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« Mommy » de Xavier Dolan. Critique DVD

Synopsis: Une veuve mono parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent profondément turbulent. Ensemble, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l'aide inattendue de la mystérieuse voisine d'en face, Kyla.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Mommy"
De : Xavier Dolan
Avec : Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon, Suzanne Clément, Patrick Huard, Alexandre Goyette
Sortie le : 18 mars 2015
Distribution : Diaphana
Durée : 92 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

César du meilleur film étranger 2015

Le Meilleur DVD Mars 2015

L’âge de l’auteur doit-il nous étonner de découvrir une œuvre aussi mature ? Si la valeur n’attend pas un vieillissement précoce de la part de Xavier Dolan, elle le gratifie déjà, d’une somme de connaissances traduites en langage cinématographique ahurissant.

Le format n’est pas un leurre. En inversant de haut en bas, le rectangle traditionnel, Dolan  reprend un principe déjà entrevu dans « Ida » et «  Une histoire banale ». Il réserve à l’acteur l’entière plénitude de sa fonction, prioritaire à l’action. Antoine-Olivier Pilon (le fils), Anne Dorval (la mère), Suzanne Clément (la voisine) en usent avec bonheur. Ils sont formidables, mais Cannes ne le sait pas.

Les visages sont donc au plus près, logique, mais l’expression nous vient d’ailleurs. De l’âme et du cœur, le plus souvent, quand le mal qui les ronge ne peut se satisfaire de quelques contorsions ou grimaces des lèvres. Devant l’attitude irraisonnée de Steve, hyperactif et violent, la société s’en remet à la maman, veuve et un brin rock’n roll.

Ce qui n’est pas incompatible aux yeux de l’ado complètement perturbé par son mal intérieur, le devient au fil des relations de plus en plus tumultueuses avec la mère.

Les rapports sont troubles, quasi incestueux, toujours chahutés par l’inconstance de ce couple qui va pourtant se battre jusqu’à l’ultime,  pour tenter de sauver ce qu’il reste d’amour. Filial et platonique avec la voisine d’en face qui très vite trouve sa place dans ce huis-clos familial désormais peu banal.

On ne sait pas grand-chose d’elle, sinon qu’un problème de bégaiement lui interdit momentanément d’enseigner. Mais au contact de Steve, Kyla retrouve la parole et le plaisir de vivre.

Malgré les coups de gueule, et les coups dans la gueule. Quand Steve se déchaîne, quand il pète les plombs, c’est une digue qui s’écroule, un monde qui prend l’eau. L’humeur est pourtant parfois drôle, et même légère, car la vie se rattrape toujours d’une manière ou d’une autre.

 Dolan qui connaît semble-t-il très bien la pathologie dont souffre son héros, en fait un tourbillon permanent au cœur d’une mise en scène fulgurante. L’illusion d’un happy-end travesti en vie exemplaire  l’illustre parfaitement. D’une manière ou d’une autre, Steve aura toujours la vie sauve.

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien de Xavier Dolan avec Michel Ciment « Projection privée » France Culture (48 mn). Cette rencontre est une leçon de cinéma, à sa façon bien évidemment, mais c’est très prenant. «  Dans Mommy, il n’y avait pas de rôle pour moi, ou alors de petites apparitions, je ne voulais pas distraire le spectateur avec ce genre d’intervention ».Les autres films sont passés en revue dont «  Tom à la ferme », « un film retenu, sobre, je ne le considère pas comme stylé » relève son auteur.

« Laurence anyways» ? : « Un scénario fulgurant, film visuellement abondant, généreux ».

« Toutes les erreurs accumulées forment l’apprentissage » dit-il encore en abordant plus généralement la façon dont il travaille. Il fait quasiment tout. «  Je suis le scénariste engagé pour réécrire l’histoire. » Il assure le montage, dirige, joue … « Le montage c’est une réécriture ».

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  • Rencontre au cœur du festival de Cannes (19 mn). Remerciements, standing ovation, tout y passe et l’émotion dont se souvient Xavier Dolan « Mon père, ma mère était derrière moi. (…) c’est un privilège de faire ce métier ». Comment l’idée du film  lui est venue ?  (Ce qui est développé dans l’émission de France Culture : une mère qui avait abandonné son fils invivable, dans un hôpital, comme une loi le permet.

On parle ensuite du film avec des éclairages particuliers sur tel ou tel scène

  •  Le discours de remerciements à Cannes (6.40 mn). « Je vais dire ceci au mieux de ma possibilité », un texte très bien écrit ( professionnel jusqu’au bout ), à découvrir une fois encore quand Dolan évoque «  la revanche de nos amours imaginaires ». Après le français, le réalisateur passe à l’anglais pour s’adresser directement à  James Campion. «  Votre film –La leçon de piano- a défini ma vie, ma carrière. Me retrouver sur la même scène que vous  … »
César du meilleur film étranger 2015 Le Meilleur DVD Mars 2015 L'âge de l'auteur doit-il nous étonner de découvrir une œuvre aussi mature ? Si la valeur n’attend pas un vieillissement précoce de la part de Xavier Dolan, elle le gratifie déjà, d’une somme de connaissances traduites en langage cinématographique ahurissant. Le format n’est pas un leurre. En inversant de haut en bas, le rectangle traditionnel, Dolan  reprend un principe déjà entrevu dans « Ida » et «  Une histoire banale ». Il réserve à l’acteur l’entière plénitude de sa fonction, prioritaire à l’action. Antoine-Olivier Pilon (le fils), Anne Dorval (la mère), Suzanne Clément (la voisine) en…

Review Overview

Le film
Les bonus

L’âge ne fait donc rien à l’affaire, car la maturité de cette œuvre est proprement ahurissante. Dolan cerne au plus près (et le cadre ne fait pas tout) les égarements d’un ado, impulsif et violent. Il les inscrit parfaitement dans un cadre familial où les emportements fréquents et de plus en plus insoutenables, de Steve, mais aussi de sa mère, tourbillonnent dans une mise en scène totalement habitée.L'humeur est pourtant parfois drôle, et même légère, car la vie se rattrape toujours d'une manière ou d'une autre. Antoine-Olivier Pilon (le fils), Anne Dorval (la mère), Suzanne Clément (la voisine) constituent ce trio incroyablement vrai, acteurs de ce  mélodrame qui affleure toujours, mais ne sombre jamais dans le pathétique. Incroyablement vrais, Cannes auraient pu aussi les distinguer …

Avis bonus Xavier Dolan ne montre pas grand chose de son travail, mais il en parle beaucoup, et très bien

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22 Commentaires

  1. Waouh, cela fait deux jours que j’ai vu « Mommy », et il me fait encore mal !
    Film fort , mené au galop :impétueux, prêt à exploser telle la façon d’être du fils ,sans oublier les deux femmes,qui surnagent également dans leur mal-être.
    A la fin, le retour à la situation initiale – en pire , vu l’impossibilité de gérer des sentiments profonds- nous confronte à notre propre impossibilité à communiquer parfois, alors que l’envie en est sous jacente.
    Les 3 acteurs sont excellents et les 138 minutes de projection passent trop vite.
    A revoir…

  2. Quel film ! Il aurait lui aussi mérité la palme f’or à Cannes, mais peut-on raisonnablement la retirer à Winter Sleep ? Comment peut-on être aussi doué à 25 ans pour le tourner ? Tout est réussi : scénario, choix des acteurs, thèmes, et musiques qui alternent l’excellent (Dido, Counting Crows, Lana Del Rey, Oasis) et l’incongru (Céline Dion). On aimerait que le film dure encore plus longtemps. Courez-y !

  3. Le GÉNIE, c’est le GÉNIE ! tu comprends tu?
    C’est extraordinaire, ça vous remue en dedans des émotions, et ça vous brasse longtemps après cette force la…

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