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« Nina Wu » de Midi Z. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Nina Wu a tout quitté pour s’installer à Taipei dans l’espoir de faire une carrière d’actrice. Un jour, son agent lui propose le casting du rôle principal d’un film d’espionnage. Malgré sa réticence à la lecture des scènes de nu et de sexe, Nina se rend à l’audition.

La fiche du film

Le film : "Nina Wu"
De : Midi Z
Avec : Wu Ke-Xi, Vivian Sung
Sortie le : 08/01/2020
Distribution : Epicentre Films
Durée : 103 Minutes
Genre : Thriller, Drame
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus

Le monde culturel asiatique n’échappe pas aux révélations scabreuses sur l’état de délabrement moral d’une population mâle dominante. Des rapports sexuels pour une signature de contrats, des gestes contraints à la demande d’un comédien, une jeune femme violée par son professeur : deux des victimes se sont suicidées…

Je ne connais pas la part de ressenti et de vécu de la part de l’actrice et scénariste Wu Ke-Xi avec l’histoire de Nina Wu, cette jeune femme qui rêve de son premier film. Wu Ke-Xi  l’interprète aussi grandement, sans forte retouche sur les avanies provoquées par un système patriarcal abject.

Il y a beaucoup de ces femmes dans son jeu incandescent, dans son regard craintif, sa démarche hésitante.

La femme abandonnée au pouvoir des hommes. Celui de ce réalisateur sans complaisance vis-à-vis de son héroïne qu’il maltraite et bouscule dans les scènes les moins caractéristiques. Pour obtenir sa colère, il la pousse à bout.

Stressée, sous-pression, du petit matin aux angoisses de la nuit, Nina Wu vit son rêve comme un cauchemar, mais s’y tient. La concurrence est rude. C’est son existence qu’elle prend en main quand loin de sa famille, elle revit le bonheur passé auprès des siens et de ses amours.

Wu Ke-Xi-Nina Wu n’est pas seule dans sa galère que le vrai réalisateur accompagne tout aussi radicalement. Midi Z évoque souvent l’affaire Weinstein sans jamais s’y complaire ou bien de manière sibylline. Jusqu’à la révélation finale, tout au bout du couloir de ce grand hôtel de Taïpei où le producteur a élu domicile.

Une scène que le réalisateur reprendra à plusieurs reprises, exténuant la comédienne

Avait-on  besoin de tout cet étalage pour nous ramener à l’évocation de ce traitement sexiste inhumain ?

Dramatique au résultat. Insultes et soumissions dans une conduite onirique qui exprime peut-être encore mieux le mal(e) qui la ronge, et la détruit à petit feu.

Wu Ke-Xi est inébranlable, Nina Wu, plus vulnérable, comme dans un film de David Lynch où le rouge flamboie. Ces tentures, ces couloirs, ces robes couleur de l’amour dit-on. Où se mêlent le feu et le sang.

LES SUPPLEMENTS

  •  Rencontre avec le réalisateur Midi Z  . « Wu Ke-Xi après notre dernier film m’a envoyé par mail tout un scénario. Un premier scénario écrit par une actrice, rare, extrêmement personnel, intime. J’ai décidé de le faire tout de suite. Il est original, l’histoire est unique et créative . »

« Elle ne se donne pas des limites en écrivant. Là je savais que ça allait nous coûter cher, moi qui suis un réalisateur à petit budget et qui supprime des scènes quand elle sont trop coûteuses. Mais c’était si diversifié, si libre »

« . Il y a des rapports avec les mouvements comme #Me Too, mais c’est aussi l’histoire d’une personne qui lutte dans une grande ville pour réaliser son rêve. »

« Je lui ai demandé l’autorisation de le réaliser mais je lui ai dit qu’elle ne serait pas forcément l’actrice principale, je voulais être libre de choisir , j’ai vu plusieurs actrices, mais au final Wu Ke-Xi convenait parfaitement et alors parfois ça devenait de la co-réalisation »

Un projet en cours . L’adaptation de «  Une histoire birmane » de George Orwell

  • Rencontre avec Wu Ke-Xi, actrice et scénariste. « Comme j’ai décliné plusieurs projets pour ne pas jouer toujours les mêmes rôles, je me retrouvais sans travail . Alors je me suis dit : si j’écrivais quelque chose moi-même. Je revenais de plusieurs festivals, j’avais vu de très bons films et puis aussi «  Frances Ha » dans lequel Greta Gerwig s’est inspirée de son expérience de la danse et de celle de ses amis artistes cherchant à percer à New York »

« Lors de l’affaire Weinstein, je me suis senti très connectée à ces femmes , je n’ai pas vécu ça, mais en tant que figurante j’ai connu des expériences humiliantes »

« J’écrivais en suivant mon instinct, je ne savais pas comment écrire un scénario , j’ai écrit librement le personnage, quand j’ai su que j’allais le jouer je me suis demandé si cela n’était pas trop ennuyant de jouer mon propre personnage »

« Difficile de jouer une actrice amatrice, il a fallu que je retrouve mon « moi » d’avant et que je redevienne cette personne très naïve »

  • Scène coupée ( 50 secondes ) . Effectivement, elle peut le rester…
  • Galerie photos
  • Bio-filmographie du réalisateur
  • Film annonce
Meilleur dvd Juillet 2020 ( 10 ème ) Le monde culturel asiatique n’échappe pas aux révélations scabreuses sur l’état de délabrement moral d’une population mâle dominante. Des rapports sexuels pour une signature de contrats, des gestes contraints à la demande d’un comédien, une jeune femme violée par son professeur : deux des victimes se sont suicidées… Je ne connais pas la part de ressenti et de vécu de la part de l’actrice et scénariste Wu Ke-Xi avec l’histoire de Nina Wu, cette jeune femme qui rêve de son premier film. Wu Ke-Xi  l’interprète aussi grandement, sans forte retouche sur les avanies…
Le film
Les bonus

C’est je crois l'un des tous premiers films qui réellement traite du harcèlement sexuel et pire encore dans le milieu du cinéma, voire plus largement, celui de la culture. Wu Ke-Xi qui a écrit le scénario l’interprète également avec sinon un vécu, tout du moins un ressenti qui à l’écran échafaude un univers complètement inhumain. A Taipei une actrice et une romancière se sont suicidées après des traitements sexistes à leur égard. Wu Ke-Xi a pu s’inspirer de leur calvaire pour rapporter celui de cette jeune femme dont le rêve est de jouer un personnage conséquent dans un film. Pour obtenir le rôle il lui faudra passer par bien des étapes dégradantes, humiliantes face à une autorité sans limite. On pense bien évidemment à l’affaire Weinstein avec un final très éloquent en la matière. Je crois personnellement qu’il n’était pas nécessaire, tant la mise en scène explicite et le jeune inébranlable de Wu Ke-Xi ont su nous mener dans ces coulisses  post-#MeToo.

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