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« Neruda » de Pablo Larrain. Critique cinéma

Synopsis: 1948, la Guerre Froide s'est propagée jusqu'au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique le président Videla qui demande sa destitution L'inspecteur Óscar Peluchonneau doit procéder à son arrestation. Le poète joue avec l'inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, il y voit l'occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire.

La fiche du film

Le film : "Neruda"
De : Pablo Larraín
Avec : Luis Gnecco, Gael García Bernal
Sortie le : 04/01/2017
Durée : 108 Minutes
Genre : Drame, Biopic, Policier
Type : Long-métrage
Le film

« Absent et présent ensemble-Invisible mais trahiNeruda que tu ressembles- A ton malheureux pays »  (Jean Ferrat).

L’inspecteur de police s’appelle Peluchonneau. C’est son côté tintinesque, mais « à moitié abruti, à moitié con » résume un paysan chez qui sa moto est tombée en panne. L’homme poursuit alors sa traque inlassable et vaine, sur un cheval, à travers des plaines enneigées. Sa constance confine à la naïveté, à la bêtise.

Comme le fugitif Pablo Neruda a maintenant des airs de capitaine Hadock, le délire bédéphile n’est pas loin d’emporter cette histoire que l’on croyait sérieuse. Elle l’est tout à fait, même si notre héros, parfois bouffon et dissipé, porte en lui des valeurs assez inattendues.

Un assemblage physique et comportemental avec le poète, troublant…

Ce personnage proche du peuple et de ses aspirations n’a  « jamais couché par terre » relèvent quelques esprits retors à ses idées communistes et à son opposition véhémente au pouvoir en place.

Sénateur destitué, le voici dans sa fuite jouant au chat et à la souris avec la police, laissant dans chaque refuge une de ses œuvres dédicacées. Il s’amuse de ses égarements, s’étonne de n’être pas encore emprisonné, et poursuit sa vie nocturne et dissolue.

C’est pourquoi Peluchonneau (Gael García Bernal, toujours aussi talentueux), débarquant dans une maison close, ne peut le remarquer travesti au milieu des autres travestis. Ni percevoir à la devanture du photographe son portrait plus vrai que nature encadré par des photos cette fois bien réelles.

Neruda est un trublion qui va la nuit klaxonner sous les fenêtres présidentielles. Parfois au bras de sa compagne, la peintre Delia del Carril (Mercedes Morán) dont l’origine argentine défrise semble-t-il certains membres de son entourage.

Dans le confort grand bourgeois que mène le couple, la dame du monde détonne en réfutant toutes tâches ménagères, valeurs triviales à ses yeux. Elles lui gâchent les mains, dit-elle. 

Le genre de comédie que le réalisateur Pablo Larrain saisit avec une maestria gourmande pour dire le plaisir de filmer à contre-sens la grande histoire, l’histoire commune et celle qui fait les légendes.

Pablo Neruda (magnifiquement secondé par Larrain) n’en finit pas d’écrire le roman de sa vie, puisant ici et là les arguments d’une aventure terrestre à la conclusion sublime et céleste.

Peluchonneau (son prénom c’est Oscar !) le fils du flic le plus célèbre du Chili comprend qu’il n’est en fait qu’une représentation du peuple, lui aussi. Avec lequel Neruda, depuis son exil parisien a beau jeu d’enjoliver une histoire qui ne lui ressemble pas. Une histoire totalement validée par Luis Gnecco, dont la ressemblance avec le poète est parfois troublante. A l’image de ce film qui malgré sa précocité apparaît déjà parmi les plus instructifs et meilleurs de cette nouvelle année.

« Absent et présent ensemble-Invisible mais trahi-Neruda que tu ressembles- A ton malheureux pays »  (Jean Ferrat). L’inspecteur de police s’appelle Peluchonneau. C’est son côté tintinesque, mais « à moitié abruti, à moitié con » résume un paysan chez qui sa moto est tombée en panne. L’homme poursuit alors sa traque inlassable et vaine, sur un cheval, à travers des plaines enneigées. Sa constance confine à la naïveté, à la bêtise. Comme le fugitif Pablo Neruda a maintenant des airs de capitaine Hadock, le délire bédéphile n’est pas loin d’emporter cette histoire que l’on croyait sérieuse. Elle l’est tout à fait, même si notre…
Le film

Depuis « Tony Manero », Pablo Lorrain excelle dans l’art de la digression et du détournement de genre. Deux attributs ici joliment compilés pour retracer non pas la vie, mais une part de vérité du poète Pablo Neruda dans sa fuite d’une dictature qui lui reprochait ses écrits et sa liberté de ton dans ses interventions publiques. Le réalisateur joue habilement sur les notes du scénariste Guillermo Calderón pour illustrer cette traque d’un policier un peu en dehors des clous et un fugitif qui s’amuse beaucoup de la complainte engagée. Tel un jeu de piste, il sème sur son passage quelques œuvres dédicacées à l’intention du policier. Lorrain excelle dans cette mise en scène du jeu et de la souris, illustration semble-t-il assez proche d’une personnalité littéraire prolixe et fantasque, amoureuse de la nuit et des femmes. La poésie qui lui vient très naturellement sous sa plume, il la met bien évidemment au service d’un peuple qui ne comprend pas forcément toujours son engagement. Si le réalisateur n’est pas plus explicite sur le véritable combat du poète, c’est pour mieux laisser au cinéma son pouvoir de rêve et d’imagination engendré par une personnalité hors du commun. Ne connaissant pas à fond l’œuvre de Neruda, je trouve ce film séduisant sur le fond et sublime pour la forme. Luis Gnecco dans le rôle-titre est parfait (et assez ressemblant avec le poète) tandis que Gaël García Bernal démontre une fois encore tout son talent. Policier aux trousses de Neruda, il possède une faconde tintinesque dans laquelle il puise une richesse d’interprétation insoupçonnée.

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