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« Pas son genre » de Lucas Belvaux . Critique dvd

Synopsis: Clément, jeune professeur de philosophie parisien est affecté à Arras pour un an.  Clément ne sait pas à quoi occuper son temps libre, quand il rencontre Jennifer, jolie coiffeuse, qui devient sa maîtresse. Si la vie de Clément est régie par Kant ou Proust, celle de Jennifer est rythmée par la lecture de romans populaires,  et de soirées karaoké avec ses copines. Cœurs et corps sont libres  mais cela suffira-t-il à renverser les barrières culturelles et sociales ?

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Pas son genre"
De : Lucas Belvaux
Avec : Emilie Dequenne, Loïc Corbery, Sandra Nkake, Charlotte Talpaert, Anne Coesens
Sortie le : 03 septemb 2014
Distribution : Diaphana
Durée : 107 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Les meilleurs dvd Septembre 2014 ( 9 ème )

  • D’après le roman éponyme de Philippe Vilain 

Un saut de géant magistral . Le bonheur de ce film est à cent coudées de l’excellent «  38 témoins » qui nous transportait dans une grande ville portuaire plombée par la mort d’un homme, assassiné sans témoin … Cette fois la cité est plus petite, plus rurale aussi : Arras, une  prison, un cimetière, un no man’s land aux yeux de Clément, parisien de souche, et  professeur de philosophie, dont la mutation s’apparente à une descente aux enfers qu’il effectue avec la ferme intention de ne pas s’attarder.

Une mèche de cheveux rebelle va pourtant le faire changer d’avis, au contact de  la belle Jennifer, coiffeuse depuis toujours. «  Avant d’être coiffeuse, je voulais être coiffeuse » dit-elle, enjouée et chantante,  à ce client pas ordinaire, qui lui fait une cour aussi peu ordinaire.

Elle est charmée, intriguée, elle, la fille du salon de coiffure qui prend «  L’idiot » pour un bouquin rigolo et ignore tout de Kant. En face la méconnaissance est du même tonneau. C’est à peine si Cameron Diaz lui évoque quelque chose.

L’eau et le feu viennent de fusionner, une association là encore usée jusqu’à la corde par un cinéma qui s’abrutit alors des sempiternelles comédies romantiques ou sentimentales. Ce que Lucas Belvaux reprend à son compte avec cette fois des airs de légèreté et de faux-semblants, prenant le contre-pied de situations convenues pour nous embarquer dans des discussions quasi surréalistes . Sérieuses, drôles, fines et  intelligentes…

Les dialogues participent pleinement à ce retournement amoureux de l’intellect que les personnages s’approprient avec une délectation évidente. Emilie Dequenne est parfaite en shampouineuse décomplexée, qui élève son fils avec un amour incommensurable.

Encore une très belle séquence au cours de laquelle le prof découvre le sens de la fête
Encore une très belle séquence au cours de laquelle le prof découvre le sens de la fête

Une fille pleine de bons sens et qui  saura poser les bonnes questions  à «  monsieur le professeur » comme elle l’appelle quand l’homme l’agace un tantinet par son savoir, qu’il étale très naturellement,  par inadvertance. Nulle pédanterie, de la maladresse, peut-être.

C’est Loïc Corbery qui endosse le paletot du bobo découvrant la province, avec une maestria tout aussi communicative. Il vaut le déplacement, je vous assure. Sa première intrusion dans la boîte de nuit où sa belle s’éclate avec le karaoké est un monument de fantaisie incroyable.  Il possède le physique de l’emploi, un rien ahuri, mais conscient de  lacunes qu’il n’avait jamais imaginées. L’énergie qu’il retient pour donner chair à son personnage est ahurissante.

pas son genre

LES SUPPLEMENTS

  • Lucas Belvaux et Philippe Vilain, entretien croisé. (20.45 mn). Le réalisateur et l’auteur du roman  reviennent sur l’adaptation  au cinéma. Une rencontre accompagnée de lecture d’extraits du roman par Loïc Corbery. Pour Belvaux, l’écriture à la première personne ne pouvait suffire. «  Il fallait donner aussi les moyens à la jeune femme de se défendre. (…) La difficulté quand on adapte c’est toujours de remettre en situation plus qu’en dialogues».

Philippe Vilain analyse bien son roman (normal) mais surtout à travers ce que sont devenus ses personnages à l’écran, et le thème récurrent du mépris social lui semble tout à fait respecté.

  • Entretien avec Emilie Dequenne et Lucas Belvaux. « Elle nourrissait le personnage, dès la première lecture » se souvient Lucas Belvaux qui à l’origine avait retenu Sophie Quinton «  avec qui je m’étais très bien entendu dans mon précédent film ».

« J’avais tellement envie d’aller vers un personnage qui me ressemble un peu, naturel » reconnaît la comédienne «  c’est quelqu’un de vivant. On peut bouleverser le public avec un personnage tout en légèreté». Le réalisateur dit tout le bien qu’il pense d’Emilie Dequenne, «  elle travaille énormément, et ça pour un réalisateur c’est un bonheur ».

Les meilleurs dvd Septembre 2014 ( 9 ème ) D'après le roman éponyme de Philippe Vilain  Un saut de géant magistral . Le bonheur de ce film est à cent coudées de l’excellent «  38 témoins » qui nous transportait dans une grande ville portuaire plombée par la mort d’un homme, assassiné sans témoin … Cette fois la cité est plus petite, plus rurale aussi : Arras, une  prison, un cimetière, un no man’s land aux yeux de Clément, parisien de souche, et  professeur de philosophie, dont la mutation s'apparente à une descente aux enfers qu’il effectue avec la ferme intention de…

Review Overview

Le film
Les bonus

Un petit coup de griffes sans conséquence au monde des intellectuels, quelques piques ici et là aux ronflettes de  la province, Belvaux ne s’attarde pas trop sur l’environnement de ses personnages pour aborder très rapidement et très longuement (mais c’est un plaisir) le sentiment amoureux et ses variations, sociales. Un prof de philo amoureux d’une coiffeuse, cela peut donc paraître étrange, mais Belvaux dépasse heureusement l’anecdote pour jouer sur les codes de la comédie romantique et les détourner au profit d’une joute verbale, exquise et enjouée .Les dialogues participent bien évidemment au bonheur de cette fantaisie relayée par un casting de rêve : Emilie Dequenne plus pétillante que jamais – et pertinente aussi – face à Loïc Corbery que je pense ne jamais avoir vu jouer. Il était temps, il est super !

Avis bonus Rencontre avec le réalisateur, le romancier, la comédienne, des commentaires tout à fait appropriés...

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11 Commentaires

  1. Même s’il n’évite pas quelques clichés, c’est vraiment un très bon film, qui est beaucoup plus riche que ce que le thème pourrait nous laisser penser. La personne la plus sensée, la plus réfléchie, la plus ouverte aux envies de l’autre, la plus adulte mais aussi la plus drôle et la plus vivante est du milieu le moins favorisé : formidable, lumineuse Emilie Duquenne qui est vraiment une actrice exceptionnelle. Loïc Corbery joue bien son rôle en pendant ne sachant pas trop où se situer, quelle décision prendre, fragile. Et quelle critique du milieu aisé avec en point d’orgue la famille bobo allant au concert classique sachant qu’elle va s’y ennuyer mais « ça fait bien ». Mérite bien les 4 étoiles attribuées par l’excellent Loïck.

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