Synopsis: Des scènes peuvent heurter la sensibilité des spectateurs Dans les années 1990, un petit garçon vit au Burundi avec son père, un entrepreneur français, sa mère rwandaise et sa petite sœur. Il passe son temps à faire les quatre cents coups avec ses copains de classe jusqu'à ce que la guerre civile éclate mettant fin à l'innocence de son enfance.
La fiche du film
Le film
Les bonus
- D’après le roman éponyme de Gaël Faye (2016 : Prix du roman Fnac-Prix Goncourt des lycéens – Prix du premier roman -Prix des étudiants France Culture–Télérama )
- DVD : 06 janvier 2021
- Meilleur DVD Janvier 2021 (3ème)
Chanteur, compositeur et écrivain franco-rwandais Gaël Faye raconte dans « Petit Pays » l’histoire de son enfance au Burundi qu’il a quitté à 13 ans, fuyant la guerre civile et le massacre des Tutsis au Rwanda voisin.
Eric Barbier le reprend souvent à la lettre ( co-adapteur : Jean-Paul Rouve ) pour accompagner cette famille franco-rwandaise installée à Bujumbura dans le confort colonialiste de l’entreprise paternelle.
Gaby et Ana (Dayla De Medina) ont l’insouciance de leur jeune âge, mais le garçon déjà se prend de bec avec ses copains sur la nature de leur relation. Hutus et Tutsis, peuvent-ils s’entendre au sein d’un même pays qui rivalise d’individualisme quand il est question de communauté.
La mésentente encore latente s’exprime aussi dans le foyer de Gaby, avec un papa français et une maman rwandaise ( Isabelle Kabano). Sur des raisonnements identitaires, là encore, leurs relations se distendent progressivement.
Il voulait être un africain sincère, elle voulait vivre à Paris. Leur mariage est un échec, à l’image de ce pays désormais divisé en deux et pour lequel il faut choisir son camp.
Du haut de ses dix ans Gaby ( Djibril Vancoppenolle, présence incroyable ) s’y refuse encore, quêtant une identité qui s’effrite au fil des événements de plus en plus graves. Les chamailleries du début prennent maintenant la rue à témoin, bagarres et bastonnades en guise de mauvais présage.
Le couple se délite , les communautés s’affrontent. La guerre civile renvoie la maman dans son pays d’origine où la situation n’est pas plus brillante. La saison qui s’annonce sera celle des machettes.
Ce que Gaby ne voit pas, il l’entend. Et ce qu’il voit rend son petit visage si souriant autrefois de plus en plus tendu. C’est le point fort du film d’Éric Barbier qui sans filmer à hauteur d’enfants, confère à leur innocence une vérité encore plus grande.
Et quand celle-ci s’étale devant notre regard de spectateur tranquille, elle explose de toute son injustice, son aveuglement, sa cruauté. Le réalisateur n’en laisse rien passer et en fait peut-être un peu trop dans cette mise en scène devenue lourdingue et répétitive.
On comprend cette urgence à raconter, ce besoin de ne rien omettre, mais à trop surligner on passe parfois à côté. L’intime lui va mieux.
LES SUPPLEMENTS
Les trois rencontres se déroulent à Kigali au moment de la première du film.
- Rencontre avec Gaël Faye, l’auteur du roman . Ce qu’il attend du public rwandais ? « Que les gens se reconnaissent, et disent le cinéma parle enfin de nous, c’est notre histoire ».
Dans ses conditions préalables à l’adaptation, il voulait que le film soit tourné dans la région « et que le réalisateur ait une connaissance profonde de la petite histoire de ce roman qui amène à la grande Histoire ». Il ne fallait pas s’arrêter à l’évocation d’une enfance africaine, mais la situer dans le contexte historique.
Le romancier espère qu’un cinéma rwandais pourra un jour émerger et « que les jeunes cinéastes n’hésitent pas à se raconter, raconter l’Afrique avec sa propre langue, ses habitudes, sa gestuelle, on y gagnerait tous » .
- Rencontre avec Eric Barbier . La difficulté de l’adaptation ? « Je ne connaissais pas les pays concernés par le récit, on a alors beaucoup échangé, et Gaël m’a montré beaucoup de documents de l’époque, des photos de sa jeunesse au Rwanda ».
Le réalisateur dit tout le bonheur qu’il a rencontré en filmant des acteurs non-professionnels « ils possèdent une vérité, une lueur… ». Lui aussi regrette l’absence d’industrie cinématographique au Rwanda . « Si -Petit Pays- permettait de lancer le mouvement… ».
- Rencontre avec Djibril Vancoppenolle . Le jeune garçon poursuivrait bien l’expérience cinématographique et sa belle prestation ici ne peut que l’encourager. « Il y a eu des choses difficiles à jouer, ce que l’on demandait parfois pour que ce soir réaliste, il fallait alors pousser, je ne pouvais pas refuser de faire ce que l’on demandait et effectivement ça devenait à force réaliste ».
- Scènes coupées. « Le Pont »-« La Piscine »- « Les Grenades ». Elles méritaient à mon avis une petite place dans le montage …
Le film
Les bonus
Je crois que Eric Barbier n’a rien voulu laisser passer de la portée littéraire de son adoption et qu’en étirant son propos il tenait à donner une exemplarité totale à sa démarche de cinéaste.
L’ensemble du film est parfaitement honorable, mais une vingtaine de minutes en moins, quelques scènes répétitives coupées, auraient donné une véritable dynamique à ce drame historique dont on ne connait pas encore totalement les tenants et les aboutissants.
Pour évoquer le génocide rwandais il reprend la trame familiale du père français et de la mère rwandaise, figures vivantes du conflit qui va bientôt opposer Tutsis et Hutus, entre Burundi et Rwanda. A travers les yeux du garçon , c’est tout le drame qui se déploie, toute son injustice, son aveuglement, sa cruauté. Le réalisateur n’en laisse rien passer et en fait peut-être un peu trop dans cette mise en scène devenue guerrière et répétitive.
Tout le casting est à saluer (Jean Paul Rouve, Isabelle Kabano, Veronika Varga,… ) avec une priorité fondamentale pour le jeune Djibril Vancoppenolle, présence incroyable et sa petite sœur tout aussi spontanée Dayla De Medina.
AVIS BONUS
Des rencontres, éclairantes et des scénes coupées, intéressantes
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