La fiche du DVD / Blu-Ray
le film
Les bonus
1981.César, six nominations, aucune récompense. –
Ça n’a rien de la docu-fiction, ni du documentaire, mais l’objet cinématographique repéré en 1980 demeure un bel Ovni du septième art. Pour expliquer le comportement humain à travers les différents circuits de notre cerveau, Alain Resnais fait appel au professeur Laborit qu’il met en scène parallèlement à l’histoire imaginée d’après les théories du scientifique.
Ça fonctionne aujourd’hui encore très bien sur le mode d’un récit à trois têtes, différentes les unes des autres et issues de milieux tout aussi étrangers. Par le hasard de nos conduites sociales et affectives, elles vont se rencontrer, s’opposer ou s’aimer, selon la manière dont notre cerveau prend la mesure d’un environnement le plus souvent inconsciemment gravé dans notre mémoire.
Le plus évident est peut-être le parcours de cet ambitieux politicien, qui un temps responsable des programmes TV, rêve de littérature, de liberté et de culture (Roger-Pierre). Il quitte sa famille pour une jeune comédienne, pleine de désirs professionnels elle aussi, mais véritablement amoureuse. Nicole Garcias, jeune comédienne, pas encore réalisatrice, lumineuse.
Le couple fonctionne plutôt bien jusqu’au jour d’un désamour brutal et inexpliqué de la part de Janine. Chacun repart de son côté, chacun vit sa vie au grè de ses rêves et de ses envies. L’idée est encore géniale d’associer cette fois aux circonstances du film, des scènes de cinéma jouées par les vedettes préférées de nos personnages.
Danielle Darrieux pour Jean le Gall dont la maîtresse Janine ne rêve que du beau Jean Marais. René Ragueneau le fils de paysan devenu directeur d’usine est fasciné par Jean Gabin. C’est peut-être avec ce dernier que Resnais excelle dans l’art de la transposition et du parallélisme des genres. Avec un Depardieu déjà bien affuté dans l’expression et le maniérisme gestuel.
Il est je pense l’un des premiers personnages à porter au cinéma les bouleversements économiques qui aujourd’hui n’en finissent plus de jouer sur la mondialisation et ses effets néfastes. Il est question de fusion et de transferts de compétences. Mais le ver est dans le fruit nous dit Laborit qui pourtant utilise plutôt des rats et des souris pour dévoiler le bien-fondé de sa pensée.
L’alternance entre le vrai et l’imaginaire nous conduit dans le paradis magnifique du Golfe du Morbihan, où le réalisateur a vécu enfant. C’est un peu de lui-même qu’il nous renvoie et beaucoup de nous dans ce qui demeure une fois encore une belle et fantastique comédie humaine .
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec Alain Resnais. Le réalisateur qui n’aime pas être filmé a laissé sa voix sur magnétophone. Mais les images sont celles du tournage et c’est un making of remarquable où l’on discerne parfaitement le travail de Resnais.
Off, il raconte que le professeur Laborit l’a contacté pour faire un court métrage sur un produit pharmaceutique qui allait sortir, en liaison avec la recherche sur la mémoire. « Que ce soit moi qui tourne était la condition sine qua none. J’ai alors proposé d’en faire un long métrage ».
Le scientifique ignorait tout des personnages imaginés par Resnais (dialogues et scénario Jean Gruault).
Pour le casting, il dit qu’à chaque film il choisit ses comédiens les uns en fonction des autres, jamais individuellement. « Et je ne joue pas la scène à l’acteur, je lui demande de se débrouiller pour la motivation et tant qu’il évolue je refais les prises. Quand ça devient mécanique, trop technique, je me dis qu’on a eu le meilleur et là j’arrête ».
« Je n’ai pas peur de la théâtralité, peut-être que je la recherche d’ailleurs et au montage l’instinct prime sur la logique ».
- Entretien entre François Taddei (biologiste) et Joachim Lepastier des Cahiers du Cinéma. On y rappelle que Alain Resnais vient du documentaire, un style qu’il imprime ici en intégrant Henri Laborit au processus de réalisation.
« On voit très vite les limites entre le discours scientifique et celui de la fiction » relève Taddei quand son voisin remarque qu’il s’agit de science et de fiction, sans être de la Science-fiction « car la science évolue toujours » reprend Taddei. « Les théories du film ne sont plus forcément celles d’aujourd’hui ».
- « Ecrire contre l’oubli » (3 mn). Il s’agit d’un projet développé à l’époque pour Amnesty International : réaliser trente courts métrages sur des prisonniers politiques.
Alain Resnais filme François Jacob le biologiste décédé en 2013 qui écrit une lettre à Fidel Castro pour demander la libération de Esteban Gonzalez Gonzalez, emprisonné en 1989. Il sera libéré trois ans plus tard…
le film
Les bonus
Une collaboration entre un scientifique de renom (Henri Laborit) et un cinéaste tout aussi reconnu (Alain Resnais) a conduit à mettre en scène cette fiction sur la vie des hommes à travers les réflexions du chercheur. Ça n’a rien de la docu-fiction, ni du documentaire, mais l’objet cinématographique repéré en 1980 demeure un bel Ovni du septième art. Ça fonctionne encore très bien sur le mode d’un récit à trois têtes, bien différentes les unes des autres et issues de milieux tout aussi étrangers. Par le hasard de nos conduites sociales et affectives, elles vont se rencontrer, s’opposer ou s’aimer, selon la manière dont notre cerveau prend la mesure d’un environnement le plus souvent inconsciemment gravé dans notre mémoire. Avec un casting relevé autour de Gérard Depardieu, déjà, Nicole Garcia, Pierre Arditi, et Roger Pierre… AVIS BONUS Un entretien avec Alain Resnais sur les images du tournage, formidable , ainsi qu'une confrontation entre un critique de cinéma et un biologiste...
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