Synopsis: En 1986, dans la province de Gyunggi, le corps d'une jeune femme est retrouvé dans la campagne. Deux mois plus tard, d'autres crimes similaires ont lieu. Une unité spéciale de la police est créée sous les ordres d'un policier local et d'un détective spécialement envoyé de Séoul. Devant l'absence de preuves concrètes, les deux hommes sombrent peu à peu dans le doute...
La fiche du DVD / Blu-Ray
le film
Les bonus
Un serial killer sous la pluie près d’une usine. Et la police qui patine.
Il faudra m’expliquer la fascination du cinéma asiatique, et plus particulièrement coréen, pour ce type de scénario. Succès public à la clé …
Prochainement, le grand prix du festival de Beaune 2018 ( « Une pluie sans fin ») débarque sur nos écrans avec le même genre d’individus, peu recommandables, que l’on retrouve chez Joon-Ho Bong au début de ce siècle…
Tout aussi tordus, les flics et les suspects improbables du réalisateur sud-coréen se fondent dans un misérabilisme ambiant et à la déprime générale.
Les pieds pris dans leurs contradictions et leurs méthodes peu orthodoxes, les enquêteurs de cette campagne tristounette voient alors débarquer de la grande ville (Séoul) celui qui devrait remettre un peu d’ordre dans ce grand foutoir.
Des flics à côté de la plaque, balourds, maladroits, rigolos, qui n’en ratent pas une, sur fond de réels faits divers dont s’est largement inspiré Joon-Ho Bong. A-t-il été jusqu’à reproduire la manière de confondre un meurtrier qui de toute évidence ne l’est pas ?
Décorum peu sérieux de l’entreprise policière couronnée par la reconstitution d’un des crimes, summum grand guignolesque et aboutissement de toutes les bêtises précédentes.
Ce qui au final donne une impression de naïveté première ( le réalisateur n’est pas un sot, je suis au courant ) délayée dans un thriller cloche-pied qui utilise les pouvoirs d’un chaman ridicule et des méthodes fantaisistes d’investigation comme le course poursuite de nuit sur les lieux du crime.
J’ai souvent souri ,voire rigolé de bon cœur, mais était-ce vraiment le but recherché ? Je ne pense pas …
LES SUPPLEMENTS
- Retour sur les lieux des crimes ( 63 mn ) . Le titre est explicite et répond parfaitement aux attentes avec les souvenirs de l’équipe du film accompagnée de plusieurs scènes .
Rappel : Septembre 86 – avril 91 dans la région de Hwasung, 10 femmes sont assassinées . Elles avaient entre 14 et 71 ans, le meurtrier n’a jamais été retrouvé.
Sung Bo Shim : « j’ai reçu le titre de co-scénariste grâce au succès du film, mais je pense plus avoir aidé le réalisateur qu’avoir été son co-auteur ».
On revoit la préparation du projet sur les lieux du crime et certains d’entre d’eux. Le neuvième meurtre fut « le plus horrible » selon le réalisateur, « le plus pervers (… ) on a refait à l’époque tout le parcours de l’adolescente… » .Une cérémonie bouddhiste a eu lieu pour le repos des âmes des victimes « nous avons essayé d’être respectueux ».
Parmi les anecdotes marquantes, la convocation de 200 figurants sur une journée pour une scène avec de la pluie qui ne viendra pas. Le réalisateur ne veut pas tourner et s’enfuit avec l’un de ses assistants. Le producteur dit qu’il comprend … « à l’époque on pouvait attendre toute une journée pour la lumière et ne rien faire ».
La dernière scène avec la petite fille qui passe devant le lieu d’un crime est aussi longuement décryptée…
« L’idée que le tueur ait pu voir le film tranquillement dans un fauteuil de cinéma ça me met en colère. Je voulais vraiment répondre à la question sur l’échec de la traque par la police , mais le cinéma aussi ! Et je crois que l’époque elle-même est la raison de notre échec, 1980, on atteint les limites des ténèbres, c’est la fin d’une ère » dit aujourd’hui le réalisateur qui rejette toute nostalgie, sauf celle du début des années 2000 . « C’était l’âge d’or du cinéma coréen ».
- Bong sound ( 14 mn ). Il fallait des sons qui recrée la vraie vie, rien d’hollywoodien , un esprit naturaliste en jouant sur le bruit de la pluie, du vent ou sur la musique…
Très pointilleux sur le sound design. « L’enregistrement en studio résonnait comme sur du bois alors que ça devait être le son du ciment. (… ) Le son et la musique devaient contribuer à créer le suspense ».
- Making of d’époque ( 17 mn ). Beaucoup d’interviews et la recherche des décors aux quatre coins de la Corée, la région de Hwasung montrée dans le film n’existe plus, la ville a rattrapé la campagne…
« Ce succès soudain, je le trouve drôle » raconte le réalisateur qui parle d’un thriller rural, en opposition à ce qui faisait déjà pour le film noir aux USA.
- La musique de Taro Iwashiro ( 14 mn ). La musique a été composée du point de vue du tueur, « mais sans la jouer tragique quand l’image reflétait le drame » prévient Joon-Ho Bong qui parle toujours de conserver le contexte de l’époque.
- Décors et accessoires ( 11 mn ). « Pour restituer la médiocrité de l’époque j’ai choisi ce sous-sol comme salle d’interrogatoire » se souvient le réalisateur avec « un espace qui donne l’impression d’être au fond d’un puits » renchérit la décoratrice en évoquant ce long escalier qui y mène.
Exercice pratique avec la maison sur la colline, la construction ? Il n’ y a pas de route et l’endroit est très exigu , alors c’est plus sur l’environnement que l’impression d’une maison ressort dans le paysage . Les images, commentées par le réalisateur sont très parlantes, joli document technique et pratique pour les apprentis décorateurs
- Costumes et maquillages ( 11 mn ). Mêmes réflexions que précédemment autour de l’époque qu’il fallait restituer dans sa monotonie, sa grisaille, et le style des années 80 parait bien démodé aujourd’hui. « Je veux des peaux fraîches comme des fleurs » disait le cinéaste« car c’est un film qui passe de visage en visage ».
- Les effets spéciaux ( 5 mn ). Plusieurs scènes sont expliquées ( l’accident avec le train, la lampe torche dans la nuit… ) et c’est super à voir et à entendre.
le film
Les bonus
D’après un fait divers réel ( le meurtre d’une dizaine de femmes dans les années 80 en Corée ), Joon-Ho Bong tente un portrait de la société de cette époque. Défaitisme ambiant , teinté d’une désillusion sociale qui rejaillit sur la police. Son image est ternie par des méthodes d’investigation ridicules et des protagonistes tout aussi imbéciles.
Les femmes, bien souvent les victimes, ne sont pas mieux loties dans leur posture assassine et leur condition d’existence recroquevillée sur la peur et l’innocence. Le réalisateur sud-coréen délaie beaucoup ses intentions et ne réussit pas à imposer un tableau conséquent de ce qui défile sous nos yeux. Quelques esquisses seulement de personnages particuliers pour un thriller qui demeure raisonnable, et presque lassant à force de se répéter.
AVIS BONUS
Il y en a beaucoup, la plupart sont des documents d’époque avec en ouverture un retour sur les lieux du crime qui resitue parfaitement le contexte de ce film. Excellents bonus !
4 Commentaires
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