Oscar du meilleur film étranger 1981
Meilleur dvd Juillet 2020 (8 ème )
- DVD : 7 juillet 2020
- Cinéma : 1980
- Acteurs : Vera Alentova, Irina Muravyva, Aleksey Batalov
- Audio : Français, Russe
- Sous-titres : Français
- Studio : Potemkine Films
- Durée : 143 minutes
L’histoire : Moscou 1950.Trois amies vivent dans un foyer. Antonina s’est mariée, elle élève des enfants et aime son mari. Pour Lyudmila, Moscou est une loterie qui doit obligatoirement lui apporter le bonheur. Mais Katerina a élevé sa fille en terminant ses études, a travaillé et est devenue directrice d’une usine chimique. C’est alors qu’elle tombe amoureuse d’un homme ayant, tout comme elle, une forte personnalité…
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Le film propose deux parties, l’histoire s’y colle parfaitement. Tome 1, trois copines en quête d’un refuge familial recherchent l’homme idéal. Complexées d’être des provinciales, elles minaudent à leur façon jusqu’à ce que la plus débrouillée Lyudmila ( Irina Muravyova ) imagine un stratagème qui les fait passer pour les filles d’un grand scientifique.
Elles rencontrent des personnes connues, importantes, célèbres…
Lyudmila prend ainsi le parti d’un joueur de hockey Sergei Gurin (Aleksandre Fatiouchine ) tandis que son amie fréquente un cameraman de la télévision. Réservée, Katerina (Vera Alentova) est une ouvrière d’usine consciencieuse qui aspire à devenir ingénieur. Entre ces deux copines au tempérament bien différent Antonina fait figure d’épouse modèle ( Raisa Ryazanova).
Le trio s’entend à merveille pour surmonter les coups du sort au cœur de l’Union Soviétique à la fin des années cinquante, où fleurissent au pied des villes, datchas et jardins ouvriers.
Vladimir Menshov mêle ainsi allègrement la vie courante de ces nouvelles moscovites au sein d’une société délibérément en marche vers ce que l’on appelle alors le progrès. La télévision s’introduit de plus en plus dans les foyers, mais le cœur n’y est pas.
Taraudée par son mensonge, Katerina s’apprête à tout révéler à son amoureux de cameraman, quand l’annonce de sa grossesse contrarie son élan. La réaction et le comportement de l’homme sont des plus lâches. Mais semble-t-il normales pour l’époque.
Une touche sombre à la peinture sociétale que le réalisateur ne cesse de poser au fil d’un récit où la misère sociale entérine des positions bien déterminées. Au point de se réfugier dans des clubs de danses pour trouver l’âme sœur. La séquence est savoureuse pour dire une fois encore la veulerie de l’être humain qu’un héros va tenter de faire oublier.
Il s’appelle Gosha et entre dans la vie de Katerina de manière extraordinaire. C’est à voir et à suivre absolument dans le Tome 2 concentré sur ce nouveau couple et la famille alors formée avec Alexandra la fille de Katerina.
Une pointe de bonheur, un accès au libre-arbitre sous l’autorité de cet homme nouveau que Gosha incarne sans sourciller. Au point que Katerina n’ose pas lui avouer son statut social dans l’entreprise qu’elle dirige.
Vladimir Menshov n’en fait pas des tonnes. Il n’insiste jamais sur ces relations entre hommes et femmes qui dictent constamment son récit et repoussent le mélo entendu dans cette Union Soviétique confinée sur elle-même.
Une belle fresque remise au goût du jour pour éclairer l’Histoire et ses avatars.
LES SUPPLEMENTS
Ce sont surtout des commentaires proposés ou traduits par Françoise Navailh. Historienne du cinéma soviétique, elle introduit le sujet en évoquant la carrière du réalisateur qui fut également un grand acteur. Elle explique pourquoi selon elle le film a été plutôt mal reçu en France, « avec un résumé erroné et des critiques qui apparemment n’avaient pas vu le film en entier… ».
Le film se déroule dans Moscou devenu un rêve possible pour les jeunes femmes. « C’est pourquoi le film aborde beaucoup la question féminine , et non pas féministe ».
Sur le même fil, Françoise Navailh explique le choix des comédiennes, la place des femmes dans la société, en tant qu’ouvrière ( elles revendiquent les mêmes emplois que les hommes ) mais avant tout en tant que femmes.
Plusieurs interviews suivent dont celle du réalisateur Vladimir Menshov qui se souvient que personne dans les studios moscovites ne croyait au film. « Idem d’ailleurs pour l’équipe . On a eu un budget de misère , et pourtant on a fait des économies » . Ses anecdotes de tournage ne manquent pas de sel ..
Le scénariste Valentin Tchernykh précise qu’à l’origine l’histoire est vraie, puis détournée pour les besoins de la cause.
Le film
Le bonus
Vingt années de l’Histoire de l’Union soviétique à travers l’épopée romanesque de trois jeunes femmes qui de la province gagneront Moscou pour tenter la réussite sociale promise par la capitale. Vladimir Menshov n’en fait pas des tonnes, et n’insiste jamais sur ces relations entre hommes et femmes qui dictent constamment son récit et repoussent le mélo qui perce dans cette Union Soviétique confinée sur elle-même. La prédominance mâle trouve à plusieurs reprises des oppositions subtiles de la part de la gente féminine si prompte à imposer son indépendance, et son libre-arbitre. C’est joliment raconté, et interprété de manière tout aussi persuasive. A voir pour l’Histoire, celle hors de nos frontières, et celle du cinéma.