Synopsis: Zahira, belgo-pakistanaise de dix-huit ans, est très proche de chacun des membres de sa famille jusqu’au jour où on lui impose un mariage traditionnel. Ecartelée entre les exigences de ses parents, son mode de vie occidental et ses aspirations de liberté, la jeune fille compte sur l’aide de son grand frère et confident, Amir.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
Meilleur dvd Aout 2017 ( 2 ème )
Le cinéma sonde une fois encore des cultures différentes confrontées à des générations mouvantes. Le déracinement ou la jeunesse innocente forgent ce que l’on appelle communément un destin. Voire un avenir comme ne l’envisage pas Zahira, éprise de liberté et d’un pays qui lui en fournit les clés.
Sa famille, d’origine pakistanaise ne l’empêche d’ailleurs pas d’en ouvrir les portes, guidée par un grand frère Amir bienveillant et conseiller avisé. Sur son choix d’avortement par exemple, bien secondée par une équipe médicale tout aussi attentionnée.
La séquence est brève mais d’une pertinence à l’égal des enjeux que le réalisateur Stephan Streker condense dans un scénario écrit avec une sensibilité extrême. Elle se révèle dans les rapports entre le frère et la sœur, la confiance entière de Zahira pour Amir (Sébastien Houbani).
Jusqu’au jour où la jeune fille décide de ne pas suivre la voie conjugale de ses parents. « Une pakistanaise se marie avec un pakistanais » martèle Mansoor, le papa que joue avec beaucoup d’émotion Babak Karimi. Elle ne l’entend pas et surtout ne l’écoute plus au grand dam de toute la famille qui va tour à tour intervenir pour lui faire entendre raison.
Nulle violence ou interdiction là encore n’entrave le cheminement de l’héroïne accompagnée avec tendresse par un réalisateur qui a beaucoup d’affection pour ce personnage en quête de sa jeunesse et de cette envie de vivre. Mais Stephan Streker est tout aussi attentif aux préoccupations parentales, au respect des anciens et des conséquences d’une conduite à leurs yeux contre-nature.
Traditionnel dans l’honneur et la réputation, Mansoor n’en utilise pas moins la technique Skype pour sceller une union à 6.000 kms de sa Belgique d’adoption. J’y voie un clin malicieux de la part du cinéaste qui use lui-même de l’ellipse avec bon sens. Chez Streker le cœur et le regard parlent autant que les circonvolutions amusées ou violentes de ses personnages.
L’esprit est ailleurs. La jeune Lina El Arabi l’habite de manière prodigieuse ( une révélation ! ) jusqu’au sacrifice de son consentement attendu par une histoire écrite dans le marbre. Petite calcite égarée dans un monde qui n’est pas encore le sien, la voici coupable d’une vérité universelle. Celle qui érige des barrières, des frontières, des allers sans retour. L’histoire s’inspire librement de faits réels, nous prévient-on. Stephan Streker n’a pas trahi.
LE SUPPLEMENT
- Rencontre avec le réalisateur (29 mn). Un cinéaste qui parle vraiment de cinéma, ce n’est pas forcément courant.« Pour moi, il s’agit d’une tragédie grecque écrite à partir d’un fait divers. (…) L’héroïne veut à la fois sa liberté et l’amour de ses geôliers. » Son frère, et ses parents. « En voyant le film on ne peut juger de leur culpabilité, mais ils sont aujourd’hui en prison ».
« Chaque spectateur jugera en fonction de ses valeurs, moi je n’apporte qu’un point de vue, je veux essayer de comprendre chaque personnage, de jugement moral pas question. (…) Quand on est scénariste on essaie toujours d’avoir raison pour le personnage, j’éprouve de l’amour pour eux ».
« L’absence de musique n’était pas du tout voulue, mais il existe une version avec musique, et en regardant les deux j’ai légèrement préféré la première. (… ) L’ellipse et le hors champs sont les deux choses qui définissent pour moi le cinéma. (…). J’ai fait une tragédie et un film solaire, la lumière pour moi avait beaucoup d’importance, je ne voulais pas d’un film glauque ».
Le choix de l’actrice, Lina El Arabi ? « Rejetée lors d’un premier casting auquel je n’avais pas participé, une nuit d’insomnie je reprends toutes les vidéos et je la découvre. (…) Ecouter et s’abandonner, c’est ce que je demande aux acteurs ».
- Sur des thèmes identiques :
« Tempête de sable » d’Elite Zexer.
« Le cœur a ses raisons » de Rama Burshtein
« Une femme iranienne » de Negar Azarbayjani.
Le film
Le bonus
Une jeune fille d’origine pakistanaise se retrouve confrontée à l’histoire de sa famille désormais installée en Belgique, mais toujours respectueuse de sa religion et de ses traditions. Une famille intégrée, compréhensive, mais pour qui « une pakistanaise ne peut se marier qu’à un pakistanais ».
Éprise de liberté, de jeunesse et d’indépendance, Zahira va résister à la fronde familiale : du grand frère à la grande sœur tout le monde est réquisitionné afin de lui faire entendre raison. Si le sujet est assez commun dans le cinéma européen, ce film complète un panel d’émotions sur lequel le cinéaste ne porte aucun jugement. Il accompagne avec attention tous les protagonistes d’une aventure qui aborde parfaitement plusieurs thèmes autour de l’adolescence et du conflit des générations en conservant une histoire qui demeure une histoire de femmes.
La jeune Lina El Arabi l’habite de manière prodigieuse. C’est l’autre révélation de ce film !
Avis bonus
Rencontre avec le réalisateur .Un cinéaste qui parle vraiment de cinéma, ce n’est pas forcément courant.
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