Synopsis: Une enquête policière extravagante, improbable et burlesque autour d’étranges crimes aux abords d’un village côtier du Boulonnais en proie au mal, et d’une bande de jeunes ,menée par P’tit Quinquin et Eve, son amoureuse.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
Meilleur dvd Novembre 2014 ( 3 ème )
Bruno Dumont, le réalisateur de l’austère « Camille Claudel 1915 » m’a royalement emmerdé. Maintenant, il me fait rire avec une histoire complètement loufoque et déglinguée. Un gamin ch’timi jusqu’au bout des oreilles commande une bande de petits loubards, racistes et querelleurs. C’est le p’tit quinquin du titre, amoureux de sa voisine. Avec elle, il court la campagne et contemple le spectacle des grands.
Ce qu’il voit ne l’intrigue pas. Des cadavres découverts dans les entrailles de vaches assassinées, pourquoi pas ? On s’accoutume au paysage de Dumont, magnifiquement photographié. Et ce qui parait complètement dingue, ne l’est plus forcément : Fred Vargas aurait pu orchestrer la mise en scène. D’ailleurs, une fois devant le fait accompli, les deux zigotos de gendarmes dépêchés sur les lieux, ne trouvent rien à redire à la macabre découverte. La chose est avérée, la police a toujours raison.
Pourtant, les deux flics en question sont aussi inquiétants que le regard du réalisateur sur cette population nordiste ravalée au fin fond de la connerie humaine. Le chef débile, au physique de Michel Simon, est une version Cro-Magnon de Peter Falk, mais en vraiment très con cette fois.
La religion en prend aussi pour son grade et le mystique Dumont rigole à gorge déployée de la manière dont les curés se comportent. Mocky a fait tache et j’avoue que j’ai repris une quinte de rire aux dépens de ces pauvres nigauds.
Aveux, car au bout du compte il y a un peu de mauvaise conscience à se tordre devant cette misère humaine déployée à grands coups d’accents populaires.
Comme un voyeurisme imposé. A l’inverse de l’intrusion inexpliquée d’un gamin Spiderman dans la cour de la ferme où vit le P’tit Quinquin, pas plus surpris que ça d’un tel manège. A son père qui s’étonne de sa passivité, il répond qu’il a vu « un chti derman ».
Un détail dans un quotidien hachuré par des bouts de ficelle et des invraisemblances qui nous confortent : le bizarre n’est pas là où on l’attend . L’enquête de gendarmerie a encore bien des surprises à nous dévoiler – quand on trompe sa femme, c’est la vache qui pâtit – tandis que la bande du P’tit Quinquin file toujours le train aux inconnus du village. « La guerre des boutons » a maintenant des relents racistes. Ca rigole un peu moins, Dumont touche le fond.
Episode III
On s’y habitue, vous ne trouvez pas. Les paysages, ses habitants et le cloaque environnant. Un nouveau meurtre n’affole pas plus que ça nos fameux gendarmes qui, bien aidés par P’tit Quinquin commencent à comprendre les ficelles de leur métier. Mais la population leur est visiblement hostile surtout quand à la fête nationale, ils se mêlent de l’interroger. « On n’arrête pas les gens un 14 juillet » reconnaît le commandant de gendarmerie.
Encore un bon moment d’anthologie rurale que Dumont semble apprécier à l’aune de ses propres souvenirs.
Les majorettes sont embarquées par une fanfare plus ou moins hésitante, au sein de laquelle l’amoureuse de P’tit Quinquin joue du piston. Ils sont mignons tous les deux quand ils ne coursent pas Mohamed désespéré dans sa tentative d’intégration. Moi je pressens quelque chose de ce côté-là, surtout que l’adjoint policier se charge maintenant, non seulement de réfléchir, mais aussi de philosopher face à l’immensité de la mer. Du grand art, comme l’est la roulade insensée qu’effectue notre gendarme de service alors qu’un forcené se met à tirer du haut de son balcon. Mais sur quoi, sur qui tire-t-il ?
Vous le découvrirez peut-être en rattrapant cette série peu ordinaire qui en frisant l’absurde atteint souvent des sujets plus graves qu’ils n’y paraissent. La résonance d’un profond malaise . Et entendre cet abruti de commandant déclarer que « l’enfer est ici, on va affronter le diable » lui confère une autre dimension. Ce qui n’explique pas forcément le final plus ou moins tarabiscoté (mais c’est bien l’esprit du film). Car dans l’affaire, le meurtrier passait souvent au second plan. Le voici dans la ligne de mire des enquêteurs qui au dernier moment préfèrent lui laisser prendre la clé des champs. Un gamin pas ordinaire, certes, mais peut-être pas le plus fou de la contrée…
LE SUPPLEMENT
- Entretien avec Bruno Dumont (23 mn ). « Quand j’écris, je n’écris pas pour 52 mn, le format TV d’une série, j’écris… Mais ce n’était pas un scénario de cinéma, j’écrivais sachant vers quoi j’allais. J’avais pas mal de personnages dans les mains, je me suis plu à les croiser ».
« C’est une tragi-comédie, une enquête criminelle épouvantable qui est un bon ressort comique. La ressource permanente du rire est dans le sombre, c’est parce que c’est sombre mais que ce n’est pas traité sombrement que c’est drôle, et ça je sais faire ».
« Dans la recherche du comique je pousse l’acteur au-delà du bien séant pour trouver quelque chose d’autre. Quand je vois le commandant à l’écran et puis hors champ, ça n’a rien à voir, il se libère de quelque chose sur le plateau. Ce sont des gens du coin, tellement loin du cinéma, de l’histoire que je raconte. (…) Pour le casting je ne le fais pas avec les scènes du film pour ne pas abîmer les comédiens ».
Il est dommage que l’on n’ait pas plus, côté bonus, car la matière même du film permettait un making of (plusieurs photos du tournage apparaissent), des scènes coupées (on en voit une dans l’interview …)
Review Overview
Le film
Le bonus
De la part de Bruno Dumont (« Camille Claudel 1915 », « L’humanité » …) une telle déferlante parodique et grotesque est plutôt surprenante. Avec comme bien souvent des gens du cru (ici le Nord de la France) il dessine des personnages totalement marqués par leur physique, leur dégaine et leur accent pour dévoiler un coin de France où un mystérieux meurtrier dissimule ses victimes dans le corps de vaches assassinées.
Les flics passent pour des ringards, les curés pour de joyeux débiles et leurs ouailles pour des demeurés. C’est brut de décoffrage. Je comprends que ça peut agacer. Mais l’ensemble m’a plutôt fait rire, dans la parodie et le burlesque. Au milieu de cette faune Le P’tit Quinquin fait les 400 coups avec sa bande, et course les gamins étrangers, surtout s’ils n’ont pas sa couleur de peau. On rigole alors peut-être un peu moins …
Avis bonus
Quelques photos de tournage émaillent l’ensemble d’une rencontre au cours de laquelle le réalisateur précise bien le projet initial. Mais j’aurais bien vu un making of …
C’est certain, nous voilà bien loin « des experts » et autres séries scientifico-policières qui envahissent le PAF!. Le décalage est appuyé, mais la surprise cause l’hilarité est ce n’est pas si fréquent. Le coté franchouillard questionne en effet, « mais tout de même, on n’est pas si pire! ». J’attends la suite…….
Quelle bonne rigolade!
Situations loufoques et personnages ressemblant aux pieds nickelés sont vraiment irrésistibles.
Peu importe que le lieu choisi soit le pays boulonnais, c’est une comédie burlesque unique en son genre et qui nous fait passer un bon moment.
Comme Lucie,j’attends la suite…