qui à travers de multiples histoires vous raconte les fondements de notre cinéma hexagonal, voire mondial. Le Néoréalisme est aussi dans le paquet. Quatre films, des courts-métrages, des reportages d’époque, celle où l’on fabriquait ses propres caméras pour échapper au diktat d’Hollywood et franchir ainsi les portes de la création. Liberté chérie …
- Coffret : 10 Mars 2021 Disque 2
- De Morris Engel, Ruth Orkin, Peter Spirer
- Avec Lori March Scourby, Cathy Dunn, Gerald S. O’Loughlin
- Studio : Carlotta
L’histoire : A New York, le quotidien de Peggy, une fillette de 7 ans, de sa mère mannequin et veuve, Ann, et de son nouveau compagnon, Larry.
Le coffret : » Le Petit Fugitif« -« Weddings and babies » – «I need a ride to California»-« Lovers and Lollipops »
On peut voir dans « Le Petit Fugitif » tout ce que la Nouvelle Vague doit selon elle-même, au travail de Morris Engel et Ruth Orkin . Personnellement, avec ce second long-métrage, c’est un peu du bonheur de Jacques Tati que je retrouve , avec cette fois une séquence enfantine, légère.
Peggy accompagne sa maman (Lori March Scourby), et son compagnon dans un musée où immédiatement elle est attirée par le bassin. Elle y pose son bateau qui lui échappe sans le moindre vent. Comment le récupérer ?
La scène est très belle, légère, fluide …
La fillette ne l’aurait-t-elle pas laissé volontairement prendre le large pour contrarier une fois encore sa maman et cet homme qui l’accompagne fidèlement ? Ann est veuve, Peggy sans papa, et la vie continue ainsi pense-t-elle quand ce Larry ( Gerald S. O’Loughlin) contrarie le peu d’horizon qu’elle entrevoit.
Le sujet est bien mince et les réalisateurs n’en font pas une montagne. Ils suivent plus qu’ils ne l’accompagnent, le couple, fidèlement, dans ce qui, à distance, apparait comme une promenade touristique. Une carte postale ramenée par deux amoureux à la découverte de New-York.
On sait qu’il n’en est rien, surtout que la gamine (Cathy Dunn) se charge de les ramener à sa petite personne, pour un oui, pour un non. La maman est plutôt tolérante, son ami prévenant, mais à la longue, beaucoup moins.
On s’en amuse sans remarquer que l’histoire nous embarque en réalité dans celle du cinéma en devenir.
La visite de la maison par le couple en quête d’un autre appartement, c’est une leçon de mise en scène, entre le cadre et la perspective des lignes, l’harmonie des formes, la géométrie des ombres portées par un soleil complice.
Le regard sur le bassin des dauphins , jeu de l’eau en transparence, participe aussi de cette écriture cinématographique que les deux cinéastes élaborent en portant sur leurs semblables le regard de l’Amérique qui se construit.
A hauteur d’enfant, si libre dans le mouvement et sa finalité, que l’adulte le rejoint instinctivement. Une démarche commune et volontaire, rien que du cinéma !
LES SUPPLEMENTS
- « One Chase Manhattan plaza » de Morris Engel (1961 – N&B – 10 mn) . Du sous-sol avec son énorme coffre-fort aux étages, en passant par la clientèle , toute l’activité du célèbre établissement bancaire , sans commentaire, mais éloquent.
- « Still Life- entretient avec Ruth Orkin » ( 4 mn ). Un court extrait d’une émission télévisée au cours de laquelle la photographe doit commenter quelques clichés. Le plus drôle étant l’introduction de l’animateur vraiment surpris qu’une femme s’intéresse à une telle activité artistique « qui demande des compétences techniques ».
« C’est plus facile que d’être vendeuse » lui répond gentiment Mme Orkin. « Et c’est très accessible aux femmes ».
- « Ruth Orkin, images de la vie » (18 mn ) . Mary Engel évoque la carrière de sa mère , icône de la photographie américaine .De son enfance à la pratique de la photo ( on lui doit notamment le célèbre cliché « American girl in Italy ») jusqu’à son arrivée sur « Le Petit Fugitif » qu’elle sauvera à entendre les commentaires.
C’est passionnant même si bien souvent les sous-titres ne sont pas très lisibles.
Le Film
Les bonus
Ils ont été parmi les premiers à s’éloigner d’Hollywood pour imaginer un autre cinéma. Ce qui se traduit dans ce coffret avec notamment « Lovers and Lollipops » où la liberté de filmer se conjugue avec une histoire d’américains moyens en passe de devenir les stéréotypes d’un pays conquérant.
Un couple, pas encore confirmé, et une petite fille qui regarde ces adultes qui ne lui demandent pas son avis sur l’avenir qu’on leur réserve. Alors elle s’exprime , à hauteur d’enfant, où la caméra se place tout aussi inspirée, si libre dans le mouvement et la finalité que l’adulte la rejoint instinctivement. Une démarche commune et volontaire, rien que du cinéma !
AVIS BONUS
Des archives autour de l'activité photographique et des témoignages, passionnant c'est une évidence.
3 Commentaires
Pingback: [Critique DVD] Le petit fugitif de Morris Engel / Ruth Orkin
Pingback: « Weddings and babies » de Morris Engel et Ruth Okrin. Critique Blu-ray. Coffret
Pingback: « I Need a ride to California » de Morris Engel. Critique Blu-ray- Coffret