Accueil » A la une » « No land’s song » de Ayat Najafi. Critique dvd

« No land’s song » de Ayat Najafi. Critique dvd

Synopsis: En Iran, depuis la révolution de 1979, les femmes n'ont plus le droit de chanter en public en tant que solistes.Une jeune compositrice, Sara Najafi, avec l'aide de trois artistes venues de France (Elise Caron, Jeanne Cherhal et Emel Mathlouthi), va braver censure et tabous pour tenter d'organiser un concert de chanteuses solo.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "No land\'s song - DVD"
De : Ayat Najafi
Avec : Sara Najafi ,Parvin Namazi , Elise Caron , Jeanne Cherhal, Emel Mathlouthi
Sortie le : 04 octobre 2016
Distribution : Jour2Fête
Durée : 91 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur documentaire – Festival des films du monde de Montréal -Gijón international film festival

Prix du jury jeune – Leipzig

  • « Nous sommes libres et notre parole est libre » .Emel Mathlouthi, chanteuse tunisienne qui vit en France.

Ca parait fragile tout un documentaire sur des femmes qui tentent de mettre en place un concert de voix féminines. Même si l’interdit est choquant, on se demande pourquoi tant d’énergie cinématographique déployée autour d’un tel projet. La réponse est entièrement contenue  dans ce film, ce documentaire, ce reportage qui relate le parcours incessant de Sara Najafi, une compositrice iranienne, auprès des autorités pour les convaincre du bien-fondé de sa démarche.

Depuis les années 80, le régime s’oppose à ce que des femmes chantent en solo. « La fréquence de la voix de la femme ne doit pas dépasser une certaine limite » aurait dit un dieu, selon un érudit religieux, qui à plusieurs reprises intervient dans ce récit.

Sara écoute la voix de ... dieu qui dit que la voix féminine peut troubler l'homme
Sara écoute la voix de … dieu qui dit que la voix féminine peut troubler l’homme

« Cette limite est-elle clairement définie ?  » interroge Sara.

« Pour le travail c’est toléré, mais au-delà, la voix chantée se transforme pour donner du plaisir, et là notre discours change ». Sara est obstinée, chaque semaine elle se rend au ministère pour tenter d’obtenir l’autorisation.  Elle est en relation avec ses homologues français Elise Caron et Jeanne Cherhal et la tunisienne Emel Mathlouthil. De part et d’autre on travaille ferme sur les textes, leur compréhension, la manière de les interpréter.

« Un concert sans la voix des hommes, c’est l’acte le plus révolutionnaire que l’on puisse faire » explique Sara, qui redécouvre en compagnie de Parvin Namazi, chanteuse très connue en Iran, les anciens lieux de culture de Téhéran,  un cinéma abandonné, un cabaret «  Moulin rouge » qui n’existe plus. Des images d’archives de chanteuses de l’époque («  dans l’ivresse le monde devient plus beau ») complètent cette petite rétrospective, alors que la décision du ministère des affaires étrangères se fait toujours attendre.

Les visas sont refusés ! Sara se rend cette fois au ministère de la guidance islamique où des copies des passeports sont à l’étude. Ces pièces sont également communiquées au ministère des affaires étrangères et au bureau des renseignements.

« Et je vous conseille d’arrêter, là » dit la voix dans le noir, puisque Sara ne fait qu’enregistrer à la sauvette, il n’y a pas de caméra.

« Pour quelles raisons, tout ça ? » insiste Sara.

« Ils ne donnent jamais de raison, vous vivez dans ce pays, vous devez le savoir ».

Du côté de l’ambassade de France à Téhéran, l’empressement est tout aussi mesuré. On leur conseille de ne pas opter pour le visa touristique « ils savent maintenant pertinemment que vous venez pour des raisons professionnelles ». Le découragement de certains artistes français est patent. On travaille pour rien dit l’un d’entre eux tandis que Sara poursuit inlassablement ses allers retours dans les arcanes d’une administration parfois sourde, parfois muette, bien déroutante.

« Nos amis français auront appris des choses pendant ces deux années, dont la patience que nous devons avoir pour arriver à nos fins ». Car le voyage aura bien lieu, avec quelques péripéties de dernières minutes (une publication sur Facebook déplaît aux autorités).On leur propose de jouer en circuit fermé, dans une toute petite salle en donnant le nom des spectateurs, sans enregistrement sonore, ni vidéo.Sara pleure, les artistes iraniens s’excusent d’un tel accueil.

no land's song

« Pourquoi je ne peux organiser chez moi un concert ? Juste pour monter qu’on est vivants, qu’on travaille, on m’a supprimé ce droit ». Au bout de deux années d’acharnement, d’efforts et de travail, de part et d’autre, le concert sera un succès public et populaire.

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec le réalisateur. « L’idée de départ, rendre hommage à Qamar, une artiste des années vingt en la reliant aux années 70  où Téhéran était une ville de festival avec la venue de nombreux artistes étrangers. Ma sœur venait d’écrire de nouvelles chansons pour une femme, ce qui était interdit. L’idée du concert est née à ce moment-là, des chansons de 1920 à nos jours avec des artistes internationaux ».

« Les allusions à la tyrannie, la dictature doivent être expliquées devant le ministère de la culture, pour chaque chanson » raconte encore Ayat Najafi.

 « Ils sont nuls, ils ne comprennent rien à la musique, il faut les enregistrer » dit Sara qui au début n’était pas favorable à un tel procédé. « On a peur, mais pourquoi se cacher derrière sa peur, on y gagne quoi ? »

pour, la langue, l'instrument, tout un apprentissage
pour, la langue, l’instrument, tout un apprentissage
  • Rencontre avec Sara. La compositrice explique son parcours musical dans un monde où on lui fait comprendre qu’elle serait mieux instrumentiste que compositrice et surtout encore mieux à la cuisine.Le professeur au conservatoire (neuf garçons, une fille) disait qu’il fallait effectivement mieux que les femmes n’étudient pas la musique.

Pour toute création artistique il faut une autorisation, et encore plus pour la composition avec des paroles, tout n’est que défi. « Pour chaque chanson je me déplaçais au ministère, ils disaient non, j’y retournais un mois après et là ça pouvait marcher, ils ne se souvenaient plus ».

« A chaque fois, j’avais peur, ma mère m’accompagnait, mais à chaque étape on était encore plus fort, le pire pour nous aurait été de baisser les bras, cela voulait dire que nous nous résignions surtout pour moi et Ayamat ».

  • Scènes coupées . Il y en a beaucoup, bien souvent très intéressantes comme «  Inquiétudes et préjugés », discussions entre les artistes français sur les risques encourus …

 

Meilleur documentaire - Festival des films du monde de Montréal -Gijón international film festival Prix du jury jeune - Leipzig "Nous sommes libres et notre parole est libre" .Emel Mathlouthi, chanteuse tunisienne qui vit en France. Ca parait fragile tout un documentaire sur des femmes qui tentent de mettre en place un concert de voix féminines. Même si l’interdit est choquant, on se demande pourquoi tant d’énergie cinématographique déployée autour d’un tel projet. La réponse est entièrement contenue  dans ce film, ce documentaire, ce reportage qui relate le parcours incessant de Sara Najafi, une compositrice iranienne, auprès des autorités pour…
Le film
Les bonus

C’est quasiment une enquête au jour le jour, pendant deux ans, que nous suivons en compagnie de la chanteuse iranienne Sara. Elle est filmée par son frère dans ses démarches incessantes auprès des autorités afin qu’ils autorisent un concert de voix féminines, à Téhéran, en compagnie d’artistes français. A la fin de ce documentaire proche du reportage in-situ, on comprend mieux son utilité, sa nécessité, tant l’absurde le dispute ici à la complexité d’un système qui en réalité ne repose que sur la bonne ou mauvaise volonté de quelques responsables, religieux semble-t-il. Dans ce dédale administratif, des hommes, mais surtout des femmes font entendre une voix exceptionnelle, un chant pur et mélodieux qui évoque bien souvent la liberté, à mots couverts parfois, et qu’il aura fallu expliciter avant autorisation, auprès des autorités. Un pont, une passerelle jetée entre l’Iran et la France ? Je ne sais pas. Une réalité, c’est certain qui dépasse l’entendement de certains dirigeants pour atteindre la beauté qui semble leur faire si peur. La voix d’une femme peut troubler un homme, oui et alors !

Avis bonus Des rencontres très instructives avec le réalisateur et Sara, sa soeur, ainsi que des scènes coupées tout aussi éloquentes

User Rating: 5 ( 1 votes)

Voir aussi

« Trois amies » d’Emmanuel Mouret. Critique cinéma

Beaucoup moins inspiré par ses marivaudages, Emmanuel Mouret en rajoute

Laisser un commentaire