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« L’outsider » de Christophe Barratier. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Du jamais vu dans les salles de marchés de la banque à la Défense. Jérôme Kerviel est dans une spirale de réussite. Une « bonne gagneuse », une « cash-machine » comme le surnommaient ses collègues. Il est jeune, il a une gueule … celui que tout le monde envie sur le plateau où travaillent les traders, cornaqués par une hiérarchie avec pour devises quotidiennes: « Tu gagnes, je gagne » ou « Qui peut le plus, peut encore plus »…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "L'Outsider"
De : Christophe Barratier
Avec : Arthur Dupont, François-Xavier Demaison, Sabrina Ouazani, Tewfik Jallab, Thomas Coumans
Sortie le : 26 Octobre 2016
Distribution : Le Pacte
Durée : 112 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 2
Le film
Les bonus

« Et ça monte, et ça monte, le pognon qui rentre chaque jour, c’est presque lassant ».

Meilleur dvd Octobre 2016 ( 5 ème )

Le film s’achève quand débute l’affaire Kerviel. Avec ses épisodes judiciaires, dont certains sont encore en cours. Le générique de fin le rappelle.. Le réalisateur Christophe Barratier se préserve ainsi de toute ingérence sur  l’instruction. Il s’en tient à l’homme, son environnement et les rouages d’une activité qui peut rapporter beaucoup.

Beaucoup trop, au point de conduire un personnage quasi normal dans la folie des traders accros à leurs ordis . Barratier a semble-t-il beaucoup de sympathie pour son héros de cinéma qui conserve nom et prénom du vrai Jérôme Kerviel.

Sans jamais fermer les yeux sur une conduite suicidaire, un appât du gain qui est avant tout une conduite quasi normale dans cet univers de surenchères, le réalisateur brosse le portrait d’un homme sincère, passionné et malmené par des événements trop grands pour lui.

L'outsider

Une thèse défendue par le metteur en scène, mais aussi Arthur Dupont. Après Raphaël Personnaz perdu dans les forêts de Sibérie, Dupont confirme l’avènement des acteurs trentenaires en prise directe avec leur monde. Un  personnage photocopié sur l’écran avec une fidélité qui identifie clairement la Société Générale.

Le tout venant de cette honorable maison passe au crible les attentes et les coutumes d’une profession au clinquant bien suspect. Derrière les belles façades de verres et d’alu, les loups mangent les loups. « Ici, si quelqu’un qui coule, tu lui tends la main, tu coules aussi ».

A moins qu’il ne rapporte la pitance nécessaire. Boss, manager et conseiller, tout le monde fait alors pour le mieux, ferme les yeux et les ouvre pour un tribunal de l’inquisition qui dans l’ombre enquête sur le suspect Kerviel.

Belle idée que ces juges et parties qui de temps en temps marquent le tempo effréné d’une course sans fin vers les profits. Cet acharnement cathodique que l’on expurge le soir au fond des boîtes de nuit et d’alcool. Kerviel résiste un temps puis se laisser emporter par ce tourbillon où l’hystérie et la compétition prennent le pas sur la réalité.

« Dans la catégorie, il faut pas le faire, mais ça fonctionne bien » le supérieur (excellent  François-Xavier Demaison) a la directive encourageante.

Quand, devant l’étendue des dégâts, celle-ci devient caduque, le héros a beau se prévaloir de la confiance de sa hiérarchie, on lui répond qu’elle n’a jamais rien validé. «  Elle n’a rien dit, c’est différent ».

 Coup de grâce que le réalisateur assène avec la même énergie du désespoir qui se lit dans les yeux d’un jeune homme qui croyait qu’en cliquant frénétiquement sur son clavier il allait changer son monde. La Justice tente de voir si c’est encore possible…

LES SUPPLEMENTS

 DVD 1

  • Entretien avec Jérôme Kerviel et Christophe Barratier (25min) . Ils rappellent comment ils se sont connus, sans idée préconçue à l’origine. Ce n’est qu’au fil des rencontres, des discussions que le film a pu voir le jour. Jérôme Kerviel acceptera de céder les droits de son livre «  en accordant totale liberté » à Christophe Barratier.

« Au-départ de l’affaire, cela apparaissait comme un débat d’initiés, voulu par la Société Générale, afin que le grand public n’ait pas accès, ne comprenne rien, ne s’y intéresse pas parce que c’est trop compliqué .(…)  Tu as rendu accessible quelque chose qui de prime abord est très complexe » poursuit l’intéressé «  fier que ce soit Arthur qui incarne mon rôle ».

L'une des conditions posées par Jérôme Kerviel , ne pas salir l'image de son ex-compagne ( Sabrina Ouazani )
L’une des conditions posées par Jérôme Kerviel , ne pas salir l’image de son ex-compagne ( Sabrina Ouazani )

« La marche ? (*) . Un des meilleurs, voire le meilleur moment de ma vie » . On revient bien évidemment sur l’affaire, sans aborder le fond, mais plutôt la manière dont Jérôme Kerviel a pu la gérer, et la gère encore. Il parle beaucoup de sa mère à qui il a fait la promesse de gagner.Peut-être grâce à cette force de caractère dont fait allusion  Christophe Barratier, une force de persuasion, un jusqu’au boutiste «  et huit ans après, la justice commence à me donner raison ».

« Est-ce que tu penses sincèrement qu’un jour cette affaire sera derrière toi ? ». Long silence et puis «  oui le jour où j’aurais gagné ».

(*) Pour se rendre à la prison afin d’y purger une peine de trois ans de prison, il engage une marche depuis l’Italie, à laquelle de nombreux participants se joignent.

DVD 2

  • Making of (55.43 mn) . C’est bien simple, près d’une heure en direct sur le plateau, sans commentaire, ni perturbation orale inutile, rien que du vivant, des dizaines de scènes plus ou moins animées, avec bien souvent les allées et venues d’un metteur en scène qui ne s’en laisse pas compter, c’est remarquable …
  • Entretien avec Christophe Barratier  (14.46 mn). «  Je voulais parler de l’affaire Kerviel, en ne prenant que le point de vue de l’intéressé, c’est-à-dire vu par Jérôme Kerviel. Le point de vue de celui qui avait été impliqué me paraissait être le seul à mettre en scène. »

Du livre «  L’engrenage » de Jérôme Kerviel, «  je n’ai retenu que la première partie, tout ce qui le concerne dans son métier à la Société Générale ».  Les limites posées par l’intéressé, le casting, le travail préparatoire (autour de la salle de trading, notamment) prolongent cet interview qui se conclue sur les films qui l’ont inspiré « mais pas forcément pour le côté trading »…

«  Les hommes du président », « The company men », «  La firme », «  Zodiac » … «  j’en ai revus certains, je recherchais des images bleutées, ou saturées comme fait Fincher avec le jaune.. »

  • Le cinéma et les finances.

« Wall street, l’argent ne dort jamais » d’Oliver Stone. –« Le loup de Wall Street » de Martin Scorsese.-« Krach » de Fabrice Genestal.-« The Big short, le casse du siècle » de Adam McKay.-« Margin call » de J.C Chandor.-« The company men » de John Wells. –« L’enquête » de Vincent Garenq.

« Et ça monte, et ça monte, le pognon qui rentre chaque jour, c’est presque lassant ». Meilleur dvd Octobre 2016 ( 5 ème ) Le film s’achève quand débute l’affaire Kerviel. Avec ses épisodes judiciaires, dont certains sont encore en cours. Le générique de fin le rappelle.. Le réalisateur Christophe Barratier se préserve ainsi de toute ingérence sur  l’instruction. Il s'en tient à l’homme, son environnement et les rouages d’une activité qui peut rapporter beaucoup. Beaucoup trop, au point de conduire un personnage quasi normal dans la folie des traders accros à leurs ordis . Barratier a semble-t-il beaucoup de sympathie pour son…
Le film
Les bonus

Dans le genre les subprimes expliqués aux nuls, en compagnie de quelques traders, le cinéma vient de nous fournir « The big short » auquel je n’ai pas compris grand-chose. Le film de Barratier plein de frénésie, d’hystérie et de compassion pour son héros a au moins le mérite de poser clairement les données d’une affaire qui demeure toujours sur le bureau des juges d’instruction. C’est peut-être pourquoi le réalisateur ne s’embarque pas dans cette direction, préférant revenir en amont sur les tenants et les aboutissants de la personnalité du héros malgré lui, Jérôme Kerviel qu’interprète avec brio Arthur Dupont qui jusque-là ne brillait pas vraiment. Si Baratier prend quasiment faits et causes pour le jeune trader, il le fait en respectant semble-t-il les pièces portées à la connaissance du grand public, et sans manichéisme patent. C’est pourtant un monde de fous et d’enfiévrés qu’il nous dépeint autour d’un jeune garçon qui se laissera emporter par la folie hystérique de cet univers. L’histoire d’amour qui chaperonne les débats accentue les traits d’une personnalité que le réalisateur cerne avec le concours d’un casting porté par la présence efficace de François-Xavier Demaison.

Avis bonus Un making of , un vrai de vrai, de près d'un heure et une interview de Jérôme Kerviel, face au réalisateur

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