Synopsis: Henri, un jeune acteur qui rêve de jouer dans « Fast & Furious », se retrouve engagé dans le film de Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma d’auteur. Les conditions du tournage ne sont pas tout à fait celles auxquelles il s’attendait… Mais le charme de sa partenaire et la bienveillance du maître vont faire naître en lui des sentiments jusqu’alors inconnus. Et Rovère, conquis par la jeunesse et la fantaisie d’Henri, vivra ce tournage comme un cadeau inattendu.
La fiche du film
Le film
L’affiche est nulle et c’est dommage. Elle freine l’élan d’un beau projet qui malgré la mort de son instigateur a pu voir le jour de très belle manière. Jocelyn Quivrin venait de tourner avec Rohmer, un peu à reculons, le rôle d’un berger dans l’adaptation de « L’Astrée » d’Honoré d’Urfé.
Lui qui rêvait de productions conséquentes se retrouve sur un tournage à l’ancienne, avec peu de moyens et une histoire pastorale du XVII ème siècle qui ne lui ressemble pas.
Le courant va pourtant passer entre le jeune comédien et le vieux réalisateur et l’accueil du film à la Mostra de Venise le convainc alors de raconter sa métamorphose cinématographique .
Il écrit l’histoire, le scénario mais un accident de voiture le 16 novembre 2009 met fin à l’aventure que reprendra quelques temps plus tard Léa Fazer . Jocelyn Quivrin venait de tourner avec elle « Notre univers impitoyable ».
La réalisatrice connait bien la sensibilité du comédien et la complicité qui les unit donne ici le ton d’une comédie parfaite qui se joue des codes du cinéma d’auteur, tout en lui redonnant ses lettres de noblesse. On rit beaucoup du désenchantement de ce jeune acteur affublé de la tunique d’un pâtre, jouant les amoureux éconduits à l’époque des druides.
Il rêve d’actions et d’effets spéciaux, dans des blockbusters internationaux, et anone un texte hermétique.
A ce stade j’avoue que j’ai pensé une moquerie à l’égard de ce cinéma que Rohmer avait déjà incarné avec« Perceval le Gallois ». Mais très vite, le jeu des comédiens (Pio Marmai et Michael Lonsdale, excellent duo) libère toute ironie ou méchanceté pour asseoir un récit de vie et de liberté, d’amour et d’amitié .
On rit toujours devant ce décorum champêtre ( une branche d’arbre illustre toute une forêt ) mais le film dans le film révèle un univers où l’innocence de la fiction n’est plus très éloignée des préoccupations du quotidien.
Ne serait-ce que les amours de notre jeune benêt qui se pâme d’admiration pour la jeune comédienne vedette – Déborah François , parfaite– qui le renvoie à son inculture (son dernier rôle : un citron pour une publicité…).
Les avatars du tournage, les coups bas entre comédiens pour se piquer la starlette … poursuivent sur le même tempo, que Michael Lonsdale (portrait magnifique de l’acteur) reprend à son compte avec quelques considérations sur le métier (« Le numérique ça ne vit pas » dit-il devant sa bonne vieille pellicule.)
Des scènes hilarantes, les rapports entre l’élève et le vieux maître ( beau film aussi sur la transmission), tout concourt à faire de ce « Maestro » un bonheur de cinéma. Pas un film d’auteur, mais un film pour les auteurs.
Review Overview
Le film
Léa Fazer a repris le projet de Jocelyn Quivrin sur son expérience du tournage avec Eric Rohmer, un coup d’œil à la fois amusé et très respectueux sur le cinéma d’auteur qui devient ici une excellente comédie, menée de main de maître par Michael Lonsdale et Pio Marmaï. Entre les deux, Déborah François compte les points, avec malice .Le rire et le frisson se partagent le bonheur d’une projection tout en finesse, et drôlerie. Un film sur l'amitié et la transmission, un film rare...
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