Synopsis: Depuis le divorce de leurs parents, Sara, 12 ans, et sa petite sœur Cata vivent avec leur mère et la compagne de celle-ci. Leur quotidien, fait de tendresse et de complicité, ressemble à celui d’autres familles. Lorsque leur père tente d’obtenir leur garde, l’équilibre de la famille semble mis à l’épreuve…
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Dans « Jamais contente », Léna Magnien est une fillette qui porte bien son titre. Pour « Rara » ( qui veut dire bizarre ) Julia Lübbert illustre l’avènement de l’adolescence à travers une garde partagée contrariée par l’homosexualité de sa mère. Ce qui les réunit, et tient de l’anecdote, c’est leur incroyable ressemblance.
A plusieurs reprises je me suis retrouvé ballotté entre les deux histoires, même si le scénario de la réalisatrice Pepa San Martin et l’interprétation générale de « Rara » (Emilia Ossandon – Mariana Loyola – Agustina Muñoz – Coca Guazzini – Daniel Muñoz ) emportent plus facilement l’adhésion. On peut donc parler d’un récit sur l’adolescence et sur le problème de la garde alternée, sur la reconnaissance du couple homosexuel, sa fonction sociale, autant de dynamiques d’un film qui à plus d’un égard s’écartent des sentiers battus.
C’est au moment de la puberté que Sara est frontalement confrontée à ce foyer « avec deux mamans ». Ce qu’il ne faut pas répéter à l’extérieur dit-elle à sa sœur Cata, qui vient d’être convoquée par son établissement pour avoir dessiné les deux femmes avec les deux petites filles. Leur papa a prévenu l’institution.
Il se tenait plutôt à l’écart du foyer douillet et harmonieux. Un peu à l’image de la réalisation. Mais les velléités de sa fille aînée à vouloir s’émanciper du couple féminin, ses exigences d’adolescence qui aimerait vivre comme ses copines, l’amènent à bousculer l’ordre établi.
Il n’y a là aucun militantisme dans le regard de la cinéaste qui observe plus qu’elle ne juge. Ce qui rend sa mise en scène assez paradoxale au regard d’un thème éminemment douloureux. Les anciens époux vont se déchirer devant l’enfant qui imaginait un autre écho à son éducation. Elle ne supporte plus les disputes à distance, et peine de plus en plus à répondre à sa meilleure amie, à qui pourtant elle dit tout. On tourne un peu en rond…
Le scénario se tarit sérieusement et tente de se raccrocher aux branches. Mais quand Pepa San Martin évoque l’agression de deux écolières qui s’embrassaient dans la cour, elle le fait avec tout autant de discrétion, de pudeur, que l’arrivée des ex devant le tribunal des affaires matrimoniales. Et la décision prend alors le tempo d’une histoire racontée avec précaution. Elle est belle à voir et a entendre, apparences trompeuses.
LES SUPPLEMENTS
- Entretien avec la réalisatrice (20 mn ). Rara veut dire bizarre. « Mais on l’emploi souvent pour les homosexuels, c’est de là que vient réellement le titre ». L’histoire a été écrite d’après des faits réels. Une femme juge a perdu la garde de ses filles parce qu’elle était lesbienne.
10 ans de procès plus tard, elle gagne « mais pendant 10 ans elle n’a pas pu éduquer ses filles, c’est la victoire de l’Etat Chilien ».« Je voulais faire un travail de fiction, sans modifier les faits, ni prendre parti. (…) La liberté de concevoir un univers à sa manière est une des joies du cinéma . (… ) Je voulais m’adresser aux non-convaincus. (…) J’en ai marre des films sur l’homosexualité, sombre et individualiste. (.. ) Il faut se défaire des personnages homos auxquels seuls les homos peuvent se référer ». La réalisatrice parle du travail réalisé avec les enfants, et le bien qu’elle en a tiré. « Pourtant, pour un premier film on me disait que j’étais folle de m’engager autant sur les enfants ».
Elle évoque aussi les différentes fonctions du cinéma. « Il peut grandement influencer les changements structuraux de la société, mais changer le monde me parait naïf. (…) Il faut réfléchir aux préjugés que l’on transmet à nos enfants, et qu’ils comprennent qu’ils sont en mesure d’améliorer le monde dans lequel on vit ».
- « La ducha » de Pepa San Martin . Une histoire à l’interprétation, par le spectateur, variée, autour de deux femmes qui s’apprêtent à se quitter. Tout en faisant leurs toilettes, elles échangent encore quelques paroles et se prennent (à nouveau ?) le bec sur un sujet à priori sans conséquence : la garde du chat.
Ce n’est pas forcément très bien joué, mais déjà la caméra sait ce qu’elle recherche. Les intentions de mise en scène (on joue toujours avec les miroirs) sont très bonnes.
Le film
Les bonus
Pour ne pas enfoncer de portes défoncées, la réalisatrice a choisi une tangente scénique qui se conforte dans le confort douillet et confortable du foyer dans lequel deux sœurs vivent « avec deux mamans ». L’harmonie est rompue quand le papa inquiet de la situation sociale de cet environnement particulier demande la garde alternée. Deux sujets forts qui s’émoussent un brin à force de ne pas vouloir bousculer un peu plus l’histoire et le scénario. Les idées ne manquent pas mais les situations qu’elles engendrent répètent souvent des situations déjà abordées. La jeune Julia Lübbert éclaire l’adolescence d’une aura magnifique, autour de comédiens bien en phase avec leur élément. AVIS BONUS Une belle interview de la réalisatrice et son premier long métrage, le tout fort intéressant. En prime un livret sur l'équipe du film
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