Synopsis: Lorsque Helen rencontre Bobby, elle vient d’avorter. Il l’attend à la sortie de l’hôpital, passe l’après-midi avec elle : c’est le coup de foudre. Bobby lui propose de s’installer avec lui dans le Nord-Est de Manhattan, à proximité de Needle Park. Le quotidien de Bobby tourne autour de ce carrefour où traînent les toxicomanes new-yorkais – lui-même est accro à l’héroïne depuis de longues années. C’est le début d’une grande histoire d’amour qui va petit à petit entraîner Helen dans les affres de la drogue.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Juin 2016 ( 8 ème )
La panique ? Il n’y a plus de came, ou plus d’argent pour en acheter. Parce que des types à la ramasse vomissent aussi tout ce qu’ils peuvent dans les impasses. Jours pas tranquilles à New-York dans le quartier de Needle Park, celui où Bobby a vu le jour et peut-être y verra-t-il sa nuit.
Accro à l’héroïne, il semble mesurer ses doses .La fréquentation récente avec Helen pourrait ralentir sa consommation. Helen est clean, souvent amoureuse, et leur rencontre après un avortement tient du miracle. Ils vont s’aimer follement, dans la déraison d’un monde qui ne tient qu’au bout d’une seringue. Helen découvre cet univers dont elle repousse un peu plus chaque jour les limites avant de succomber. Pilule fatale et l’engrenage.
Le second film de Jerry Schatzberg est un film ravageur sur un phénomène qui à l’époque, le début des années 70, nous échappait complètement. Depuis, le cinéaste a fait des émules. De « Bad Lieutenant » à « Trainspotting », en passant par « Moi, Christiane 13 ans… » jusqu’au récent « Mad Love in New York » de Josh et Benny Safdie qui vient de ressortir en dvd. Pour traiter de sujets similaires autour de l’addiction, en y associant un regard de documentaliste, alimenté par plusieurs scènes improvisées.
Al Pacino qui joue pour la première fois à l’écran excelle dans ce genre d’exercice. Il est Bobby, totalement habité par son personnage de dilettante, vivotant à la petite semaine de rapines et petits boulots histoire de se payer la dose. Kitty Winn, sa compagne de jeu est elle aussi au top ( prix d’interprétation à Cannes ).
Les flics veillent de loin et leur tombent parfois dessus. C’est ça aussi la panique. Les camés en manque se tordent de douleur et mouchardent à la police. Jerry Schatzberg qui vient de la photographie pose un œil sans complaisance sur ce quotidien à la ramasse, il filme ce qu’il voit, il filme la vie d’un quartier où des individus ne vivent que pour la blanche.
Schatzberg nous révèle l’économie souterraine engendrée par le trafic, ses combines, et ses conséquences. Au ras du bitume, des hommes et des femmes se perdent, s’oublient, des couples se dégradent comme Helen et Bobby dont le bonheur part chaque jour un peu plus en fumée.
« Tu gagnes plein d’argent et on n’en a jamais assez » lui dit-elle au bord de la rupture. Physique, morale, amoureuse. Bobby retournera en prison, elle l’attendra…
LES SUPPLEMENTS
- Jerry photographe (17 mn) . Né dans le Bronx, Jerry Schatzberg devient photographe à 26 ans. En 1958, le magazine Vogue lui passe une première commande, et lui ouvre la voie aux années 60 pendant lesquelles il travaille intensément pour les magazines les plus prestigieux.
Il entame aussi une série de portraits d’artistes, le plus souvent au début de leur carrière à l’époque : Bob Dylan, Faye Dunaway, les Rolling Stones, Andy Warhol, Catherine Deneuve, Francis Ford Coppola, Roman Polanski…Il est intéressant de l’entendre raconter comment se passaient certaines sessions. Ou bien l’histoire de ces modèles célèbres comme Fidel Castro dont les négatifs n’ont jamais été retrouvés. Le photographe imagine que au moment du Watergate, la CIA a pu mettre la main dessus…
Il était un photographe reconnu comme l’un des plus grands de l’univers de la mode, du cinéma et de la musique.
- Jerry Cinéaste (21 mn). Jerry Schatzberg raconte l’histoire de son mannequin préféré, Ann Saint Marie. Un mannequin très important qui au fil du temps s’est vu délaisser pour « des mannequins plus jeunes, des nouveaux visages. (…) L’idée de mon premier film est parti de là ».
- Al & Jerry (9 mn). Al Pacino, vu par Jerry Schatzberg. « Je discute beaucoup avant de tourner, je laisse pousser la graine. Les acteurs savent que je suis ouvert, qu’ils peuvent amener leurs idées. Contrairement à Kitty, Al Pacino avait besoin d’être protégé, alors par exemple je n’ai pas voulu qu’il regarde les rushs, c’était son premier film je ne voulais pas qu’il s’inquiète si tout n’était pas parfait, alors qu’il était très pointilleux sur sa façon de travailler, un grand perfectionniste, déjà ».
- Jerry à Cannes (6 mn). « J’ai été comblé par le prix d’interprétation pour Kitty et je pense que si Al était venu à ce festival il aurait aussi décroché un prix » se souvient le réalisateur qui l’année suivante retrouve le tapis rouge avec « L’épouvantail ».
Un film qui ne semble pas émouvoir les critiques. « Les télévisions de mon pays n’ont consacré aucun reportage, ni interview ». Le distributeur ne fait « qu’un petit dîner » rappelle le réalisateur « alors que d’autres films en compétition profitaient de grande cérémonie. Et tout le monde disait que la Palme d’or irait à La Grande Bouffe ». Mais c’est bien lui qui repartira, ravi, on s’en doute avec le précieux trophée.
- Cinq scènes commentées par le réalisateur (21 mn). Helen & Bobby . Base-ball . Overdose de Bobby . Prison . Ferry
Un commentaire toujours intéressant puisque le cinéaste ne se contente pas de dire ce qu’il a fait. Il y a toujours une histoire autour des séquences sélectionnées comme celle du « Base-ball » très improvisée. « Al et moi avons bien connu cette activité urbaine, et Al retrouvait tout à fait ses réflexes. C’est ma scène préférée ».
- « Panique à Needle Park » de Jerry Schatzberg. Un livre de 200 pages (inclus 50 photos inédites)
Des entretiens avec la scénariste et romancière Joan Didion, le « découvreur de talents » Pierre Rissient, le directeur de la photographie Adam Holender et Jerry Schatzberg, des extraits du scénario original annotés par le réalisateur, des analyses du film parues dans la revue Positif, ainsi que le matériel promotionnel américain réalisé par Twentieth Century-Fox, le tout agrémenté de 50 photos inédites et d’archives personnelles de Jerry Schatzberg.
Le film
Les bonus
Un film ravageur sur un couple d’héroïnomanes new-yorkais filmé dans le cadre restreint d’un quartier où la jeunesse vieillit à grande vitesse. On dit que Jerry Schatzberg formé à la photographie a montré la voie d’un cinéma qui entre fiction et documentaire posait les bases d’une mise en scène en prise directe avec la vie.
Certaines scènes urbaines sont filmées un peu à la dérobée, de nombreux passants ignorant qu’ils rentraient dans le cadre du réalisateur. Ce film est bien la représentation type de ce genre d’interprétation créative où un comédien comme Al Pacino excelle. C’était pourtant son premier grand rôle au cinéma mais le voici déjà complètement habité par son personnage, totalement en prise directe lui aussi avec les événements qu’il suscite et parfois même qu’il improvise.
C’est pourtant sa compagne de jeu Kitty Winn qui sera très justement couronnée à Cannes.
Avis bonus
Le réalisateur raconte comment son activité de photographe a pu le conduire à faire des films. Des scènes commentées sont aussi au programme
6 Commentaires
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