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« Manille » de Lino Brocka . Critique cinéma-bluray

Synopsis: Julio, 21 ans, quitte son village afin de retrouver sa fiancée, Ligaya à Manille,où du travail l’attendait. Elle a cessé de donner des nouvelles. Bientôt à court d’argent, il se fait embaucher comme ouvrier sur un chantier. Julio découvre peu à peu l’univers du sous-prolétariat à Manille entre prostitution, corruption et pauvreté extrême…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Lino Brocka - Manille + Insiang "
De : Lino Brocka
Avec : Hilda Koronel, Mona Lisa, Ruel Vernal, Rez Cortez, Marlon Ramirez
Sortie le : 07 juin 2017
Distribution : Carlotta Films
Durée : 220 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 3
Le film
Les bonus

Pour Lino Brocka, Manille « attire les provinciaux comme des papillons de nuit qui viennent se brûler aux lampes ». Un Sodome et Gomorrhe des temps modernes où le vice est à chaque coin de rue.

On considère ce film comme l’un des meilleurs de la cinémathèque philippine. Possible. Il est révélateur d’un état d’esprit à la fois esthétique et social qui donne de la période dictatoriale de Marcos un aperçu édifiant.

En prime, les bruits de la rue, le vrombissement des voitures, le harcèlement des machines accompagnent des  images très expressives, particulièrement celles de la nuit. La musique, parfois criarde, participe à cet univers sonore, cette descente aux enfers pour un jeune garçon à la recherche de sa fiancée partie travailler dans la grande ville.

Un couple qui ne s'est jamais reformé, ou alors à la sauvette, en secret...
Un couple qui ne s’est jamais reformé, ou alors à la sauvette, en secret…

Le reflet du miroir aux alouettes renvoie Julio vers des communautés d’ouvriers qui bien que miséreux et exploités, se serrent les coudes pour sceller l’amitié et la solidarité. « Le plaisir va de pair avec les souffrances » dit l’un d’entre eux en racontant comment de riches personnes ont confisqué la terre de ses parents. « Nous n’avions aucun document, eux ils en avaient, mon père a résisté, on lui a tiré dessus et depuis il est paralysé ».

La maltraitance est de tous les plans, ou presque, pour les femmes en particulier, encore plus vulnérables. Mais aussi, les ouvriers renvoyés à la fin du chantier. Ils ne peuvent plus y dormir, c’est le retour à la rue.

C'est alors le bon temps dans ce village de pêcheurs qu'ils n'auraient jamais dû quitter
Le bon temps dans ce village de pêcheurs qu’ils n’auraient jamais dû quitter

Julio qui s’est jeté dans la gueule du loup comprend que la bête sera toujours plus forte que lui. Son amie est prisonnière d’un système dont les codes lui sont étrangers : les bas-fonds de Manille grouillant de voyous et de voyeurs, ses milieux interlopes où la prostitution masculine plus discrète que son homologue féminin n’en demeure pas moins un commerce libidineux.

Brocka en parle autant qu’il le montre, une autre façon de mettre en scène dont le pouvoir suggestif est assez impressionnant. Voir et entendre la manière dont Lugalia raconte son arrivée à Manille, une confession d’une puissance émotionnelle très dure pour dire l’impuissance et la soumission des petites gens.

 

Hilda Koronel, l’actrice fétiche de  Brocka ne force pas son talent pour assumer le poids de cet héritage dans un pays qui dit-on doit beaucoup au réalisateur lors de la chute du du dictateur. Son amoureux Rafael Roco Jr pour la première fois à l’écran est exceptionnel. Il deviendra bientôt une star du cinéma philippin sous le nom de Bembol Roco.

LES SUPPLEMENTS

  • Introduction de Martin Scorsese (2 mn)
  • Lino Brocka par Pierre Rissient , spécialiste du cinéma asiatique (7 mn). « C’est un film qui n’a pas marché à sa sortie, les gens ne voulaient pas voir ce genre de film qui leur rappelait comment ils vivaient, ils voulaient des films dans lesquels ils pouvaient s’échapper ».

Sur la longueur, il a été raccourci et les scènes coupées ont été perdues, il reste simplement quelques photos que l’on visionne…

« Etonnant que ce film ait pu sortir, tellement il est politique » insiste Pierre Rissien qui évoque alors un cinéaste totalement engagé. « Il organisait même des manifs contre Marcos, il a été emprisonné, Simone Signoret interviendra à la TV française pour défendre sa cause. (… )  Il savait faire vibrer une foule, l’agitateur le plus important des Philippines et dans l’histoire du cinéma c’est unique ».

  •  « Manille, un film philippin » 22 mn. C’est un making of qui ne dit pas son nom, à l’époque on n’en parlait pas. C’est un document extraordinaire sur la manière par exemple dont on réalise la chute de l’ouvrier : elle est réelle, quelques dizaines de mètres avec récupération dans un filet de fortune, au milieu des gravats…

Sur d’autres scène, le réalisateur explique la manière dont il a procédé pour trouver ses acteurs, et comment il a conduit son film.Les commentaires du jeune comédien, Bembol Roco, ne manquent pas d’à-propos, lui qui était « effrayé par cette première expérience. (…) J’ai dû lire le scénario deux fois pour bien comprendre les types de personnage et le fond de l’histoire ».

Lino Brocka dit tout le bien qu’il pense de Hilda Koronel, « il faut encore que son jeu mûrisse et elle deviendra la plus grande actrice des Philippines. (…) J’ai constaté que les figurants ont appris « à jouer », leur jeu a perdu du naturel, après avoir fait de la figuration dans un ou plusieurs films, ils ont perdu leur décontraction naturelle ».

Meilleur dvd Juin 2017 ( 2 ème ) D’après le roman d’Edgardo Reyes « Dans les griffes du néon » Prix du public à Sundance Dvd disponible dans un coffret avec "Insiang" Pour Lino Brocka, Manille « attire les provinciaux comme des papillons de nuit qui viennent se brûler aux lampes ». Un Sodome et Gomorrhe des temps modernes où le vice est à chaque coin de rue. On considère ce film comme l’un des meilleurs de la cinémathèque philippine. Possible. Il est révélateur d’un état d’esprit à la fois esthétique et social qui donne de la période dictatoriale de Marcos un aperçu…
Le film
Les bonus

Orphée et Eurydice, le mythe que l’on rejoue dans les bas fonds de Manille où Julio recherche désespérément son grand amour. Le message politique et social de Brocka n’a rien perdu de sa vigueur dans une mise en scène dont la beauté, la puissance contrastent avec un regard sans équivoque sur les bas-fonds de la capitale philippine. La maltraitance est de tous les plans, ou presque, pour les femmes en particulier, encore plus vulnérables. Mais aussi les ouvriers renvoyés à la fin du chantier. Ils ne peuvent plus y dormir, c’est le retour à la rue. Si la solidarité ne manque pas un instant, la soumission et l’abandon scellent le destin de cette population. Loin de son petit village de pêcheurs, ignorant les codes de la grande ville, le héros devient imprudent, maladroit, dans un monde où il faut se prévenir du moindre faux pas. Hilda Koronel, et Rafael Roco Jr (Bembol Roco, par la suite) , le duo est parfait .

Avis bonus Un making of qui ne disait pas encore son nom, magnifique

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