Accueil » A la une » « L’Usine de rien » de Pedro Pinho. Critique dvd

« L’Usine de rien » de Pedro Pinho. Critique dvd

Synopsis: Une nuit, des travailleurs surprennent la  direction en train de vider leur usine de ses machines. Ils comprennent qu'elle est en cours de démantèlement et qu'ils vont bientôt être licenciés. Pour empêcher la délocalisation de la production, ils décident d'occuper les lieux. À leur grande surprise, la direction se volatilise laissant au collectif toute la place pour imaginer de nouvelles façons de travailler dans un système où la crise est devenue le modèle de gouvernement dominant.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "L\'usine de rien"
De :
Avec : José Smith Vargas, Carla Galvao, Herminio Amaro
Sortie le : 02 mai 2018
Distribution : Blaq Out
Durée : 172 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
le film

Ce film, universel au possible, s’inspire d’une véritable histoire au Portugal. A l’image du récent plaidoyer cannois de Stéphane Brisé sur la lutte des hommes et de femmes menacés de licenciements. Mais il va plus loin dans la mise en abîme d’un processus social et économique qui permet cette fois aux salariés de s’approprier leur outil de travail.

Le discours militant de Pedro Pinho est très vite assumé dans une réalisation cinématographique totalement cohérente. C’est long, parfois fastidieux mais l’engagement du cinéaste et de ses interprètes force l’intérêt d’une aventure qui devient fascinante.

Au cynisme affiché sans complexe par la directrice (le retrait des machines «  ne s’est pas fait en pleine nuit, mais en dehors des heures de bureau »…) répond le désarroi d’une population impuissante.

« Quand vous parlez d’ajustements, j’entends licenciements » répond un ouvrier désarmé par le discours patronal assez bien imagé pour ne pas prononcer clairement les mots qui fâchent. Il va alors falloir s’adapter et trouver les solutions d’une reprise qui sans trop prévenir leur appartient. L’administration s’est volatilisée abandonnant l’usine occupée à ses occupants.

Cet état d’exception devient le quotidien d’ouvriers confrontés à un monde qu’ils ne faisaient que côtoyer. On les a vus se battre pour défendre leur outil de travail, se diviser devant des choix douloureux (au début, certains acceptent la prime de licenciement) et puis s’organiser pour reprendre leur travail.

Une démarche initiée par Pedro Pinho avec un sens aigu de la transmission. L’intervention des forces de l’ordre, l’attente à ne rien faire dans des salles désertées, les prises de bec entre collègues («  ils ont dû t’en donner assez pour que tu prennes des vacances ») tous les éléments du conflit participent à une mise en scène dynamique qui franchit les portes de l’usine.

La vie privée, familiale et sentimentale, les ressorts d’une psychologie complètement chamboulée (certains rêvent de prendre les armes «  le peuple doit arrêter d’avoir peur ») le drame prend la terre entière à témoin. Autour de ces hommes que le réalisateur nous fait découvrir avec une passion débordante.

Dont l’intello de service, un observateur en quête d’images et de témoignages, (un double de Pedro Pinho ?). Dans «  son bavardage de gauche », cette utopie personnalisée, est peut-être le personnage central de l’histoire, un regard fort et emblématique face aux incertitudes des employés de l’usine.

Elles arriveront pourtant à lever bien des barrières et des interdictions pour conduire pendant plus de dix ans une expérience autogérée, inspiratrice d’un monde peut-être pas nouveau, mais bien différent. Le magnétisme engagé par le « jeu » des acteurs (certains sont des ouvriers) est sidérant. Ils chantent, ils dansent, ils luttent….

Ce film, universel au possible, s’inspire d’une véritable histoire au Portugal. A l’image du récent plaidoyer cannois de Stéphane Brisé sur la lutte des hommes et de femmes menacés de licenciements. Mais il va plus loin dans la mise en abîme d’un processus social et économique qui permet cette fois aux salariés de s’approprier leur outil de travail. Le discours militant de Pedro Pinho est très vite assumé dans une réalisation cinématographique totalement cohérente. C’est long, parfois fastidieux mais l’engagement du cinéaste et de ses interprètes force l’intérêt d’une aventure qui devient fascinante. Au cynisme affiché sans complexe par la…
le film

Ce film évoque de manière encore plus radicale et profonde le sujet du dernier long métrage de Stéphane Brisé «  En guerre ». Traité bien différemment,  on y retrouve pourtant les mêmes thèmes et les mêmes séquences, dont les débats entre salariés sur l’attitude à conserver face à la tactique patronale sur les licenciements, qui tend à les diviser. Il est question ici d’une délocalisation avortée devant la détermination des salariés qui du jour au lendemain se retrouvent maîtres de la situation, et donc dans un premier temps assez dépourvus. La prise de contrôle de l’usine implique une réorganisation du travail et une nouvelle conception des tâches de chacun. Le discours militant de Pedro Pinho est très vite assumé dans une réalisation cinématographique totalement cohérente. C’est long, parfois fastidieux mais l’engagement du cinéaste et de ses interprètes force l’intérêt d’une aventure qui devient fascinante.

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Trois amies » d’Emmanuel Mouret. Critique cinéma

Beaucoup moins inspiré par ses marivaudages, Emmanuel Mouret en rajoute

Laisser un commentaire