Synopsis: Pauline, 15 ans, est la seule de la fratrie à vivre encore avec ses parents. Entre sa mère, une ancienne reine de la nuit, et son père qui se travestit, son quotidien est explosif. Pauline est filmée pendant deux ans par sa demi-sœur Emilie, qui mélange des archives familiales et des images prises sur le vif... On y découvre une jeune fille pleine de vie, parfois agaçante mais au charme désopilant, très amoureuse d'un musicien.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
L’image est parfois granuleuse, le son pas toujours bien calé. Le film, à l’origine très privé, deviendra familial avant de tomber dans l’escarcelle d’un distributeur ravi semble-t-il par l’approche spontanée du message. Soit une jeune réalisatrice qui suit sa demi-sœur dans l’évolution adolescente des jeunes filles de ce début de siècle.
Ca fonctionne à l’instinct. Il n’y a pas de mise en scène stricto sensu ce qui ne gâche rien au sujet, le montage, très travaillé, rattrape les absences d’une scénographie superflue. Emilie Brisavoine y mêle les vidéos de l’enfance, bien agencées dans le mode d’une diffusion générale. Son père vient de l’engueuler copieusement, et la voici dix années auparavant, mignonne et innocente jouant avec ce papa travesti en vieille chanteuse de cabaret.
Ce n’est pas là la moindre fantaisie d’une tribu peu ordinaire qui se débat dans les méandres d’une histoire familiale où le désamour a marqué des générations. Pauline en hérite à l’excès, révoltée quasi permanente. Elle nous fait part de ses réflexions adolescentes, de la manière dont elle envisage l’avenir. Pas facile la Pauline malgré son joli profil à la Amy Winehouse et une énergie débordante.
« Me lever tous les matins pour avoir une vie banale » dit-elle au milieu de cette parenté indistincte qui nous fait partager son quotidien, son histoire, ses secrets. Ca tourne parfois au règlement de compte, un déballage de vie privée dont la TV se repaît .
Le cinéma s’en empare. Les sociologues y verront les symptômes d’un grand déballage sociétal qui sur le plan du septième art situe le documentaire au niveau de la thérapie. Cela semble faire beaucoup de bien à l’ensemble des protagonistes dont le lourd passé familial a besoin d’être expurgé.
« Je lui demanderais à grand-mère pourquoi elle n’aime pas maman » rêve maintenant tout haut l’héroïne qui ne cache rien de ses amours conflictuelles avec son Abel de musicien.
Dans cette dimension introspective qui limite le cadre de la réflexion, Pauline va peut-être se trouver, comprendre qui elle est au sein d’une famille elle aussi en quête d’un passé lourd de ses interdits.
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec la réalisatrice (17 mn) .« Ca a été viscéral de filmer ma sœur, sans autre plan derrière la tête. Je n’ai aucune connaissance cinématographique à la base. Au bout de quatre ans je me suis dit que pour y voir plus clair dans ce que je filmais il fallait faire un montage. (…) Pendant tout ce temps j’ai utilisé plusieurs caméras prêtés par des copains, sans trop savoir comment faire les réglages ».
« La filmer lui renvoyait un miroir afin de prendre une distance analytique. (…) Derrière la caméra on est vite happé par cette captation du réel ».
Rencontre avec Pauline, trois mois après la sortie du film (10 mn).
« La caméra m’a aidée à dire ce que je voulais dire, pas des paroles en l’air, mais je n’avais pas conscience que plein de gens allaient voir ça. A Cannes j’ai pris une claque, et sur Paris des gens qui me connaissent vont voir qui je suis réellement, mais ça c’est plutôt bien passé. Mais ils savent qui je suis, qui sont mes parents, je dois assumer, je ne peux plus rien cacher ».
– Mais pourquoi tu voudrais cacher ?
– Parce que j’ai honte
– De tes parents ?
– Ouais, ça va pas plaire, mais c’est comme ça…
Pauline n’est pas vraiment satisfaite de la tonalité du film « J’attends toujours plus de mes parents, j’ai la rage, je regarderais toujours en arrière ».
- Scènes coupées. Celle de la vision des rushs est intéressante : Pauline s’entend houspiller son petit copain « ça me rend mal à l’aise de me voir mal. (…) Si j’avais pu vivre ailleurs, j’aurais pu être heureuse (…) J’ai l’impression d’être une conne, non pas une conne, une incomprise ».
Le film
Les bonus
Une jeune femme filme sa demi-sœur pendant quatre ans, sans idée préconçue. Quand ça devient un film, beaucoup de questions se posent à la réalisatrice, à son héroïne et au spectateur médusé de voir le petit écran déteindre sur le grand pour étaler une vie privée qui n’exigeait qu’une introspection personnelle. L’image n’est pas toujours très bonne, et le son parfois approximatif. Il faut donc tendre l’oreille pour saisir les nuances et les subtilités de cette thérapie bien particulière. Je connais des vidéastes amateurs qui sans bidouillage ni technique particulière captent les mêmes intentions avec plus d’acuité .Dans le genre règlement de compte, déballage de la vie privée, le spectateur devrait être ailleurs.
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