Synopsis: Hire vit depuis des années dans le même appartement, ni pauvre ni riche. Il attend. Alice, qui loge dans un studio juste en face, se rend brusquement compte qu'il l'observe depuis des mois. Il sait tout d'elle et en tombe amoureux, alors qu'Alice est éprise d'Emile et prête a tout pour le protéger.
La fiche du film
Le film
Les bonus
- Restauration Pathé 2020
- Dvd: 21 octobre 2020
- Acteurs : Michel Blanc, Sandrine Bonnaire, Luc Thuillier, André Wilms, Cristiana Réali
- Sous-titres : Anglais
Meilleur DVD Octobre 2020 (7ème)
D’après le roman de Simenon « Les fiançailles de Mr Hire »
Sur cette même œuvre Julien Duvivier a réalisé le très beau « Panique » avec Michel Simon. En admiration devant ce film, Patrice Leconte souhaitait en faire un remake. Le jour où il découvre le roman de Simenon, le cinéaste entrevoit autre chose qu’une nouvelle version.
Il ne retient pas l’enquête policière et le profil du suspect au centre des préoccupations littéraires. L’inspecteur fouineur est bien là ( André Wilms ) mais la teneur des propos tient plus du sentiment que de l’investigation.
Un amour transi pour ce célibataire, le nez constamment collé à sa fenêtre d’où il observe sa voisine . Monsieur Hire n’est pas liant, ni amical remarque le policier. « Les gens ne vous aiment pas ».
Ce qui en fait donc le suspect idéal, à l’attitude encore plus suspecte s’il le voyait espionner l’appartement d’en face. Sans expression notable sur son visage éteint. Monsieur Hire est une énigme que sa victime aperçoit un soir d’orage.
Dans la lumière blanche et crue, la révélation est encore plus scabreuse. Ca ne dure que trois secondes, mais l’éclair si violent nous éclaire à jamais. On connait donc la suite, on l’imagine tout en révoltes et contraintes, quand la belle Alice biseaute les cartes et joue à contre-sens.
Elle s’expose, elle se montre et l’homme tétanisé perd ses repères. Ce que Leconte relève discrètement, à la manière de son héros, décontenancé. Ce qui donne un brin de manière à la mise en scène, de plus en plus stylisée.
Il faut s’y conformer pour comprendre, à la limite pour admettre l’attitude provocatrice de la locataire. Tout aussi déroutante désormais que son voyeur de voisin qui la repousse.
De l’autre côté du miroir, Monsieur Hire est nu, il voudrait fuir, mais pas sans Alice qu’il aime par-dessus-tout. Elle aussi lui dit-elle avec cette même retenue qui pourrait lui faire aimer deux hommes à la fois. Son fiancé s’appelle Emile ( Luc Thuillier) , un drôle de loustic, qui va et vient…
Monsieur Hire ne l’aime pas … Il en sait trop sur lui et ne tourne pas autour du pot comme le fait le réalisateur. A la limite agaçant pour ses personnages aux contours désormais si proches de la vérité.
Un style dans le polar assez inédit à l’époque. Qui à la psychologie mêle un peu de poésie et de piment de police. Une sensualité à fleur de peau. Michel Blanc demeure impassible, parfait dans son costume noir d’atrabilaire chronique. Sandrine Bonnaire tout aussi énigmatique en petite fille pas si sage qu’il n’y parait. Elle cache son jeu, mais le joue si bien !
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec Patrice Leconte et Sandrine Bonnaire . Le réalisateur évoque sa passion pour « Panique » de Julien Duvivier et l’envie d’une nouvelle version qu’il transforme en une nouvelle adaptation du roman de Simenon.
« Mon personnage ne ressemble en rien au livre, ni au film , ou alors il aurait fallu prendre Villeret ou Coluche à la place de Michel Blanc. Mais j’ai très vite pensé à Sandrine Bonnaire qui a refusé… ».
Ils se rencontreront malgré tout à deux reprises et sans que Leconte ne lui demande plus rien, elle commence alors à lui parler du personnage d’Alice. La comédienne a changé d’avis, et ne se souvient plus pourquoi…
« J’ai aimé la façon dont le personnage était écrit, son rapport au désir, la séduction qui en émanait et la manipulation aussi ».
- Conférence de presse à Cannes. Michel Blanc reconnait qu’habitué aux rôles comiques, il a eu du mal à trouver son rôle. « Je suis plutôt du genre petit nerveux, et en travaillant avec Patrice nous sommes arrivés à cette image d’un visage impassible ».
Le réalisateur explique pourquoi il s’est détaché du film de Duvivier et du roman de Simenon. Parmi toutes ses raisons : « Je n’aime pas trop la police au cinéma, les voitures, les capelines … ».
Il dit aussi l’intérêt de ne pas dater son film , sachant qu’il n’aime pas les années 80, et qu’il ne voulait pas faire rétro. « Les époques se télescopent et on se recentre sur les personnages » .
Le film
Les bonus
Michel Blanc n’a pas toujours été très drôle, et quand il fait triste figure c’est plutôt réussi. Comme dans ce film où Patrice Leconte lui aussi familier de fantaisies amusantes, ne met aucun humour cette fois. Noir, sombre, triste , et pourtant on s’attache à ce récit d’un homme solitaire, qui depuis sa fenêtre observe le va-et-vient de sa voisine. A peine voyeur, très amoureux et surtout très dépité quand la belle met à jour son stratagème. Elle devrait porter plainte, mais préfère désarçonner cet homme qui en sait donc beaucoup sur elle, et qu’elle laisse se prendre dans son filet amoureux. Sensualité, érotisme, toujours en demi-teinte au milieu d’une enquête policière qui vise principalement Monsieur Hire. Il se sait innocent, elle sait pourquoi, et malgré tout l’enquête piétine. Un style dans le polar encore assez inédit à l’époque. Qui à la psychologie mêle un peu de poésie et de piment de police. Il faut laisser reposer : Michel Blanc est secret et parfait. Sandrine Bonnaire tout aussi énigmatique en petite fille pas si sage qu’il n’y parait. Elle cache son jeu, mais le joue si bien !