Synopsis: Evadés de prison, trois anciens militaires s’infiltrent dans une base afin de prendre le contrôle des missiles nucléaires. Lawrence Dell, un ancien général de l’US Air Force condamné pour meurtre,contacte l’état-major et impose ses conditions. Dont celle d’obliger le Président à révéler un document confidentiel sur l’intervention au Vietnam.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
En 1978, ce film sentait la poudre. Le peu d’enthousiasme des Etats-Unis contraint le réalisateur à s’exiler dans les studios allemands. Le public yankee traîne les pieds de la même façon. Le film sera amputé d’une heure, avant d’être retiré de l’affiche.
Le voici de retour dans sa version première. Une excellente nouvelle, malgré un début calamiteux qui met en scène la manière dont les évadés s’approprient l’enceinte nucléaire. C’est mal joué ou mal dirigé, je ne sais , mais on n’y croit pas du tout. Il faut donc que les choses se posent et qu’ Aldrich dévoilent véritablement le fond de sa pensée.
La mise à mal du système américain, son arrogance, sa suffisance et ses incohérences. C’est tout l’enjeu du face à face qui va opposer pendant près d’une heure (celle qui sera supprimée à l’époque) les autorités gouvernementales et le trio de mercenaires.
Aldrich le fait de brillante manière par le biais de l’écran multiple (split screen dont Richard Fleischer s’est fait le VRP) et une fougue, une énergie, aussi destructrices que communicatives.
Entre les remugles de la Guerre froide et l’avènement des scandales gouvernementaux, ce grand moment de cinéma livre un discours assez radical sur la politique des USA et sur la guerre au Vietnam.
Lawrence Dell qui commande les rebelles, en est revenu meurtri, à plus d’un titre. Il tient maintenant sa revanche et exige du président en exercice, (non-élu au moment des faits), toute la vérité « sur cette guerre qui a fait des centaines de milliers de morts, pour rien ; une guerre absurde. »
Dell (ou Aldrich) parle aussi d’une doctrine fallacieuse qui a détruit « la crédibilité de notre pays, et révélé notre incompétence, notre impuissance et notre malhonnêteté ». Beaucoup plus tard il y aura l’Iran et ses armes de destruction massive. Mais on comprend déjà qu’à l’époque un tel discours ne pouvait guère enchanter les dirigeants américains.
Surtout que le réalisateur y met les formes du septième art (c’est très plaisant à suivre) en compagnie d’un président peu ordinaire, loin des canons du cinéma hollywoodien. Un président qui ressemble à un homme, qui craint pour sa vie et n’a rien du va-t-en-guerre traditionnel. Il recherche la vérité, et une fois en sa possession, reconnaît qu’il faut absolument la livrer au peuple américain.
La CIA et le FBi n’en croient pas leurs oreilles, et c’est tendus vers l’opération finale, que tous ces beaux messieurs espèrent à ne pas avoir à subir les conséquences d’une telle transparence. On croit rêver, mais des gouvernants de cet acabit ne courent pas les rues. Il reste le cinéma.
LE SUPPLEMENT
- Aldrich à l’assaut de Munich : un film de Robert Fischer (2012 – Couleurs – 66 mn). Retour sur le tournage du film, avec les témoignages d’Adell Aldrich (fille du cinéaste), d’Alain Silver (co-auteur de What Ever Happened to Robert Aldrich? : His Life and His Films) et de nombreux techniciens et acteurs.
C’est un cinéaste très politisé, (soutien des comédiens sur la black list) qui prend en charge l’adaptation du roman « Vipère 3 » de Walter WAGER avec une ligne de conduite indéfectible et qui se retrouve, dans de nombreux de ses films : un sens moral et éthique développé.Alors que l’on lui proposait le scénario de « L’ultimatum des trois mercenaires », il était également sollicité pour réaliser « Un pont trop loin ».
Au-delà du thriller, il fallait se focaliser sur « un personnage moralisateur, voire fanatique, en tout cas un homme idéaliste ». Ce sera le fameux général qu’interprète Burt Lancaster.L’engouement à l’époque pour la Bavaria, le célèbre studio allemand confirme le choix d’Aldrich d’aller tourner là –bas (« on avait l’impression que Munich était un second Hollywood » dit Alain Silver), alors que les autorités américaines ne sont pas chaudes pour lui accorder la moindre facilité.
Elles ont toujours refusé de fournir des plans ou documents internes aux producteurs américains. Surprise en arrivant en Allemagne, la Bavaria s’est procurée des informations confidentielles ! Côté technique on nous dévoile aussi comment la scène de l’ascenseur a été imaginée, ou bien la fuite des ravisseurs du président sur le tarmac. Quelques photos de tournage en prime.
Review Overview
Le film
Le bonus
Amputé d’une heure lors de sa sortie en 1978, ce petit bijou revient dans l’intégralité de son écrin, dans lequel les mœurs politiques sont disséquées par un orfèvre. On oubliera simplement l’ouverture un rien calamiteuse pour mieux comprendre les rouages d’une gouvernance sans scrupule. Quand il n’était pas bon de révéler les dessous de la guerre du Vietnam…
Avis bonus
Plus d'une heure d'histoires autour du film, de son réalisateur . Peu de vidéo, mais ça mérite le déplacement...
8 Commentaires
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