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« Malcolm X » de et avec Spike Lee. Critique blu-ray

  • Durée ‏ : ‎ 3 heures et 22 minutes
  • Dvd : ‎ 13 mars 2025
  • 24 février 1993 en salle
  • Reprise 27 novembre 2024
  • Acteurs ‏ : ‎ Denzel Washington, Angela Bassett, Albert Hall, Delroy Lindo, Spike Lee
  • Sous-titres ‏ : ‎ Français
  • Langue ‏ : ‎ Anglais, Français
  • Studio  ‏ : ‎ Metropolitan Film & Video

L’histoire : Une évocation de la vie de Malcolm X, leader du mouvement noir américain Nation of Islam : son enfance difficile à Omaha, son séjour en prison où il apprend à cultiver la fierté de sa race, son entrée dans l’organisation d’inspiration islamiste …

Le 21 février 1965, Malcom Little, dit Malcom X, est assassiné au cours d’une conférence publique.

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

  • Le Film et Les bonus

D’après «  L’autobiographie de Malcolm X » de Alex Haley

Soixante ans après son assassinat, par les siens, lors d’une conférence, la voix de Malcolm X parait encore se faufiler dans les dérobades politiques du moment. Pour réclamer le droit et la justice à l’égard du peuple noir, mais aussi de tous les opprimés sur la terre.

Lui qui à l’origine ne se battait que pour la couleur de sa peau, rejetant obstinément, aveuglément, tout ce qui était blanc, lui qui prônait la violence, sans distinction de préjudice, il prend au fil des épreuves, et des différentes étapes de sa conversion à l’Islam, le pouls d’un monde trop grand pour lui.

C’est du moins ce que l’on peut retenir schématiquement de ce film somme, inspiré par les propres réflexions de Malcolm X auprès de l’auteur Alex Haley  . Spike Lee les transpose sur grand écran, où le charisme et la posture de Denzel Washington imposent ce personnage fort et indépendant, rejeté par le pouvoir blanc et peu à peu par une partie de sa communauté , inquiète de son emprise de plus en plus populaire.

C’est une ombre portée sur la magnificence dogmatique de Elijah Muhammad ( Al Freeman Jr.), ce chef religieux américain suprémaciste noir, vénéré à l’origine au plus haut sommet par Malcolm X.

Quand il redescend, il devient traitre aux yeux du clan qui l’écarte peu à peu de la direction de « Nation of Islam », dont il a pourtant assuré les fondations.

Au début tout va bien entre le maître (Al Freeman Jr) et son plus fidèle disciple , (Denzel Washington)

Malcolm X est désormais livré à lui-même, réminiscence de sa jeunesse criminelle et de ses années de prison où il trouve le chemin de la rédemption.

Il ne prône pas la suprématie noire, assure-t-il , mais l’amélioration des conditions de vie . Il rejette la haine du blanc, au profit de « l’amour de nous-mêmes ».

Sa famille en ligne de mire, qu’il ne voit pas beaucoup , toujours par monts et par vaux pour prêcher la bonne parole. Tenue à l’écart, Betty Shabazz ( Angela Bassett ) son épouse cerne bien désormais les dangers qui l’accompagnent . Elle l’alerte à plusieurs reprises, mais Malcolm X poursuit son chemin, inéluctablement, marqué par la certitude d’un bon droit révélé lors du pèlerinage à la Mecque .

La mise en scène est grandiose dans l’environnement sacré du lieu saint où la foule bigarrée, multicolore, renvoie à l’américain, l’image d’une fraternité sans égale.

Spike Lee redouble de virtuosité dans le final, fatal au leader suprématiste. Comme s’il allait au-devant de sa mort, l’homme ne se laisse emporter par aucun sentiment. Dans ses moindres intentions, son coup d’œil aux aguets, à peine un sourire, il incarne à la fois le doute et la certitude, la crainte et la vaillance.

Abandonnant la posture du militant, Spike Lee pose sur cet ultime portrait le regard d’un homme tout aussi bienveillant. Osmose parfaite.

LES SUPPLEMENTS

  • Le making of – Le plus grand défi de sa jeune carrière, dit un obseervateur, au sujet de Spike Lee et de son projet.

« Combien de fois on m’a répété , ne rate pas Malcolm X. Je connaissais les enjeux ».  Norman Jewison voulait réaliser ce film , mais Spike Lee le convainc que ce n’est pas pour lui

Le danger ? «  Il y a tant d’histoires qui veulent parler des afro-américains et qui finissent par parler des blancs » dit-il en citant « Cry Freedom » de Richard Attenborough et « Amistad » de Steven Spielberg.

« Tu te promènes habillé comme un clown, on dirait un singe » lui explique en prison Baines ( Albert Hall ) un adepte de « Nation Of Islam » qui le conduira vers son maître.

« On voulait montrer dès la scène d’ouverture qu’on ne faisait pas de la gnognotte, mais du David Lynch »

Ernest Dickerson , le directeur de la photo . « Au moment où on travaillait , la version restaurée de « Lawrence d’Arabie » de David Lean sortait . On a été époustouflés, rien que sur les gros plans on avait l’impression qu’il était avec nous, on voulait ça pour Malcolm ».

Plus de porc, plus d’alcool, l’apprentissage de l’arabe, Denzel Washington s’attelle pendant plusieurs mois à son personnage. Il lit tous les documents existants, rencontre toutes les personnes qui l’ont approché.

La référence clownesque de Baines … (Denzel Washington, Spike Lee)
  • Malcolm X , le documentaire ( 90 mn )- Il s’agit du film réalisé en 1972 ,  par Arnold Perl, toujours d’après la fameuse autobiographie. Soit 20 ans avant Spike Lee.

L’image est de moins bonne qualité, mais ça la rend peut-être encore plus réelle, plus proche de l’époque retenue . Il est intéressant par ailleurs de voir les parallèles avec le film de Spike Lee ( aucune dissonance) et une même colonne vertébrale autour de la personnalité de Malcolm X, ses idées et comment il entend les mettre en forme.

  • Les scènes coupées   ( 21 mn )- Spike Lee explique en préambule l’importance d’écouter les autres, ( «  les réalisateurs , particulièrement » ) «  on apprend beaucoup » et «  de revoir ces scènes que j’avais oubliées, ça m’a fait grand plaisir ».

  1. -Malcolm rêvait d’être un gangster comme dans la scène de cinéma où l’on projette un film de genre.
  2. -Le repérage des lieux d’un futur cambriolage effectué par les amies de Malcolm et Shorty
  3. -Malcolm dans la bibliothèque de la prison
  4. -Comment Malcolm séduit Betty en lui parlant du pourquoi de l’interdiction de manger du porc
  5. -La dure mise à l’épreuve d’un jeune noir avant d’intégrer Nation Of Islam
Durée ‏ : ‎ 3 heures et 22 minutes Dvd : ‎ 13 mars 2025 24 février 1993 en salle Reprise 27 novembre 2024 Acteurs ‏ : ‎ Denzel Washington, Angela Bassett, Albert Hall, Delroy Lindo, Spike Lee Sous-titres ‏ : ‎ Français Langue ‏ : ‎ Anglais, Français Studio  ‏ : ‎ Metropolitan Film & Video L'histoire : Une évocation de la vie de Malcolm X, leader du mouvement noir américain Nation of Islam : son enfance difficile à Omaha, son séjour en prison où il apprend à cultiver la fierté de sa race, son entrée dans l'organisation d'inspiration islamiste … Le 21 février…
Le Film
Les bonus

«  L’autobiographie de Malcolm X » de Alex Haley sert de support au film somme que Spike Lee consacre il y a soixante ans au leader d'opinion de la population noire américaine. Cette évocation en forme de biopic suit le jeune Malcolm de son enfance perturbée , via la prison et le recours à des gangs, jusqu’à la prise de conscience de l’existence du peuple noir, en tant que nation . Il concrétise son engagement par son entrée dans « Nation of Islam » l'organisation d'inspiration islamiste , dont il va devenir le leader faisant de l’ombre à Elijah Muhammad  qui s’estimait  être l’envoyé d’Allah … Au cœur de ses dissensions le jeune homme va malgré tout mener sa barque, prônant la violence comme unique moyen de lutter contre la ségrégation raciale, avant de revenir à des sentiments plus pacifiques à l’issue d’un pèlerinage à la Mecque. Dans l’environnement sacré du lieu saint Spike Lee redouble la force de sa mise en scène , avant de la couronner lors de la séquence finale, qui voit Malcolm X se rendre à sa conférence fatale. Ca dure peut-être une demi-heure, c’est grandiose dans l’attente, et la tension qui en émane. Dans ses moindres intentions, son coup d’œil aux aguets, à peine un sourire, Malcolm X incarne à la fois le doute et la certitude, la crainte et la vaillance. Denzel Washington est parfait.

AVIS BONUS Une interview intéressante de Spike Lee, des scènes coupées et l'intégrale du documentaire de Arnold Perl, toujours d’après la fameuse autobiographie

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