Synopsis: À Naples, au cours du 20ème siècle, le parcours initiatique de Martin Eden, un jeune marin prolétaire, individualiste dans une époque traversée par la montée des grands mouvements politiques. Alors qu’il conquiert l’amour et le monde d’une jeune et belle bourgeoise grâce à la philosophie, la littérature et la culture, il est rongé par le sentiment d’avoir trahi ses origines.
La fiche du film
Le film
- Mostra de Venise 2019, Luca Marinelli, prix d’interprétation . –
- D’après le roman de Jack London . –
- DVD :03 Mars 2020
Il y a beaucoup de grandeur dans ce film italien, dont le transfert réussi de l’œuvre-éponyme sur la botte transalpine.
Par l’infidélité obligée au roman de Jack London, le réalisateur Pietro Marcello et son scénariste Maurizio Braucci suggèrent plus qu’ils ne représentent. L’évocation est de tous les plans ou presque, reléguant l’aventure de ce héros de l’Univers à quelques vaguettes échouées dans le port de Naples.
Là où après avoir sauvé de la bagarre un jeune homme de bonne famille, le voici au cœur du clan Orsini qui le remercie à n’en plus finir. Martin est aux anges surtout à la vue d’Elena (Jessica Cressy) dont l’image et le souvenir ne vont plus le quitter.
Une oie blanche et lui le méchant loup ( Luca Marinelli). Ils vont s’apprivoiser en apprenant la vie, celle qui fourmille sur les pavés du port et entre les lignes des grands auteurs.
Venu de nulle part, Martin Eden n’y connait rien, et le sait bien. Deux fois maîtresse, Elena se charge de l’éducation. « J’apprends de nouveaux mots, je m’en fais des amis » écrit-il en ânonnant ses premiers vers qu’un grand poète va remarquer.
Mais Russ Brissenden (Carlo Cecchi ) compte ses jours et voit en Eden la relève possible de ses combats sociaux et politiques pour le bonheur et la libération des peuples. Une charge bien lourde pour le jeune héros qui vogue d’une rive bourgeoise convoitée pour sa belle à la terre de ses ancêtres qu’il piétine peu à peu avant de les trahir.
C’est à Naples et dans sa proche région que le réalisateur a su trouver ses couleurs d’une poésie souveraine, y mêlant des images d’autrefois ( archives réelles ou recréées ) en guise de flash-back . Superbe procédé pour illustrer le passé, les souvenirs et l’Histoire transalpine, d’un siècle révolu au cours duquel le ferment révolutionnaire allait voir naître un pays.
Une fresque historique émouvante dans le sillon de « 1900 » de Bertolucci , une portée humaine et sociale, aussi, que « Le voleur de bicyclettes » nous renvoie dans le regard de Maria, ( Carmen Pomella) la veuve si aimante et généreuse.
C’est avec elle que Martin trinque à la santé des usuriers « sans qui la terre ne tournerait pas ». Cette petite séquence sublime demeure je crois de pure fiction. London l’a rêvée, Marcello l’a tournée !
Le film
Le réalisateur Pietro Marcello et son scénariste Maurizio Braucci ont beau faire des entorses au roman de Jack London, ne serait-ce que ce saut entre San Francisco et Naples, ils réussissent à lui redonner cette ambiance, cette atmosphère, et ce ton prophétique de bouleversements sociaux et politiques importants, à venir. On les suit à travers un marin sans fortune qui en la rencontrant va s’ouvrir à la culture ( la littérature en particulier ) et découvrir l’amour. C’est une romance à dix balles transmuée par une plume et une caméra et le talent de Luca Marinelli récompensé à juste titre à Venise en 2019.
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