Synopsis: Sarah et Robert éprouvent l'un pour l'autre un amour inébranlable. Pourtant, tout les oppose. Sarah, passionnée à la folie se donne entièrement à ceux qu'elle aime. Robert, solitaire, n'a, lui, que des relations éphémères et l'ardeur de ses sentiments se tarit de jour en jour. La crise qu'ils traversent les réunit de nouveau.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
- Coffret John Cassavetes « Love Streams » et « Un enfant attend » .
- Février 2016 : Le Meilleur DVD
- Ours d’or à Berlin
Avant de débuter ce film, son avant dernier, Cassavetes est souffrant. Une maladie irréversible. Le comédien pressenti pour le rôle principal lui fait faux bond. Mais pas le temps de retourner au casting, Cassavetes endosse le personnage de cet écrivain plus torturé par son existence que par les romans qui lui apportent argent, gloire et célébrité.
Devant et derrière la caméra, John Cassavetes demeure ce drôle d’oiseau de nuit qui percute autant qu’il reçoit. Robert, son personnage, est un homme solitaire que les filles réveillent à l’envie. Il les suit dans sa folie maîtrisée que la belle Sarah heurte à son tour de manière fulgurante. Sarah est sympathique, mais pas mal hystérique.
Quand elle débarque à l’improviste chez Robert, leur histoire personnelle a déjà bien nourri le scénario : on sait beaucoup de l’un et de l’autre, mais on ne sait rien d’eux. Que sont-ils l’un pour l’autre ? Il est dommage que le synopsis officiel le révèle car dans le doute, l’incertitude, l’ignorance, leurs retrouvailles scellent joliment cette histoire déjà bien engagée.
Robert demeure dans le vague et la discrétion. Quand son gamin lui demande qui est cette grande dégingandée qui vient les troubler, l’homme répond à côté. Tout à l’image du film que John Cassavetes malmène joliment de la réalisation au montage.
Il déstructure.Le gros plan est un élément de valeur indissociable de la narration. La mise en scène en complément, étonnant.
Le héros a calqué son existence sur ce mode de pensée. Un écrivain qui picore la vie sans jamais s’arrêter. S’il le fait c’est par accident. Comme ce fils qui lui revient une dizaine d’années après sa naissance. Il ne l’a jamais vu et le dialogue qu’ils engagent est saisissant. Va-t-il se ressaisir ?
Entre drame et drôlerie, la légèreté de l’être se consume dans ce tourbillon où papillonnent des comédiens d’excellence. John Cassavetes est incroyable, Gena Rowlands éblouissante, et tout autour des acteurs et actrices tout aussi rayonnants, et formidables : Diahnne Abbott, Seymour Cassel, Eddy Dono…On les avait peut-être oubliés. Le cinéma a de ses vertus !
LES SUPPLEMENTS
- « I’m almost not crazy » de Michael Ventura (56 mn). En ces temps-là on ne parlait pas de making of. Il s’agit plus vraisemblablement d’un reportage très complet sur le tournage de « Love streams » (destiné à qui ?). Il montre énormément de choses intéressantes. Sur le travail du réalisateur, notamment, et ce n’est pas forcément de tout repos.
« Je sais que tu es fatiguée » dit-il à une jeune danseuse « mais pas autant que moi, tu es jeune et robuste ».
« Je peux filmer ? ». On le voit parfois excédé, ballottant de la tête « c’est complètement merdique… ».Cassavetes raconte sa philosophie de la vie, et parle donc beaucoup de cinéma « car tout ce que l’on fait est du cinéma (…). Je ne m’intéresse qu’à l’amour. On ne voit jamais sur l’écran ce que l’on voudrait y voir, les cinéastes se regardent trop le nombril, ils se trompent impunément ».
Gena Rowlands (dont son mari de cinéaste parle également avec beaucoup d’amour et d’humour) y ajoute son grain de sel « on trouve que nos personnages sont un peu dingues, mais on ne les voit pas comme ça. Ils ont juste un autre rêve. » Démonstration à l’appui grâce à quelques séquences d’une filmographie qui défile au cours de la discussion. C’est vraiment passionnant. Un très grand documentaire.
- « Love streams », plan 145,146 et 147. (11 mn). Absolument fabuleux, trois plans en direct, avec répétitions et tournage.
- « Cinéma, cinéma » émission du 02 novembre 1985. (7 mn). Il s’agit d’un extrait du documentaire précédent dans lequel John Cassavetes que l’on voit en train de réécrire des dialogues sur le tournage, explique comment les spectateurs peuvent recevoir ses images.
Le film
Les bonus
John Cassavetes joue très bien le rôle d’un romancier. On ne le voit jamais écrire, mais faire la fête, courir les femmes, papillonner. Il ne parle d’ailleurs jamais de son travail.
Le personnage de Gena Rowlands est un peu barge, démesuré, grandiloquent. Elle vient de perdre la garde de sa fille et tombe dans les bras de l’écrivain.
Et c’est au détour d’une conversation téléphonique que l’on apprend ce qu’ils représentent l’un pour l’autre, bien après mille péripéties sentimentales et matérielles. Un tourbillon comme le cinéma nous en procure parfois entre drame et drôlerie.
John Cassavetes est incroyable, Gena Rowlands éblouissante, et tout autour des acteurs et actrices tout aussi rayonnants, et formidables : Diahnne Abbott, Seymour Cassel, Eddy Dono…On les avait peut-être oubliés. Mais le cinéma a de ses vertus !
Avis bonus>
La première fois je crois que je note cinq étoiles , alors allez le voir ...
3 Commentaires
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