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« Moonlight » de Barry Jenkins . Critique cinéma-dvd

Synopsis: Après avoir grandi dans un quartier difficile de Miami, un jeune Noir tente de trouver sa place dans le monde. Ce film évoque son parcours, de l'enfance à l'âge adulte.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Moonlight"
De : Barry Jenkins
Avec : Alex R. Hibbert, Ashton Sanders, Trevante Rhodes, Mahershala Ali, Janelle Monáe
Sortie le : 06 juin 2017
Distribution : Studiocanal
Durée : 107 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Oscars 2017 du meilleur film

La pluie de récompenses qui s’abat sur ce film me surprend. Entre les gouttes, il est indiscutable d’y déceler une œuvre aboutie, profondément réfléchie. Au point d’altérer son sujet principal (la quête identitaire) et le rendre peu accessible dans la multiplication des points de vue sur les dealers, la délinquance, les rapports filiaux, l’homophobie.

J’en passe pour mieux cerner les intentions d’un réalisateur sensible à l’âme humaine qu’il révèle dès la plus tendre enfance d’un gamin abandonné à lui-même. Sa mère vit « à côté » et souvent le rejette. A l’école, il est l’objet des sarcasmes et des coups de poings de ses « copains » qui décèlent en lui un minus, un timide, une proie facile.

Il s’appelle Chiron, mais pour tous c’est Little, sauf pour le caïd du coin qui va le prendre en affection. Un gentil dealer, ça existe aux yeux du cinéaste qui nous le dévoile comme un père de substitution, un grand frère qui va lui apprendre la vie.

Un duo sympathique que l’on accompagne bien volontiers, porté par l’interprétation spontané du jeune Alex R. Hibbert face à la stature apaisante de Mahershala Ali.

A l’adolescence (seconde partie du triptyque) le héros demeure tout aussi renfermé sur lui-même, et de plus en plus intriguant ; il ne s’exprime quasiment jamais. Aussi mystérieux que le chemin emprunté par le réalisateur.

 En assurant à la lumière des teintes mirifiques et à ses plans des codes inhabituels, Barry Jenkins balise son récit de manière très personnelle. On ne peut que s’en réjouir.  Mais son formalisme affaiblit voire contredit la pensée même du scénario au fur et à mesure que le jeune homme prend conscience des réalités du monde qu’il a toujours plus ou moins fuies.

Il est d’ailleurs intéressant de le retrouver adulte, alter-ego du caïd de son enfance, dans la carapace d’un mal-être qui ne l’a jamais quitté. Sa sexualité incomprise, mal assumée en demeure le fondement, même si le réalisateur ne revendique aucun sacrifice, ni pardon. Cette dernière partie, plutôt mollassonne et ralentie, est d’ailleurs assez peu vindicative au regard d’une histoire à la révolte contenue.

Le caïd du quartier prend en main la destinée du gamin

Pour avoir peut-être espéré trop d’un récit porteur de valeurs universelles, on se perd dans la contemplation et l’attente. Barry Jenkins filme avec grâce et élégance, mais le sujet est déjà reparti. Ailleurs…

 

LE SUPPLEMENT

  • Making of : une palette d’émotions (27 minutes). Une fois encore il faudra limiter le terme de Making of à une large présentation du film avec tous les membres de l’équipe. Aucune scène de tournage ne vient malheureusement étayer des propos fort intéressants, comme ceux de l’actrice principale, Janelle Monáe la jeune mère accro. « Ce film raconte comment accepter ce qui nous rend unique, même si ça déplaît aux autres ».

Barry Jenkins insiste bien sur le fait que son film « commence avec un auteur Tarell Mc Craney. Nous avons grandi dans le même quartier, sans se connaître. C’était pour moi le premier récit d’émancipation homosexuelle, sous cet angle. »  Il est beaucoup question de la division du récit en trois parties, avec le héros à trois âges différents. Trois comédiens « qui ne sont jamais rencontrés, n’ont jamais joué ensemble et n’ont jamais vu les images des autres ».

Les intéressés vont s’exprimer, ainsi que tous les autres comédiens dont Mahershala Ali qui dit que le réalisateur « donne aux acteurs l’espace pour s’exprimer, pour trouver leur expression, dans le mouvement et la pensée ».

Oscars 2017 du meilleur film La pluie de récompenses qui s’abat sur ce film me surprend. Entre les gouttes, il est indiscutable d’y déceler une œuvre aboutie, profondément réfléchie. Au point d’altérer son sujet principal (la quête identitaire) et le rendre peu accessible dans la multiplication des points de vue sur les dealers, la délinquance, les rapports filiaux, l’homophobie. J’en passe pour mieux cerner les intentions d’un réalisateur sensible à l’âme humaine qu’il révèle dès la plus tendre enfance d’un gamin abandonné à lui-même. Sa mère vit « à côté » et souvent le rejette. A l’école, il est l’objet des sarcasmes…
Le film
Le bonus

Sur une histoire assez universelle, la quête d’un homme sur sa raison d’être (scolaire, sexuelle, sociale…) le réalisateur porte très haut ses exigences de mise en scène. Au point de privilégier de plus en plus la forme sur un fond qui ne déteint qu’à travers la qualité des interprètes. Bien qu’inspiré par l’œuvre quasi autobiographique de Tarell Alvin Mccraney, le scénario n’atteint pas semble-t-il les couches sensibles du récit. Il ne livre que très rarement le fond de sa pensée. D’où ce trouble, ce mystère qui demeurent latents autour de la personnalité réelle du héros. De l’enfance à l’âge raisonnable (bien que dealer alors) elle me parait assez confuse.

Avis bonus Loin du making of habituel (aucune scène de tournage) tout le monde y va de son petit couplet en disséquant l’esprit du film et de ses personnages. Plus didactique qu’intuitif, à l’image du film.

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