L’histoire : Depuis des générations, les Solé cueillent des pêches dans leur exploitation à Alcarràs, un petit village de Catalogne. Menacés d’expulsion, cette année pourrait bien être la dernière. Le propriétaire du terrain veut supprimer les pêchers et installer des panneaux solaires. La grande famille, habituellement si unie, se déchire et risque de perdre tout ce qui faisait sa force…
Ours d’Or Berlinale 2022
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Après le très beau « Luzzu » d’Alex Camilleri sur les conséquences de la politique européenne en matière de pêche, le cinéma s’intéresse de la même manière aux répercussions des décisions agricoles de cette Europe technocrate.
Carla Simon le fait de la plus belle des façons en nous invitant dans la famille Solé, pleine de vie, de joie et des jeux des enfants qui n’en manquent pas une.
Ils sont drôles, malicieux, pétillants, loin des soucis des parents, producteurs de pêches dont le cours s’effondre chaque jour un peu plus. Le prix proposé par la grande distribution est notoirement ridicule au regard de celui affiché dans les étalages.
A ce problème partagé par l’ensemble de la profession, Quimet doit composer avec son propriétaire qui souhaite installer des panneaux solaires.
Moins d’entretien que les pêchers, meilleure rentabilité . Raser tous les fruitiers, il ne veut même pas en entendre parler. Son père encore moins, témoin légendaire de la dynastie Solé qui n’a jamais connu que cette terre.
Mais chez les enfants, la mémoire patrimoniale s’est assoupie. L’un des beaux frères se renseigne sur la validité de ces panneaux, leur rapport financier…
Une goutte d’eau, de trop… Des tensions aux dissensions, de part et d’autre, la colère a pris le relais de la peine.
Carla Simon les accompagne de la même façon que le processus d’identification à cette terre peut-être trop vieille pour demeurer en l’état. Les enfants jouent au milieu des cueilleurs de pêches, des immigrés qu’il va falloir renvoyer.
C’est filmé au plus près, au plus vrai d’un monde qui s’effrite dans l’absolue rentabilité et l’innocence de l’enfance, un jour rattrapée par la maladie de l’homme. A la fête du village il n’y a personne pour la soigner…
Quimet s’entête , et laisse peu à peu son grand fiston relayer la colère qu’il ne peut plus contenir.
La plupart des interprètes sont des amateurs, mais de véritables acteurs-témoins de l’impuissance congénitale de cette société à ne pouvoir préserver ce qu’elle a de meilleur.
Carla Simon en rapporte avec beauté ( ce cadre magnifique !) les prémices d’un bouleversement irréversible.
LES SUPPLEMENTS
- « La genèse de Nos soleils » (68 mn ). On se penche sur le projet : 9 000 personnes parmi les gens de la région pour en sélectionner quelques-unes confirmées par 4 mois de répétition. On peut zapper de temps à autre, le fond du sujet demeure intéressant.
- « Correspondencia » de Carla Simón 19 mn-2020)-Domingo Sotomayor Castillo, réalisatrice et productrice chilienne participe à cet entretien entre deux jeunes cinéastes. La famille, le patrimoine, la maternité… Mouais…
Le film
Les bonus
Carla Simon réussit admirablement bien à parler d’un sujet de société, économico-politique, sur un mode narratif, qui n’a rien du documentaire, mais en utilise certains codes, ni du militantisme, tout en prenant à bras le corps les revendications de ces agriculteurs espagnols étranglés par les dettes et le cours des marchés en leurs défaveurs.
Une famille cristallise les problèmes et la réalisatrice les aborde au milieu du jeu des enfants qui n’en manquent pas une, quand leurs parents s’apprêtent à quitter la terre ancestrale au profit d’installations photovoltaïques.
Un déchirement humain, personnel qui atteint l’unité de la famille de plus en plus divisée sur la marche à suivre. C’est filmé au plus près, au plus vrai …
La plupart des interprètes sont des amateurs, mais de véritables acteurs-témoins de l’impuissance congénitale de cette société à ne pouvoir préserver ce qu’elle a de meilleur.
AVIS BONUS
De la bonne volonté dans ces bonus qui en font peut-être quand même un peu trop