Synopsis: En Normandie, peu après la Libération, Manon Lescaut, une jeune femme accusée d'avoir collaboré avec les nazis, est poursuivie par les villageois. Robert Desgrieux, un ancien membre de la Résistance, intervient pour la sauver. Tous deux s'enfuient vers Paris et entament une liaison. Mais bientôt, ils se perdent dans de sordides histoires. De plus, l'amour exclusif de Robert gêne Manon.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
« Toutes les femmes se couchent, suffit d’avoir le matelas ».
Mr Paul est un planqué de la seconde guerre mondiale dont il a beaucoup profité. La gente féminine lui tombe dans le portefeuille. Mr Paul est un prédateur que le roman de l’Abbé Prévost écrit au XVIII ème siècle ne mentionne bien évidemment pas.
Henri-Georges Clouzot imagine ce personnage ignoble et débauché avec une liberté égale à l’adaptation qu’il fait de l’œuvre littéraire. Le cinéaste enjambe quasiment trois siècles pour plonger dans les affres de la seconde guerre mondiale, ses conséquences et les premiers jours de la libération. Ce saut gigantesque dans le temps lui permet d’aborder des thèmes très actuels au moment du tournage (1949) et qui le demeurent encore aujourd’hui.
Les migrants, la clandestinité, le trafic humain, la domination sexuelle… Autant de résurgences que le cinéaste amalgame dans un récit hautement improbable quand la somme du mélo et de la romance confine à la niaiserie. La catin de l’Abbé Prévost (selon Montesquieu) est ici une jeune et jolie femme arriviste que la population s’apprête à lyncher pour avoir fréquenter l’ennemi.
Un brave et naïf résistant vient à son secours. Le duo se forme illico-presto, et se jure amours et fidélité. C’est sans compter sur les élans de la belle, la complicité malveillante de son frère ( Serge Reggiani ) et l’aveuglement du julot. Clouzot n’a pas de chance avec ses jeunes interprètes : Cécile Aubry ne joue pas très bien son personnage dont la crédibilité s’amenuise au fil des événements. Michel Auclair est plus convaincant dans sa panoplie d’énamouré candide mais demeure bien gentillet sous les bombes ou dans les cales du cargo qui les conduit vers la Palestine.
Là où d’autres clandestins, des juifs revenus des camps de concentration, posent le pied sur la terre qu’on leur avait dite promise. C’est peut-être la partie la plus intéressante de l’aventure, la moins schématique dans le dispositif scénique d’un réalisateur habituellement plus subtil.
L’ensemble trop surligné confine parfois au ridicule ou à un symbolisme décharné. La fin se joue entre le paradis et l’enfer. C’est pourquoi, le purgatoire est un bon compromis.
LE SUPPLEMENT
- « Manon, l’amour fou » 13 mn . Des spécialistes évoquent leur vision de la scène ultime : la mort de Manon dans les bras de Robert. Il y est bien évidemment question de transgression amoureuse, de posture christique et de l’incertitude entre le paradis et l’enfer… Avec Chloé Folens (chercheuse en histoire du cinéma, auteure de « Les Métamorphoses d’Henri Georges Clouzot »), Bertrand Schefer (écrivain et réalisateur), Frédéric Mercier (critique cinéma) et Noël Herpe (commissaire de l’exposition « Le mystère Clouzot » à la Cinémathèque qui débute le 8 novembre 2017).
LE COFFRET
« L’assassin habite au 21 » (1942)-« Le corbeau » (1943)-« Quai des Orfèvres » (1947)-« Manon » (1949)-« Retour à la vie » (un sketch, 1949)-« Miquette et sa mère » (1950)-« Le salaire de la peur » (1943)-« Les diaboliques » (1954)-« Le mystère Picasso » (1956)-« Les espions » (1957)-« La vérité » (1960)-« La prisonnière » (1968)
Le film
Le bonus
Du XVIII ème siècle à la seconde guerre mondiale il n’y a qu’un pas que Clouzot franchit allègrement en adaptant le roman de l’Abbé Prévost « L’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut » pour en faire un mélodrame romantique fortement appuyé sur les trémolos. L’intérêt de ce saut gigantesque dans le temps est de renouer entre l’époque du tournage et la nôtre avec des thèmes qui paraissent malheureusement éternels : les migrants, la clandestinité, le trafic humain, la domination sexuelle… L'ensemble amalgamé dans un scénario un peu brouillon où la subtilité habituelle du réalisateur n’arrive pas à s’imposer dans sa mise en scène devenue très instinctive, comme en attente des imprévus du tournage. AVIS BONUS Des points de vue sur la scène finale, c'est intéressant à suivre
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