- Sortie : 10 janvier 2024
- DVD : 10 Mai
- 1h 54 mn / Comédie
- Avec Denis Podalydès, Jonathan Cohen, Stefan Crepon, Emmanuelle Bercot, Xavier Beauvois
L’histoire : Simon, réalisateur aguerri, débute le tournage d’un film racontant le combat d’ouvriers pour sauver leur usine. Mais entre les magouilles de son producteur, des acteurs incontrôlables et des techniciens à cran, il est vite dépassé. Le tournage s’annonce infernal.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
En filmant l’histoire d’ouvriers en grève contre la fermeture de leur usine, Simon ignore encore que c’est sa propre histoire, celle de son film, qu’il s’apprête à raconter.
Son scénario s’inspire d’un véritable conflit social. D’ailleurs, la plupart des comédiens sont des employés qui pendant des semaines ont lutté pour que la délocalisation envisagée en Pologne ne puisse se faire.
Simon a repris la thématique à la manifestation près et l’issue du conflit correspond au drame vécu par des dizaines de familles jetées à la rue. Ce que les producteurs refusent.
Ils avaient disent-ils une autre version du script. Sans une fin plus optimiste, ils se retirent du projet. Soit 1 million d’euros en moins dans la caisse de Simon qui n’en démord pas.
Il part alors en quête d’autres financiers et poursuit le tournage qui jour après jour, prend un peu plus l’eau. Il faut réduire la masse salariale, libérer certains techniciens, couper des séquences …
Ca conteste, ça râle, rien ne va plus …
Cédric Kahn nous ouvre ainsi les coulisses du septième art comme souvent le cinéma a pu le faire. Mais il va cette fois plus loin en emboîtant le film dans le film dans un fondu enchaîné sidérant. Pour ne faire qu’un seul film !
La lutte sociale racontée par Simon s’introduit au sein de sa propre équipe, et devient le véritable sujet du film, sa crédibilité, sa raison d’être. Qui de l’ouvrier ou du comédien revendique maintenant le droit à la parole, la légitimité de son action ?
Qui refuse de poursuivre le travail sans être payé ? Ou une prime coquette pour abandonner le combat …
Le chaos parallèle qui s’installe ( ça part un peu dans tous les sens ) conforte le discours de Kahn qui du septième art ne parait pas avoir une très bonne opinion.
Il fait jouer à Xavier Beauvois, un fabuleux financier, un brin retors. Quand Denis Podalydès, tout aussi excellent, endosse les affres du réalisateur malheureux. Entre les deux, Jonathan Cohen à la fois comédien et leader syndical très convaincu, est très convaincant !
Le film
C’est un film dans le film, traduction assez courante pour évoquer réellement le monde du septième art que Cédric Kahn reprend à son compte en doublant la mise . Son réalisateur s’apprête à filmer un conflit social quand la production du film retire ses billes pour désaccord sur le scénario. Le tournage commence malgré tout et l’absence de véritables financements. Ce qui freine beaucoup d’ardeurs et réduit une masse salariale néfaste pour le personnel et la stabilité de l’équipe. La lutte sociale filmée à l’origine pour la fiction s’introduit au sein de la propre équipe de tournage, et devient le véritable sujet du film, sa crédibilité, sa raison d’être. Qui de l’ouvrier ou du comédien revendique le droit à la parole, la légitimité de son action ? Qui refuse de poursuivre le travail sans être payé ? Pour répondre à toutes ces questions Cédric Kahn s’appuie sur une très belle affiche : Xavier Beauvois, un fabuleux financier, un brin retors, Denis Podalydès, tout aussi excellent, en réalisateur malheureux, Jonathan Cohen à la fois comédien et leader syndical très convaincu, Emmanuelle Bercot, Stefan Crepon …