Accueil » A la une » « Quai d’Orsay » de Bertrand Tavernier . Critique Blu Ray

« Quai d’Orsay » de Bertrand Tavernier . Critique Blu Ray

Synopsis: Alexandre Taillard de Worms, ministre des Affaires Étrangères embauche le jeune Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA pour écrire ses discours ! Il lui fait apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Quai d'Orsay "
De : Bertrand Tavernier
Avec : Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup, Bruno Raffaelli, Julie Gayet
Sortie le : 12 mars 2014
Distribution : Pathé
Durée : 114 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Mars 2014

On a du mal à y croire. Autant de dilettantisme et de pressions mêlés, d’énergies incontrôlées, de folies assumées, dans un si haut lieu, où le sort de la France et du monde se discute entre deux citations d’Héraclite. C’est ce que nous laisse entrevoir Bertrand Tavernier, peu coutumier de ce genre d’exercice où l’ironie et la fantaisie s’acoquinent à une histoire qui se voudrait sérieuse.

Par l’entremise d’un ministre un rien au-dessus de la mêlée, elle donne plutôt dans la fête et le sauve-qui-peut. De la parodie entrevue, on tombe dans une caricature à peine assumée.

Je sais que la BD dont le film s’inspire largement est du même tonneau, mais de la bulle à l’image,  il y a  comme un  hiatus qui à mon avis paralyse le projet original.

photo-Quai-d-Orsay-2013-10

Les personnages de la fiction cinématographique s’emploient à grands renforts de tourniquets à ne pas défaillir au genre de la BD. Un bras très allongé sous la plume de Christophe Blain , devient derrière la caméra de Tavernier,  un moulin à paroles, incontrôlables que Thierry Lhermitte semble avoir beaucoup de plaisir à faire tourner.

Dans le rôle de l’électron libre, le ministre est survolté, à ne plus savoir qu’en faire .

Heureusement  le courant alternatif est fourni par un  directeur de cabinet : Niels Arestrup, un homme contre-nature, placide et efficace, qui décidément, quel que soit le rôle endossé, est toujours à la hauteur des événements. Entre les deux, le toujours jeune Raphaël Personnaz a vraiment le costume de l’emploi, bizut de première et intelligence à revendre.

C’est le trio indispensable à la bonne marche d’un scénario qui peaufine aussi les seconds, troisièmes et quatrièmes rôles, dont celui de Julie Gayet qui en d’autres  temps ne ferait pas plus parler que cela. Lui proposer un César pour cette prestation relevait de la peau de banane. Visiblement casse gueule.

Mais le monde de la politique est ainsi fait nous dit Alexandre Taillard de Worms (le ministre), bien éloigné d’un autre collègue du genre,  Olivier Gourmet, excellent en ministre des transports pour «  L’exercice de l’état », un film tout aussi excellent.  Tout réside alors dans la conception scénique du jeu du pouvoir .

Celle de Tavernier qui effleure la satire, n’adopte au final aucune véritable stratégie de mise en scène. Sinon de surligner ce que l’image nous rapporte à grands renforts de détails et précisions. C’est plaisant, mais  lassant.

 

LES SUPPLEMENTS

  • « A bord du Quai d’Orsay », making of (90 mn) ; Tout au long des commentaires, et des interviews,  de nombreuses  scènes de tournage, et des anecdotes  enrichissent ce documentaire qui ne compte pas ses sous. On y rencontre par exemple Bruno Lemaire, l’ancien directeur de cabinet Villepin (dont le personnage principal s’inspire). «  Le milieu politique n’aime pas trop que l’on se penche sur lui, il y avait donc un peu de méfiance, mais enfin, j’ai vu une image juste de ce qu’est le Quai d’Orsay, sous Dominique de Villepin, et tous les autres. Tous les personnages sont bien vus ».

De la BD au scénario : « dès la lecture j’ai voulu acheter les droits » raconte Bertrand Tavernier «  un sujet de comédie qui ne doit pas être traité à la légère ».Les choses qui ont changé, qui ont été rajoutées, ce sont les auteurs de la BD qui le notent.

photo-Quai-d-Orsay-2013-15

Casting et personnages ? Le réalisateur explique comment sont venus les comédiens dont Niels Arestrup : « je vais vous demander ce que vous ne faites pas habituellement, beaucoup de retenue ». Julie Gayet ?  «  Une jeune femme qui doit séduire immédiatement, je la trouvais très sexy pour le rôle, dans la BD elle est brune ».« Rien à voir avec moi, je ne comprends pas pourquoi il m’a choisie» rétorque l’intéressée.

Le travail avec les acteurs ? Il se fait beaucoup en amont, explique Tavernier « et je tourne très vite, car j’ai débroussaillé beaucoup de choses, je tourne alors comme en urgence »

  • Tourner au Quai d’Orsay . La reconstitution du bureau du ministre à l’étage au-dessus, quasiment identique à l’original ,autrement c’est bien le quai d’Orsay, la salle à manger où personne n’avait tourné, avec le vrai majordome de l’Elysée, et puis raccordé par d’autres lieux « »le temps ne nous permettait pas de tout faire au quai « .
Meilleur dvd Mars 2014 On a du mal à y croire. Autant de dilettantisme et de pressions mêlés, d’énergies incontrôlées, de folies assumées, dans un si haut lieu, où le sort de la France et du monde se discute entre deux citations d’Héraclite. C’est ce que nous laisse entrevoir Bertrand Tavernier, peu coutumier de ce genre d’exercice où l’ironie et la fantaisie s’acoquinent à une histoire qui se voudrait sérieuse. Par l’entremise d’un ministre un rien au-dessus de la mêlée, elle donne plutôt dans la fête et le sauve-qui-peut. De la parodie entrevue, on tombe dans une caricature à peine…

Review Overview

Le film
Les bonus

En survitaminant son scénario, Tavernier met le feu au poudre et dynamite sa mise en scène dont les dégâts collatéraux sont incalculables. Principale victime, Thierry Lhermitte qui en fait des tonnes dans un registre qui se veut comique. Ca va un instant, mais à la longue on à envie de passer dans un autre ministère, peut-être moins foldingue. Car au bout du compte, la satire sous-entendue s’émousse, et la fantaisie ne suffit pas à donner un véritable genre à cette fausse parodie.

Avis bonus Des bonus, en veux tu en voilà, et tout est dit dans ce très long making of qui m’a personnellement ravi et rabiboché un brin avec le film, que je verrais peut-être alors sous un autre jour. Mais pour l’heure je demeure circonspect.

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Pain, amour et fantaisie » de Luigi Comencini. Critique Cinéma

A nouveau les grands classiques italiens sur grand écran, on ne s'en lasse pas