« Nos Batailles » de Guillaume Senez. Critique cinéma-dvd

La fiche du film

Le film : "Nos batailles"

De : Guillaume Senez

Avec : Romain Duris, Laure Calamy

Sortie le : 03/10/2018

Distribution : Haut et Court

Durée : 98 Minutes

Genre : Drame

Type : Long-métrage

• DVD 18 février 2019 . –

Le titre pluriel est peut-être la seule évidence de ce film qui s’attaque à beaucoup de sujets, les effleure souvent, et maintient le cap sur le thème principal : l’implication sociale humaine dans un quotidien professionnel et familial.

Celui d’Olivier, par exemple, totalement investi dans son travail, et surtout dans l’environnement syndical qui lui prend tout son temps, dans l’entreprise, mais aussi une fois rentré chez lui, très tard. Un coup de vent pour dire bonsoir aux enfants et le téléphone le rappelle à ses engagements.

A ses côtés, Laura, le matin au petit déjeuner, avalé à la hâte et c’est à peine s’il lui parle. Le soir il ne la voit pas. Un soir il ne la verra plus. Laura a disparu ( Lucie Debay), sans un mot, une lettre, une explication. Olivier ne panique pas encore, il ne comprend pas et colmate les premières brèches. Pour les enfants. Sa mère le seconde très bien, mais le temps passe et Laura ne revient pas.

Voilà l’état des lieux que Guillaume Senez dresse habilement avant de revisiter à fond les coins et recoins de son scénario pour que rien n’y manque et ne sonne faux. C’est dans l’effort de la précision et du juste constat que le film me pose des questions.

A force de délayer le propos, d’y rajouter des consonances évidentes mais parfois inconsistantes (les intermittents du spectacle, les baby sitters, les visites médicales, les conditions de travail face à une direction inflexible, l’enquête de la police …) les batailles s’étiolent, la roue tourne à vide.

Olivier est maintenant fatigué et dans le noir d’une situation inextricable. Romain Duris en perd son sourire magnétique, à juste titre, pour un regard décontenancé, hagard, et puis désespéré. Le comédien est parfait dans ce registre qui ne lui ressemble pas. Il assume un rôle dans un décor avant d’être celui d’une histoire.

Celle de Laura dont on ne saura rien, à part une carte postale envoyée de sa ville natale. Elle parle à ses deux enfants (ils sont superbes, Basile Grunberger et Lena Girard Voss) et dit qu’elle reviendra bientôt. On attend …

  LES SUPPLEMENTS

• « UHT » de Guillaume Senez. (2012- 18 mn). Avec Catherine Salée, Cédric Vieira, Nicole Valberg. Les contraintes d’une ferme avec une jeune famille, un bébé, une femme qui travaille, et la crise laitière. Plus les moyens d’appeler le vétérinaire, le lait acheté à bas prix préférable de le jeter…

Sans jamais insister, sans trop montrer Guillaume Senez, dit beaucoup sur les gens, leurs caractères, avec là encore d’excellents comédiens dont Cédric Vieira dans le rôle du fermier. Excellent court-métrage.

• Entretien avec Guillaume Senez. Il se déroule à Cannes où le jeune réalisateur est tout ravi d’être invité. «  J’ai commencé à écrire il y a cinq-six ans , au moment où je me séparais de la mère de mes enfants. Et je me suis retrouvé dans cette situation , seul avec mes propres enfants . Plein de questionnement tournaient autour de l’équilibre entre la responsabilité familiale et l’engagement professionnel. »

« Au départ je ne donne pas les dialogues, ils sont écrits, mais on travaille d’abord sur l’improvisation pour en venir peu à peu aux dialogues. Ca me permet la spontanéité, le naturalisme… »

«  Ce n’est pas un film sur le monde du travail, mais sur les répercussion de ce monde sur l’intime. On rentre à la maison le soir, et on vit toujours avec les problèmes du travail… ».

• Scènes commentées par le réalisateur. Il est assez rare d’avoir ce genre de chapitre, aussi long ( 23 mn ) au cours duquel Guillaume Senez explique ce qu’il a voulu faire sur certaines séquences, des plans imprévus, la participation de salariés au générique, où l’intérêt des plans séquences.

L’exemple avec l’arrivée de Betty, la soeur, illustre très bien son propos. «  Souvent on les coupe au montage, mais celle-ci fonctionnait très bien, et elle a été montée ainsi, intégralement ». Images à l’appui, c’est éloquent .

• Scènes coupées. « Un choix que l’on fait au montage, pour un problème de rythme, un équilibre à trouver. Beaucoup de séquences sur l’aspect syndical n’existent plus par exemple, pour laisser plus de place à l’intime ».

Personnellement j’aurais bien gardé la scène sur le thème de la femme qui abandonne ses enfants, et celle avec la pedo psy.