Synopsis: Après la défaite française de l'été 1940, Addi Ba, un jeune tirailleur sénégalais s'évade et se cache dans les Vosges. Aidé par certains villageois, il obtient des faux papiers qui lui permettent de vivre au grand jour. Repéré par ceux qui cherchent à agir contre l'occupant et qui ne se nomment pas encore "résistants", il participe à la fondation du premier "maquis" de la région.
La fiche du film
Le film
- D’après « Le Terroriste noir » de Tierno Monénembo
L’Histoire n’en finit pas de nous révéler ses secrets, ses aventures cachées, oubliées, ses héros retrouvés par la grâce d’un livre ou d’un film. A l’image de ce tirailleur sénégalais qui au début de la seconde guerre mondiale constitue, à son corps défendant, le premier réseau de patriotes dans la forêt des Vosges. On ne parlait pas encore de résistance…
Les allemands l’ont surnommé. Echappé miraculeusement d’un massacre présenté comme une reconstitution cinématographique par l’ennemi en mal de propagande, Addi Ba préfère la clandestinité au retour au pays qu’il organise lui-même pour ses semblables.
Son destin est ailleurs pense-t-il pour lui et son frère d’armes Aza, disparu depuis le simulacre. Au cours de ses recherches, en butte au racisme idéologique des nazis et naturels de la population (« déjà qu’on les nourrit, si en plus il faut qu’on les soigne » dit le médecin ) Addi Ba se forge un état d’esprit qui peu à peu efface la méfiance alentour.
Mais comment affirmer pleinement son identité en dehors de sa négritude et de son passé de tirailleur sénégalais ? C’est tout l’enjeu du combat que relate le cinéaste avec la parfaite conscience du travail bien fait.
Gabriel Le Bomin est un artisan. Un conteur garant de l’authenticité de son travail. A peine s’autorise-t-il un brin de légèreté et d’humour quand son héros doit expliquer sa présence dans une région au climat si hostile. « Des gens comme moi ici ne courent pas les rues effectivement, mais ça grimpent aux arbres » dit-il tout souriant au milieu de la forêt épaisse qui le protège.
Le mythe du bon sauvage s’efface alors pour faire place à un homme plein et entier, volage et volontaire pour que le mot liberté ne soit pas une simple inscription sur le fronton d’un édifice. Convaincant, Marc Zinga est tout à fait conforme à la pelure endossée par cet homme de l’ombre qui allait dynamiter le pays.
Il a pour soutien un fonctionnaire de la sous-préfecture (Pierre de Ladonchamps une révélation désormais confirmée) et l’institutrice du village. Alexandra Lamy l’incarne à contre sens des idées reçues. La comédienne légère et amusante donne le poids nécessaire à sa fonction d’enseignante pour qui la résistance est aussi un cours d’éducation civique.
Je serais plus réservé sur la fragilité de Louane Emera en bénévole de la Croix Rouge dont le manque de confiance apparent dans son personnage estompe la conviction profonde de sa personnalité, de son action clandestine et vitale au sein de la résistance.
Un sentiment qui rejaillit d’ailleurs sur une réalisation trop conforme au genre pour nous donner l’envie d’adhérer pleinement à cette histoire. Il n’est pas question d’en discuter le fondement mais de remettre en cause la pertinence d’une image apprêtée, trop calquée sur les écrits d’un romancier.
Le film
C’est une histoire assez méconnue d’un tirailleur sénégalais qui échappant à l’armée allemande en 1940 se réfugie dans un petit village des Vosges, puis au cœur de la forêt voisine afin d’y poser les règles d’un des premiers réseaux de résistants en France. On disait alors patriotes, ce fonctionnaire de sous-préfecture, cette institutrice, ce menuisier qui allaient venir en aide à Addi Ba, dont le premier combat sera de vaincre le racisme ordinaire de la population. Les allemands l’ont surnommé « Le Terroriste noir », titre du roman de Tierno Monénembo dont s’inspire le réalisateur. Il le fait avec respect et beaucoup d’applications dans un film qui se regarde sans déplaisir mais qui à mes yeux n’est pas à la hauteur des enjeux annoncés par l’Histoire. La mise en scène me parait trop bien ordonnée et soigneuse pour nous donner l’envie d’y adhérer pleinement. Il n’est pas question de discuter le fondement de l’histoire mais de remettre en cause la pertinence d’une image apprêtée, calquée sur les écrits d’un romancier. Le casting suffit à remettre un peu d’ordre dans ce parcours bien conforme à ce genre de cinéma.