- 27 mars 2024 en salle
- 3h 10min
- Drame, Thriller
- Avec Daniel Elias, Esteban Bigliardi, Margarita Molfino
L’histoire : Román et Morán, sont deux modestes employés de banque de Buenos Aires. Morán projette de voler au coffre une somme équivalente à leurs vies de salaires. Désormais leurs destins sont liés. Au gré de leur cavale et des rencontres, chacun à sa manière emprunte une voie nouvelle vers la liberté.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Qui sont les délinquants ? Les comédiens, le réalisateur, les critiques dithyrambiques ? Ou ma pomme, atterré par tant de soumission à un cinéma plus qu’honnête, mais sans l’once de l’originalité reconnue par la famille « braquage et cie » (*) .
A l’origine, le prétexte est pourtant intéressant : un banquier puise dans la caisse et avoue son forfait à la police . Quelques supposés complices entrent dans la danse.
Dont Roman (Esteban Bigliardi), à qui il demande de garder l’argent chez lui pendant trois ans et demi. Le temps de son passage en prison, remise de peine comprise.
Moran ( Daniel Elias) a donc tout bien calculé, et Rodrigo Moreno le réalisateur-scénariste également qui nous offre là de bien belles perspectives . Mais la stratégie de l’opération ne résiste pas aux coups de boutoir d’une mise en scène qui se regarde filmer.
Elle s’effiloche dans les vies en parallèles de nos deux énergumènes.
Moran qui pensait patienter en prison plutôt pépère , et retrouver à la sortie un salaire conséquent, doit déjà le partager avec ses compagnons de cellule . Dont le boss Garrincha joué par German de Silva,. On le retrouve également dans le rôle du directeur de la banque, Del Toro.
Une idée lumineuse, très peu exploitée au cœur du système financier où le réalisateur plante ses banderilles à l’intention des employés, tous suspectés d’être plus ou moins complices de Moran. Une enquêtrice privée dument dépêchée sur place les harponne sans relâche, augmentant un peu plus chaque jour la pression sur les épaules de Roman.
La terrible Laura Ortega ( Laura Paredes), qui aurait grandi au temps de l’inquisition, ne peut s’empêcher de repartir sans réponse …
Va-t-il craquer ? Profiter du magot à domicile ? Ou s’évanouir dans la verte campagne voisine où les deux compères ont tour à tour défini leur ultime résolution. Et l’amour qui les attend.
Moreno change alors lui aussi résolument de cap et dans son détour écolo-philosophique ( ne me parlez pas de poésie ! ) porte la disgression à hauteur de l’ennui.
Des scènes de pique-nique, de baignade, d’escalade et tournage de film à n’en plus finir n’apportent rien à la construction originelle du récit . Au bout de l’aventure le scénario demeure intact, propice à toutes les évasions possibles . Celle de nos deux héros me parait enfin souhaitable, mais que ce fut long !
- (*) Braquages et cie
« Le Braquage du siècle » de Ariel Winograd – « Triple 9 » de John Hillcoat- – « The Town » de Ben Affleck- « Réservoir dogs » de Quentin Tarantino – « Un homme en colère » de Guy Ritchie –« La colère d’un homme patient » de Raul Arévalo
- Moins intéressants
« Logan Lucky » de Steven Soderbergh-« Good Time » de Ben Safdie, Joshua Safdie- « Baby Driver » de Edgar Wright-« Le Gang des Antillais » de Jean-Claude Flamand-Barny-« Son of gun » de Julius Avery- « La proie » de Eriv Valette–« Sans arme, ni haine, ni violence » de Jean-Paul Rouve-« La Raison du Plus Faible » de Lucas Belvaux – »
Le Film
Dans la série des braquages peu ordinaires au cinéma, Rodrigo Moreno imagine sur le papier et derrière la caméra l’histoire d’un employé de banque qui prend dans la caisse, transmet le butin à son collègue pas vraiment au courant, et se rend à la police. Un canevas bien particulier sur lequel le réalisateur brode une histoire assez formelle où chaque individu prend en compte la somme de ses possibilités pour tenter de s’extraire d’un contexte peu enviable. Celui d’une arnaque financière sur laquelle le réalisateur tient en respect tous les employés de la banque, suspectés de complicité à des degrés divers. C’est à mon avis le point fort de ce film qui par ailleurs se regarde trop le nombril dans des scènes bucoliques, philosophiques, qui n’apportent rien à la construction originelle du récit.
Un peu long, c’est vrai mais c’est un film étonnant et je suis contente de l’avoir vu. Anti-héros, suspense, imprévus, ironie des situations de pouvoir, errance cinématographique et seule l’héroïne tant aimée a du bon sens pour tout le monde…. Un peu long mais ce décalage est une bonne surprise.