La fiche du film
« Par-delà les nuages » : Antonioni et Wenders, au septième ciel
Avant même la projection, le film est déjà un événement. Aphasique, partiellement paralysé, Michelangelo Antonioni a tenu jusqu’au bout les rênes de son projet, secondé discrètement et efficacement par un Wenders bienveillant.
Entre l’ennui consacré comme projet artistique (voir « L’avventura »), et les thèmes privilégiés de Wim Wenders (l’errance, l’absence…) « Par-delà les nuages » fait figure d’œuvre hors du commun. Une espèce de tour de Babel, aux fondations hésitantes.
Des personnes présentes sur le tournage témoignent que les rapports entre les deux cinéastes furent tendus, le maître ne supportant pas toujours les propositions de son assistant de luxe. Au point de supprimer au montage plusieurs scènes signées Wenders.
Celles-ci (ce qu’il en reste) constituent pourtant la charpente du film, véritable fil rouge reliant les sketchs mis en scène par le réalisateur italien. Il nous dresse l’itinéraire d’un photographe qui de France en Italie, « découvre » dans son objectif quatre histoires d’amour. Autant de points de vue, autant d’acteurs et d’actrices malgré tout subjugués par le travail d’Antonioni, « cette légende vivante ».
Il y a là Sophie Marceau, Fanny Ardant, Irène Jacob, Vincent Pérez, Jean Reno, John Malkovich… le narrateur imaginé par Wenders, le personnage central du récit. Au hasard de son périple, il croisera quelques ombres furtives : Jeanne Moreau, Marcello Mastroianni…
Comme si Antonioni se retournait sur son passé, dernier coup d’œil au cinéma de sa jeunesse. Il le sert depuis cinquante ans. Le regard est forcément nostalgique.
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