch
Avec : Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Dounia Binebine, Amine Ennaji, Abdelilah Rachid
Sortie le : 21 août 2018
Distribution : Ad Vitam
Durée : 114 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Ce film extraordinaire nous raconte l’histoire du Maroc depuis ses origines que le cinéaste imagine confinées dans un petit village de l’Atlas. Un maître d’école enseigne à quelques élèves le monde à leur portée. Ils se déplacent dans la montagne, observent et parlent de ce qu’ils ont vu, ressenti, et aimé.

Loin de Casablanca, Abdellah (Amine Ennaji) ne tient pas trop compte des recommandations officielles. Elles vont le condamner à quitter l’unique classe dans laquelle il dormait.

L’homme abandonne « ses » enfants, et l’amour de sa vie, une femme qui vivait seule avec son petit garçon, à l’abri des regards inquisiteurs. Mère célibataire ? veuve ? on ne sait, Nabil Ayouch révélant peu sur ces acteurs d’une vie en perpétuelle révolution.

Celle que les amants retrouvent séparément des décennies plus tard dans Casablanca, où d’autres destins se frottent aux luttes du quotidien. Hakim (Abdelilah Rachid) rêve de devenir chanteur, malgré la sourde opposition de son père. Freddy Mercury est son phare.

Salima indépendante et libre (Maryam Touzani, co-scénariste) que le mari plutôt cool tient malgré tout sous surveillance. Contrairement à cette jeune fille de la haute société ( Dounia Binebine), inconsciente et naïve, prête à tous les égards, toutes les morgues pour assumer son identité.

Abdellah travaille maintenant dans un restaurant tenu par Joe (Arieh Worthalter) un israélien sympa, qui pour la paix des peuples prône la fête à tout crin. Abdellah n’a jamais revu son amour du village, pourtant quelque part dans Casablanca, en feu.

Tout ce petit monde agglutiné, ce melting-pot forge un pays qui cherche encore à s’exprimer. Le berbère réprimé ou l’arabe autorisé « qu’importe la langue » professait Abdellah « si vous ôtez la voix ».

On laisse toujours une empreinte, un écho répond le réalisateur, comme la complainte d’Ingrid Bergman dans « Casablanca » qu’Abdellah ne cesse de visionner. Se raccrocher à l’histoire d’autrefois, cette nostalgie d’une ville qu’un cinéaste a su immortaliser. Joe n’ose pas lui dire que le film n’a jamais été tourné sur place.

Il y a maintenant trop de bruit et de fureur pour entretenir ce genre d’espoir. La rue est en feu, il faut s’effacer, s’oublier, se perdre jusqu’à l’explosion finale, une grande fête dans la haute société où maîtres et valets confondus sonneront le glas d’une réconciliation impossible.

Une abdication devant ces vies parallèles, cette coexistence plus ou moins tolérée qui laissait entrevoir un peu d’espoir. Mais seulement un peu d’espoir, murmure encore Nabil Ayouch

Abdellah, des années plus tard avec le patron du restaurant Joe

LE SUPPLEMENT

  • Entretien avec Nabil Ayouch et Maryam Touzani ( 16 mn ) . Le réalisateur évoque très rapidement son précédent film «  Much Loved » pour lequel«  tout un pays fait de vous un diable ou un démon. (…) Alors plus que des mots ce sont des personnages qui me sont venus à l’idée pour faire ce nouveau film ».

Maryam Touzani  explique sa façon de travailler avec Nabil Ayouch, actrice mais aussi scénariste. « Je ne peux travailler que sur un sol mouvant » lui réponds le cinéaste « en sachant que j’ai quelque chose à attraper là à mes pieds ».

La comédienne, toujours très marquée par les réactions violentes sur «  Much Loved », n’entend pas baisser la garde. Son film le prouve, ses propos le confirment.

«  Je vois de plus en plus les femmes rentrer dans le carcan que l’on veut nous imposer, baisser la tête , car c’est plus facile de se fondre dans la masse que de se démarquer , de résister. (…) Maintenant ça devient un acte de défiance que de se mettre en maillot sur une plage publique. »

« La place de la femme recule, il faut réagir, on a de moins en moins d’espace et ç’est pour ça que je ne veux pas plier au dictât et faire ce que j’ai envie de faire, de m’habiller comme je l’entends ».

Dans la seconde partie Nabil Ayouch raconte le film à travers l’histoire des personnages et revient sur le mythe du film «  Casablanca ».

  • Un autre regard sur le Maroc :

« Casanegra » de Nour Eddine Lakhmari

« Houkak » de Younes Yousfi

« Much Loved » de Nabil Ayouch

« C’est eux les chiens » de Hicham Lasri

« Rock the Casbah » de Laila Marrakchi

« Goodbye Morocco » de Nadir Mokneche

Ce film extraordinaire nous raconte l’histoire du Maroc depuis ses origines que le cinéaste imagine confinées dans un petit village de l’Atlas. Un maître d’école enseigne à quelques élèves le monde à leur portée. Ils se déplacent dans la montagne, observent et parlent de ce qu’ils ont vu, ressenti, et aimé. Loin de Casablanca, Abdellah (Amine Ennaji) ne tient pas trop compte des recommandations officielles. Elles vont le condamner à quitter l’unique classe dans laquelle il dormait. L’homme abandonne « ses » enfants, et l’amour de sa vie, une femme qui vivait seule avec son petit garçon, à l’abri des regards inquisiteurs.…
Le film
Le bonus

Habituellement les films de ce continent nous parlent beaucoup de l' avenir. Ce que fait Nabil Ayouch en allant beaucoup plus loin dans son propos puisque c’est l’histoire du Maroc qui défile à partir d’une petite école perdue dans l’Atlas en 1980, jusqu’aux manifestations de 2015 à Casablanca. Par un subterfuge scénaristique ambitieux, complexe et réussi (il a été co écrit par Maryam Touzani, comédienne également dans le film) le réalisateur dresse un panorama assez tangible d’une société qui tente d’émerger, tant bien que mal, jusqu’alors cloisonnée dans une fausse liberté. L’explosion finale sera-t-elle cette grande fête dans la haute société où chacun trouvera sa place, maîtres et valets confondus ?  C’est malgré le chaos qu’elle entraîne, le petit espoir qui semble apparaitre dans le regard du cinéaste. Mais c’est vraiment un petit espoir. AVIS BONUS Une rencontre avec le réalisateur et la comédienne-scénariste, des propos éclairants, sans ambiguïté vis-à-vis du combat qui reste à mener

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