Accueil » A la une » « Providence » d’Alain Resnais. DVD.Critique

« Providence » d’Alain Resnais. DVD.Critique

Synopsis: Clive Laugham, un écrivain, chatelain solitaire depuis le suicide de son épouse, ressent intuitivement l'approche de sa mort. Une nuit parsemée de cauchemars, les personnages de son dernier roman lui apparaissent sous les traits des membres de sa famille. Le lendemain, il ressent l'affection des siens en même temps que sa fin proche.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Providence"
De : Alain Resnais
Avec : Dirk Bogarde, Ellen Burstyn, John Gielgud, David Warner, Elaine Stritch
Sortie le : 03 décemb 2013
Distribution : Jupiter Communications
Durée : 99 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

L’effet rétrospectif d’une telle projection bénéficie à son auteur. Je crois y avoir décelé  les influences que ce film aura par la suite sur le travail de Terence Malick ou Lars Von Trier . J’imagine que la scène du vieux monsieur malade de « Holy Motors » de Carax n’y est pas non plus étrangère. Je n’évoquerais même pas « Vous n’avez encore rien vu » , d’un certain Resnais  … Après que le même se soit certainement inspiré de l’ « Accident » de Losey.

Comment un récit imaginé il y a quarante ans déteint encore avec bonheur sur une production qui se différencie de l’ordinaire. Sans aucun mépris pour l’autre cinéma, mais simplement par pur plaisir de l’image photographiée dans un contexte littéraire, théâtral et scénique qui fait de « Providence » un film total .

Déjà sur le papier s’entremêlent des destins imaginés dans le cerveau fatigué d’un écrivain , avec ses propres personnages de roman, devenus réalité .

photo-Providence-1976-1

L’objet d’une mise en scène dont la préciosité fait figure de rhétorique. Le propos de Resnais s’inscrit parfaitement dans cet univers quasi fantasmagorique où le héros ne sait plus qui doit-il croire : son créateur, qui dans l’intime n’est autre que son géniteur, ou les circonstances dans lesquelles le romancier l’a placé.

C’est à mon avis cette seconde hypothèse que Claud Langham adopte quand il décide , après avoir perdu son procès contre un meurtrier Kevin Woodford, de l’accepter au sein de sa propre famille et dans les bras de sa femme. La relation demeure platonique, mais va bien au-delà des convenances, avec le cynisme et l’ironie nécessaires pour gonfler son personnage de la suffisance que lui confère le rôle.

La manière dont il parle football, ou d’une liaison amoureuse, avec une pointe d’humour méchant, glacée par un sourire trompeur , est une merveille du genre. Ou quand il faut rendre convenable, son désormais rival , il le conduit chez son propre tailleur , à qui il ordonne « N’habillez pas le corps, mais l’âme qui l’habite ».

John Gielgud, acteur prodigieux

John Gielgud, acteur prodigieux

Dirk Bogarde est dans un costume taillé sur mesure, mais son vis-à-vis de papa écrivain trouve dans John Gielgud ( un peu notre Bouquet national ) une stature de grand commandeur de l’illusion. Un régal que de le voir jouer le marionnettiste, manipulant son petit monde avec une délectation aussi malsaine que jouissive.

Le pessimiste de Resnais se dévoile ainsi pleinement dans les replis de cette vieillesse agonisante qui fait dire à son ancienne maîtresse «  qu’il ne restera plus grand-chose, entre les ravages des démolisseurs et les terroristes ».Depuis la terrasse où tout le monde devise , on entend en effet le bruit des bombes, le fracas d’un monde qui s’achève . Et nous ne sommes qu’en 1977…

LES BONUS

  •  Entretien audio avec Alain Resnais ( 29 mn ). Il parle très simplement de sa démarche artistique et la manière dont il évoque ses rapports avec les comédiens est très évocatrice d’un style qui se ressent à l’écran . Il est dommage qu’il n’apparaisse pas visuellement, laissant la place à des images du film, ou d’archives.

  •  Entretiens avec Ricardo Aronovich, Jacques Saulnier et Pierre Arditi.. Le directeur de la photographie, et le décorateur, autour des maquettes du film ( impressionnant décorum, on n’en voit pas assez dans les bonus ) parlent de la manière dont le film a pu se faire , avec détails et anecdotes, c’est à la fois amusant, instructif et révélateur d’un travail en coulisses, qu’il est bon de découvrir de cette manière.

Pierre Arditi, évoque son ami , Alain Resnais avec qui il ne compte plus les contributions.

Meilleur dvd Décembre 2013 (3 ème ) L’effet rétrospectif d’une telle projection bénéficie à son auteur. Je crois y avoir décelé  les influences que ce film aura par la suite sur le travail de Terence Malick ou Lars Von Trier . J’imagine que la scène du vieux monsieur malade de « Holy Motors » de Carax n’y est pas non plus étrangère. Je n’évoquerais même pas « Vous n’avez encore rien vu » , d’un certain Resnais  … Après que le même se soit certainement inspiré de l' "Accident" de Losey. Comment un récit imaginé il y a quarante ans déteint encore avec bonheur sur une…

Review Overview

Le film
Les bonus

Quarante ans après ce film prend une résonnance encore toute particulière au sein de l’Histoire du cinéma , qu’il ne cesse d’alimenter au fur et à mesure que ses « descendants » s’en inspirent. On ne fait plus ce genre de mise en scène ,qui entre la précisosité de ses personnages et l’ironie qui s’en dégage , prend la forme d’un conte philosophique, où le théâtre et la littérature s’acoquinent à merveille. Il faut voir Dirk Bogarde en avocat cynique et surtout John Gielgud, qui à la façon d’un grand classique, donne à son personnage la stature d’un grand commandeur de l'illusion.

Avis bonus Tout le vécu du film découvert à travers son réalisateur, deux éminents technicien et un copain de toujours, Pierre Arditi. Après l’enchantement du film , on se laisse encore porter.

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Trois amies » d’Emmanuel Mouret. Critique cinéma

Beaucoup moins inspiré par ses marivaudages, Emmanuel Mouret en rajoute

Laisser un commentaire