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« Marie Heurtin » de Jean-Pierre Améris . Critique dvd

Synopsis: Née sourde et aveugle, Marie Heurtin, âgée de 14 ans, ne peut communiquer avec le reste du monde. Son père, modeste artisan, refuse l’asile comme le lui conseille un médecin qui la juge « débile ».Il se rend à l’institut de Larnay, près de Poitiers, où des religieuses prennent en charge des jeunes filles sourdes. Malgré la Mère supérieure, une jeune religieuse, Sœur Marguerite, s’occupera du « petit animal sauvage » pour sortir Marie de sa nuit..

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Marie Heurtin"
De : Jean-Pierre Améris
Avec : Isabelle Carré, Ariana Rivoire, Brigitte Catillon, Noémie Churlet, Gilles Treton
Sortie le : 18 mars 2015
Distribution : Diaphana
Durée : 92 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Mars 2015 ( 5 ème )

Pour faire pleurer Margot. Une famille démunie, une enfant handicapée, irrécupérable, et le monde qui ferme les yeux. Cette histoire vraie qui se déroule en fin de siècle, le 19 ème, s’imprime toujours à la une de nos journaux. De l’accueil des trisomiques à celui des autistes, la sphère médicale ne compte plus les cas, sans véritable solution pérenne .

Le film de Jean-Pierre Améris nous le rappelle si nous dépassons le stade émotif dans lequel il nous plonge en racontant  avec un détail de circonstances propres à ce genre de récit. Depuis le début, la chose est entendue : sa prise en charge par une sœur dévouée à qui tout le monde prédit l’échec, sera d’une manière ou d’une autre, une réussite.

Mais le réalisateur assure le premier degré d’une thérapie dont on assimile assez rapidement les embûches, puis les bienfaits. Tous les lieux communs défilent sans contribuer vraiment à enrichir le scénario. Il est aidé par une comédienne qui habituellement contient ses élans . Dans la douceur et la rémission, Isabelle Carré en fait des tonnes.

On compatit devant l’obstination de sœur Marguerite face à une pensionnaire, sauvage, irraisonnée. On comprend la colère de Marie, sans cesse en éveil qui  déclenche des tempêtes que la religieuse affronte sereinement, jusqu’à l’épuisement. « Ma vie est un calvaire, quel chemin emprunter? » confesse-t-elle dans l’intimité de sa cellule où le froid attaque à nouveau sa fragile santé. Lors d’une rechute, elle devra quitter l’orphelinat, laissant sa protégée dans le dénuement le plus total.

Marie Heurtin

Un apprentissage de la vie exécrable, renforcée par le déracinement familial qui n’arrange pas l’état psychique de la jeune fille. Mais la technique du plan serré que le cinéaste affectionne ici, ne retient que les émotions passagères d’un visage fatigué, d’un corps abandonné…

On passe semble-t-il à côté de l’essentiel, le ressenti profond d’une existence qui ne s’exprime ici que par la déraison. C’est effectivement très visuel et Ariana Rivoire, jeune comédienne sourde, force l’admiration à rendre son personnage aussi percutant.

La mère supérieure ? Fidèle au stéréotype de cinéma : acariâtre, revêche et j’en passe et des meilleurs. Mais le jeu de Brigitte Catillon mérite à lui seul deux ave et un pater. Elle est craquante !

photo-Marie-Heurtin-2014-5

LES SUPPLEMENTS

  • Making of (25 mn). Dans le détail on assiste aux coulisses de ce film, avec des scènes de tournage, plusieurs, préparées, expliquées avec toujours une traductrice du langage des signes. Le réalisateur ne nous cache rien de sa manière de travailler, c’est vraiment un grand making of.

« Un film tourné en sept semaines, avec les moyens du bord, c’est aussi ce que je voulais dans la simplicité, humblement, avec ce qu’il fallait, mais sans une très grande équipe (…) C’est un film sur la beauté du monde, et la petite Marie, sourde-aveugle va le percevoir ». Sans excès, il semble que l’ambiance sur le plateau était plutôt sympa, dynamique.Lorsqu’Isabelle Carré doit porter la gamine dans la brouette, le plan paraît un peu difficile aux petits bras de la comédienne.  « Mon Dieu aidez-moi, c’est sœur Marguerite qui vous le demande » murmure-t-elle, en se préparant à dévaler un chemin très en pente.

Isabelle Carré qui par ailleurs évoque le langage des signes «  il faut laisser le corps s’exprimer sans rien dire, la beauté du geste, comme une chorégraphie à apprendre, ça m’a rappelé la danse ».  On la voit d’ailleurs entre deux prises s’adresser à la jeune fille, longuement, dans ce langage qu’elle a parfaitement apprivoisé. Après quoi la neige se met à tomber, on nous montre vraiment tout, super !

  • Un cinéaste dans le monde des sourds (15.45 mn). Une rencontre au centre d’accueil de Larnay, près de Poitiers, qui reçoit de jeunes sourds-aveugles. Marie Heurtin et Sœur Marguerite y ont vécu.  Ariana Rivoire, sourde et comédienne est fortement impressionnée, et le spectateur avec, qui découvre ce monde sans lumière, sans bruit  où les sourires remplacent tout. Il y a notamment une discussion avec le jeune plongeur du restaurant, où tout le personnel est sourd aveugle, impressionnant… il s’agit cette fois de la langue des signes, tactile.

Après quoi on retourne sur le tournage, où ce langage est disséqué à travers les recommandations du metteur en scène, c’est un autre making of qui voit le jour, avec l’importance des interprètes comme le fait remarquer Améris «  est ce qu’ils allaient bien traduire ce que je demandais ? ».

  • Interview de Jean-Pierre Améris (18.40 mn). « Dans mon enfance j’avais été impressionné par le film de Arthur Penn «  Miracle en Alabama » et je m’étais toujours dit que je pourrais faire quelque chose sur cette jeune américaine sourde-aveugle. » Des recherches sur Internet, et il découvre l’histoire de Marie Heurtin…« Ma démarche a toujours été de dire : essayons de mettre au centre de l’écran, des personnages écartés dans la vie », voyez sa filmographie, «  c’est ce qui me porte ».

photo-Marie-Heurtin-2014-10

Il envisageait alors de faire jouer une vraie sourde-aveugle de Larnay, mais les difficultés sont importantes. Nombreux castings, recherches infructueuses quand Jean-Pierre Améris remarque Ariana Rivoire dans une cantine d’un institut spécialisé  à Chambéry, elle a oublié de s’inscrire au casting, mais le réalisateur sait que c’est elle.

Isabelle Carré ?  « C’est mon alter-ego, nous avons beaucoup de points communs, tenir le chaos à distance, mais d’une main ferme, toujours à l’heure, attentive… ».

Meilleur dvd Mars 2015 ( 5 ème ) Pour faire pleurer Margot. Une famille démunie, une enfant handicapée, irrécupérable, et le monde qui ferme les yeux. Cette histoire vraie qui se déroule en fin de siècle, le 19 ème, s’imprime toujours à la une de nos journaux. De l’accueil des trisomiques à celui des autistes, la sphère médicale ne compte plus les cas, sans véritable solution pérenne . Le film de Jean-Pierre Améris nous le rappelle si nous dépassons le stade émotif dans lequel il nous plonge en racontant  avec un détail de circonstances propres à ce genre de récit.…

Review Overview

Le film
Les bonus

L’histoire est vraie, de la fin du 19 ème siècle et elle va faire pleurer dans les chaumières. Mais une fois le constat de pitié passé, j’ai personnellement attendu patiemment que le film prenne enfin sa véritable dimension. Alors que le réalisateur s’attarde longuement sur les handicaps de la jeune fille et les efforts engagés par la religieuse, on espère que le ton prenne une autre tournure. On passe semble-t-il à côté de l’essentiel, le ressenti profond d’une existence qui ne s’exprime ici que par la déraison. Isabelle Carré, habituellement plus inspirée entre dans le jeu de la compassion, Ariana Rivoire, sourde elle-même rend son personnage très percutant.

Avis bonus Un grand et vrai making of, une immersion dans le monde des sourds, des rencontres, c'est du grand dvd

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