Synopsis: 1952.Bill Rohan a 18 ans et l’avenir devant lui. Pourquoi pas avec cette fille qu’il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ? Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer deux années de service militaire dans un camp d’entraînement pour jeunes soldats anglais en partance pour la Corée. Bill se lie d’amitié à Percy, un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire tomber de son piédestal leur bourreau : le psychorigide Sergent Major Bradley.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
Meilleur dvd Mai 2015 ( 9 ème )
Il a l’âge du temps qui passe, sa filmographie aussi. « Excalibur », « La Forêt d’émeraude », « Délivrance » autant de repères pour le cinéphile trop content de goûter un nouveau Boorman, qui sera peut-être le dernier.Dans son rétroviseur, les années cinquante pour ce jeune homme de 18 ans (ça colle à son état civil) découvrant le monde au sein d’une caserne britannique. Chargé de former ses collègues, ce n’est pas forcément la plus mauvaise des postures. Mais son supérieur, stupide et ridicule, tentera à plusieurs reprises de le déstabiliser.
Ce qui rend Boorman un brin acide dans ses rapports avec la hiérarchie, caricaturant à qui mieux mieux ses souvenirs de jeunesse. Mais la sagesse est aussi dans son constat de vieux monsieur. Drôle et dynamique, il met en ordre de marche une armée de bras cassés, et tente de contrer l’absurdité de certains ordres. Notre héros ( Callum Turner) flanqué de son copain Percy (Caleb Landry Jones) s’amusent ainsi de ces petites contrariétés avec le flegme et le charme qui n’appartiennent qu’aux anglais. Avec la peinture de l’époque, soigneusement reproduite, c’est à mon avis ce qui fonctionne le mieux dans cette histoire que le cinéaste à un plaisir évident à raconter et surtout à faire partager.
Ses personnages ont pour eux la bonhomie des gens sympas, et même renfrognés comme cette peau de vache de sergent Bradley, à qui on ne tiendra pas rigueur. D’autres vont s’en charger. Il va s’en prendre plein la tête, c’est écrit dans le sourire des conscrits. En attendant, le bonhomme pas sympa leur en fait baver à cause d’une horloge offerte par la reine Victoria et qui a mystérieusement disparu des salons de l’Etat-Major. Je ne sais pas si les anglais ont une formule équivalente à la nôtre, mais c’est bien « faire chier le monde pour une pendule ».
Il y a aussi ce militaire planqué depuis toujours ( David Thewlis) et qui explique aux jeunots comment procéder pour ne pas se faire repérer. « Faut du courage pour être lâche » dit-il le plus sérieusement du monde à ces jeunes subversifs qui réussissent toujours à contourner la discipline militaire. On sent le Boorman revanchard vis-à-vis d’un système qui sera semble-t-il le fondement de son adolescence.
Le savoir-faire d’un vieux briscard est alors nécessaire pour mettre en scène une telle époque et l’académisme de la réalisation n’entache en rien la dynamique engagée dans une lumière sépia et nostalgique. Des conceptions éducatives, et de morale s’affrontent, mais l’humour est toujours appelé à la rescousse afin de ne pas plomber les souvenirs. C’est vraiment une touche anglaise, bien agréable encore, à voir et à entendre.
- Dans les coulisses (23.40 mn)
On y est vraiment, avec la présentation détaillée de tous les comédiens qui affinent leur personnage. Mais Boorman est aussi très bavard, et c’est très bien.
« Ce film s’inspire de mes deux années passées à l’armée, les années 50, une charnière avec 1960, une période euphorique. La transition était un peu étrange, un roi est mort, une reine a été couronnée. (…) Les camps ont été créés pour la guerre 14-18, et depuis ils n’ont pas changé. Ils sont faits pour briser moralement les soldats, pour qu’ils obéissent aux ordres comme des robots, qu’ils sortent des tranchées et foncent sur l’ennemi, sans réfléchir. (… ) Les violences et les insultes sont alors essentielles pour l’instruction ».
« Callum Turner joue mon rôle, il me fait penser à moi, la même réserve, et tous mes mauvais côtés je les retrouve chez lui ». L’intéressé confirme plus ou moins. « Il m’avait prévenu, tu ne vas pas jouer mon rôle, tu seras Bill, mais Bill est John Boorman, je ne suis pas censé l’incarner, mais si en fait, c’est lui ».
On aperçoit également la création des décors : « la difficulté a résidé dans la conception, il a fallu quatre semaines pour monter le camp, mais l’équipe roumaine a été hyper efficace » dit le chef décorateur Aziza Burada. Les costumes sont aussi passés en revue, Maeve Paterson, la responsable, assure qu’elle s’est bien amusée à trouver « les parfaits soldats ».
Review Overview
Le film
Le bonus
Du cinéma pour le cinéma, une peinture d'époque parfaitement reproduite, avec une touche expresse d’humour britannique pour fustiger la rigueur militaire, son absurdité. Le sergent major sadique, qui ne peut se référer qu’à sa hiérarchie pour punir de pauvres appelés qui n’ont rien demandé à Dieu, ni à la reine. Tout le fondement de la société britannique actuelle auquel on assiste en direct à la TV noir et blanc lors du couronnement de la dite reine. Ca n’a l’air de rien cette famille réunie autour de l’écran, mais je crois que toute l’Angleterre d’aujourd’hui peut encore se reconnaître dans cet événement qui le soude plus que l’on peut l’imaginer. C’est l’esprit de ce film un brin académique, mais bien plaisant à suivre. Peut-être le dernier Boorman, qui n’a pourtant rien d’un testament. Bien au contraire c’est toujours la vie qui reprend le dessus.
Avis bonus
On y est vraiment, avec la présentation détaillée de tous les comédiens qui affinent leur personnage. Mais Boorman est aussi très bavard, et c’est très bien.
3 Commentaires
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