A nous de chercher l’indice, la raison, l’intention. Jubilatoire
La fiche du film
Le film
Les bonus
- Coffret « Claude Chabrol, suspense au féminin » : »L’Enfer« (1994)- « La Cérémonie« (1995) – « Merci pour le chocolat« (2000) – « La Fleur du mal« (2003) – » Rien ne va plus« (1997).
L’histoire : Dans la douceur confortable de la Suisse, une jeune pianiste, Jeanne, apprend par hasard qu’elle a failli, à sa naissance, être échangée avec Guillaume, fils d’un pianiste virtuose, André Polonski. Elle en profite pour s’introduire chez ce dernier qui en fait son élève. Le manoir des Polonski est dominé par la figure bienveillante de Marie-Claire, dite Mika héritière des chocolats Muller. Jeanne en vient à douter de cette bienveillance comme de l’innocence du chocolat qu’elle prépare avec soin…
D’après « The Chocolate Cobweb » de Charlotte Armstrong
Isabelle Huppert -Prix d’interprétation Montréal 2000
A l’époque, le public n’a pas apprécié cette politesse sucrée par les apparences d’un film qui ne se conforme pas aux stéréotypes du genre. On l’annonce policier alors qu’il est psychologique, attentiste, ou bien encore sulfureux.
Un couple se forme après la mort de Lisbeth, la première femme, dans un accident de voiture . Il venait de rendre visite à Mika, qui allait devenir la seconde épouse.
On n’y voit pas forcément malice et encore moins suspicion de quoi que ce soit. Simplement une marque d’intérêt pour cette aventure sentimentale que le passé relance le jour où une demoiselle évoque le fait d’être peut-être la fille du monsieur en question.
André se souvient effectivement de la naissance de Guillaume, et la perte d’un bracelet de bébé . Rien de conforme là encore à une vérité formelle, chacun rentre chez soir et 22 ans plus tard en ressort avec des inquiétudes.
Jeanne qui prépare le concours de piano de Budapest voit là une très bonne occasion de s’approcher d’André, un pianiste réputé. Ce n’est pas du goût de Guillaume, ( Rodolphe Pauly ) mais Mika l’accueille avec condescendance quand son mari la suit sur le clavier.
Où est le thriller ? Où est l’intrigue ? Où est le meurtre ? Tout dans ces questionnements orchestre le bel ordonnancement d’une histoire qui va qui vient au fil des sentiments, des émotions, des attentes.
Jeanne progresse sur les « Funérailles » de Franz Liszt et sur ses relations avec la famille Polonski .
Elle a été en quelque sorte adoptée, comme le fut Mika autrefois. La dame n’en laisse rien paraître ou si peu que Jeanne se pique peu à peu à son jeu. Être et paraître, perverse ou bienveillante, ce que Chabrol filme merveilleusement sans trop pousser le raisonnement au niveau d’une investigation.
Ce n’est pas un film policier …
C’est si bien dit, si bien joué ( Isabelle Huppert, experte en la matière ) que la suite est pianotée par une jeune fille devenue intrigante, presque sauvage. Anna Mouglalis n’avait alors que 22 ans, mais déjà une personnalité secrète elle aussi, mise au service d’un scénario complice.
Favorable à un Dutronc tout aussi amusé, distant et parfait dans ce complet de virtuose, pour dire en réalité les choses ! Une foule d’indices culbutés, quelques poisons administrés, et un final sans fin. En diable Chabrolien !
LES SUPPLEMENTS
- Scènes commentées . Le mystère des deux pianistes-Le chocolat de Mika-Les vapeurs du passé-Chez Polanski
- Sur le tournage ( 26 mn ). C’est encore une immersion totale dans les coulisses, où Chabrol laisse libre cours à son caméraman pour mettre à jour son travail, sa direction d’acteurs et ses humeurs.
Tout le monde y met son grain de sel, avec cette fois un thème sur la perversité « considéré comme le mal absolu ». Isabelle Huppert dit que c’est « un film qui essaie de percer le mystère de la préméditation ».
Derrière le réalisateur en action, Marin Karmitz , casque sur les oreilles suit avec attention les opération. « Chabrol n’est pas quelqu’un de pervers, alors que j’en ai connu des réalisateurs pervers. Il a l’intelligence de maîtriser la perversité ».
- Isabelle Huppert, un personnage chabrolien avec Serge Toubiana ( 7 mn ). J’imaginais une rétrospective de tous les rôles joués pour Chabrol alors que la comédienne ne fait que se souvenir de tous ses personnages .
« J’ai pris le train en marche dès Violette Nozières, mais cette typologie existait bien avant. Et elle existe en dehors de moi. Il y a un noyau central avec différentes facettes tout autour, de film en film et c’est jamais pareil ».
- Bouts d’essais d’Anna Mouglalis (10.30 mn ). C’est peut-être un peu répétitif, mais tellement amusant de voir rejouer la même scène trois-quatre fois avant de la voir sur l’écran.
- Une demi-heure avec Jacques Dutronc par Nicolas Saada ( 31.20 mn ). L’intitulé du chapitre évoque en demi-teinte l’exploit d’interviewer pendant aussi longtemps le flegmatique passager de l’air.
Même si celui-ci est tout disposé à l’exercice, on le sent parfois ailleurs, égaré ou légèrement paniqué. Nicolas Saada, malgré quelques hésitations s’en sort plutôt pas mal.
Un personnage un peu à son image . « Il est ambigu, on ne sait pas ce qu’il pense, ce qu’il sait, à l’écart ». Dutronc aime la façon dont travaille Chabrol : « deux prises et puis c’est bon. Il y en a tellement qui en font des tonnes , et qui vous disent ce qu’il faut faire. Là je suis tranquille… »
Il dit aussi tout le bien qu’il pense d’Isabelle Huppert avec qui à l’époque il a déjà tourné trois films…
Le film
Les bonus
Ce n’est pas forcément le meilleur de ses films ( je ne saurais dire lequel… ) mais un de ceux qui lui ressemble le plus. Sa marque de fabrique dans l’attente d’une mise en scène toujours en suspens et jamais révélatrice de quoi que ce soit.
A nous de chercher l’indice, la raison, l’intention. Ce qui n’est pas forcément chose aisée dans ce film, mais tellement jubilatoire.
Une jeune fille pense être la fille d’un célèbre pianiste. Comme elle prépare un concours de piano, elle rencontre le maître qui se souvient effectivement que le jour de la naissance …
L’entente familiale s’en trouve à peine perturbée, tant la femme du monsieur lui ouvre grand les bras. Guillaume le fiston paraît plus circonspect par les attendus de la nouvelle venue, et se tient à l’écart. Après quoi on apprend que la première femme du musicien est morte dans un accident de voiture après avoir rendu visite à celle qui deviendra sa seconde femme.
On n’y voit pas forcément malice et encore moins suspicion de quoi que ce soit. Simplement une marque d’intérêt supplémentaire dans un film qui en regorge. Avec une interprétation au sommet de la part d’ Isabelle Huppert, experte en la matière et Anna Mouglalis bien jeune et si prometteuse.
En phase avec Jacques Dutronc tout aussi amusé que parfait dans son complet de virtuose, pour dire au final, les choses ! Un personnage en diable Chabrolien !
AVIS BONUS
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