Synopsis: Début des années 80. Allemagne de l'Est. Paul, le jour de ses 16 ans, passe un pacte avec son ami Georg, qui doit quitter la ville : il pourra sortir avec sa petite amie Anna, à condition qu'il la lui rende à l'identique quand Georg le souhaitera. Trente ans plus tard, Paul vit heureux avec Anna et leurs deux enfants. Georg réapparaît soudain à la tête du service où travaille Paul. Est-il revenu pour reprendre Anna...?
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
La vengeance est un plat qui se mange froid. Denis Dercourt le préfère glacé. L’histoire qu’il imagine et la mise en scène qui l’habite portent la tension à un tel degré de crispation : peu commun dans le cinéma européen.Loin de rebuter, cette approche suscite un intérêt grandissant au fil d’une intrigue nouée autour d’une promesse d’ados.
Un jeu de dupe, un pacte avec le diable. Faust de retour au cinéma, sauf que le mythe est ici bien terre à terre. Au point de se réveiller trente ans plus tard sur un autre manège qui maintenant tourne en couples, en face à face. Georg dirige la banque où travaille Paul qui pressent le danger de devoir exécuter la promesse d’autrefois.
Au mauvais pressentiment succède un sentiment de crainte, d’incertitude. Les termes du contrat ? Les raisons ? Tout le monde a plus ou moins oublié, il ne reste que des allusions, des peut-être, et le regard fourbe de Georg, ses silences pesant. Sa compagne est tout aussi intrigante, froide, hautaine, tel un oiseau de mauvaise augure …
Paul s’inquiète, mais pas son épouse, la première visée. Elle relève le défi avec une superbe rehaussée par l’ambiance ténébreuse d’un repas que le metteur en scène concocte comme une mise à mort.
Une discussion tendue, pleine de sous-entendus. Mark Waschke, Marie Bäumer, Sylvester Groth…, l’interprétation est à la hauteur. La femme l’emporte, mais l’homme tient le mari en respect d’un travail dont il n’est pas satisfait. Il l’assure néanmoins de sa loyauté quant au courrier anonyme qui l’accuse d’adultère avec son assistante.
On ne sait plus trop qui est le mauvais, plus que le méchant, et à qui se fier. Au fil des révélations, les termes du contrat remontent à la surface. Une intrigante K7 subtilisée à l’époque par Georg à un jeune punk qui lui vaudra la prison, semble aussi être la clé du mystère …
Qui est ce rebelle d’autrefois ? Où est-il, que fait-il ? Dercourt ,diable à son tour, brouille les pistes et nous engage à les suivre toutes, avant de plonger dans les miasmes de cette vieille histoire allemande élevant la délation au niveau d’un service public. Paul le savait pertinemment, les démons ne meurent jamais.
LES SUPPLEMENTS
Un réalisateur français qui fait un film allemand : les comparaisons entre les deux pays reviennent souvent dans les discussions des comédiens et techniciens, le petit plus de ces commentaires
- Entretien avec Denis Dercourt (18.30 mn)- Le réalisateur évoque le lien culturel, l’adaptation qu’il fallait faire entre la France et l’Allemagne pour associer l’esprit de l’un et de l’autre. Idem pour les conditions de tournage, très différentes là encore d’un pays à l’autre.
« Ce sont des comédiens très souples, et d’une grande technique, on tourne vite avec eux, je ne les ai pas filmés comme ils le sont habituellement en Allemagne, de façon iconique » relève Denis Dercourt qui s’entendait dire : « Tu nous diriges comme un musicien ».
« Je ne sais pas si je dois bien le prendre » relève l’intéressé dont le premier métier est la musique .
- Entretien avec Marie Bäumer (12 mn)- La comédienne nous apprend qu’il y a une version française, où elle quitte le domicile conjugale lors de la liaison supposée de son mari, et la version allemande, celle que l’on connaît… Elle parle avec émerveillement de son metteur en scène et de son respect des acteurs « chez nous les rapports sont plus rudes. (…) . Il y a aussi une culture de cinéma différente, en Allemagne elle n’existe pas, c’est plus celle du théâtre, l’état ne fait pas grand-chose pour le cinéma ».
- Entretien avec Jérôme Lemonnier (10 mn)- Il raconte surtout la manière dont il procède avec le réalisateur pour écrire sa partition.
Review Overview
Le film
Les bonus
Film étrange et froid, plus sombre que noir, énigmatique au possible, mais terriblement captivant par son histoire qu’il ne peut laisser indifférent. Bien au contraire, surtout que Denis Dercourt use d’une mise en scène paradoxalement assez sobre, voire classique pour orchestrer ce bal démoniaque, qui ressurgit des entrailles d’une histoire secrète.
Les interprètes sont au diapason de ce récit faustien. Mark Waschke, Marie Bäumer, Sylvester Groth …
Avis bonus
Comme il s’agit d’un réalisateur français qui fait un film allemand, les comparaisons entre les deux pays reviennent souvent dans les discussions des comédiens et techniciens, le petit plus de ces commentaires
Un commentaire
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