Synopsis: Yumiko Eda et son mari Hiroshi se préparent à partir vivre aux Etats-Unis. Dans quelques mois, la jeune femme donnera naissance à leur premier enfant. Mais Hiroshi, renversé par une voiture, meurt subitement. Rongé par le remords, Shiro Mishima, le responsable de l'accident, décide de verser une pension à la jeune veuve et de maintenir le contact ...
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Mikio Naruse peine me semble-t-il à se faire une place en Occident auprès de ses illustres confrères qui depuis des lustres ont passé la frontière du cinéma : Mizoguchi, Ozu, Kurosawa.
Son style est surprenant, voire expéditif. Ce n’est plus l’ellipse mais l’impasse qu’il privilégie. Comme cet accident aux conséquences tragiques et réglées sur le papier en quelques images. Enterrement compris et remplaçant déjà en ligne.
Le responsable de la mort de l’automobiliste est doublement coupable aux yeux de la société. Sa « victime » est un haut fonctionnaire, l’accident est préjudiciable pour l’entreprise qui l’emploie. Elle le mute illico dans une ville de seconde zone.
Une décision que Shiro Mishima conteste. La vraie raison de son bannissement dit-il est sa fréquentation avec la fille du patron qui lui confirme effectivement qu’il ne veut pas de cette liaison.
Elle va le quitter et accentuer la malédiction féminine qui semble le poursuivre. Il n’arrive pas ainsi à se faire comprendre de Yumiko, la femme qu’il a rendu veuve et qui le chasse à chaque rencontre.
C’est pourtant elle qui va le rejoindre, incidemment peut-être dans sa retraite professionnelle où l’homme traîne sa misère et son désespoir. Dans cette même ville, la sœur de Yumiko dirige un hôtel.
Un heureux hasard de scénario qui heurte momentanément le récit, et le rend un peu plus pathétique avant de fondre dans un mélo aux allures d’une romance d’autrefois. Si Yuzi Kayama force un peu son destin pour l’interpréter dans l’épure d’un cadre bien sage, sa partenaire de jeu Yoko Tsukasa excelle dans un exercice de style complaisant.
La passivité ambiante plombe le film. Et les sentiments qui en dégoulinent.
LE SUPPLEMENT
- Pascal-Axel Vincent, enseignant à la Sorbonne. Il s’agit d’une préface dans laquelle le spécialiste évoque l’époque du film, la fin des années 60, le déclin du cinéma japonais qui tente de ramener les spectateurs en proposant le Scop et la couleur afin de concurrencer la TV. « Il s’agit bien d’un des derniers grands films de l’âge d’or du cinéma japonais, des studios japonais (…) dans lequel le rapprochement avec les USA qui commençait alors à s’opérer, apparaît à plusieurs reprises ».
- Le Coffret. Les femmes dans le cinéma de Mikio Naruse : « Le Grondement de la montagne » (1954), « Au gré du courant » (1956), « Quand une femme monte l’escalier » (1960), « Une femme dans la tourmente » (1964), « Nuage épars » (1967).
Chaque film est préfacé par Pascal-Alex Vincent-Cinéaste et enseignant, il est aussi spécialiste du cinéma japonais et co-auteur du Dictionnaire des acteurs et actrices japonais.
Hideko Takamine, une vie d’actrice un portrait signé Pascal-Alex Vincent (10 mn). Retour sur la carrière de Hideko Takamine, ancienne enfant star devenue l’une des actrices japonaises les plus populaires jusqu’aux années 1960 et muse de Mikio Naruse.
Le film
Avec des facilités lacrymales arrachées au scénario et quelques invraisemblances dans le récit, le réalisateur s’engage dans un processus créatif monocorde où l’épure et l’ellipse (hors-champ incroyable) fondent un mouvement qui à la longue éloigne le spectateur des chemins conventionnels. Mais la manière de les contourner est tout aussi périlleuse pour nos deux protagonistes paralysés semble-t-il (surtout Kayama) par la passivité ambiante. Sur la longueur et les répétitions elle plombe le film. Et les sentiments qui en dégoulinent.
Un commentaire
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