« L’ombre de Goya » de José Luis Lopez-Linares. Critique dvd

• Dvd ‏ : ‎ 21 février 2023

• Durée ‏ : ‎ 90 minutes
• Acteurs ‏ : ‎ Julian Schnabel, Carlos Saura, Jean-Claude Carrière, Nahal Tajadod
• Sous-titres : ‏ : ‎ Anglais
• Studio  ‏ : ‎ Epicentre Films

L’histoire : Fin connaisseur de Goya, Jean-Claude Carrière nous guide dans son œuvre incomparable. Un dernier voyage en Espagne  le ramène sur les traces du peintre. Des liens se tissent avec des artistes issus du monde du cinéma, de la littérature et de la musique montrant à quel point l’œuvre de Goya est influente.

Meilleur dvd Février 2023 ( 5ème)

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• Le Film et les Bonus : 

Suivez le guide. Un voyage, un regard, des commentaires savants, d’autres plus légers, et puis des anecdotes. La visite de ce musée à ciel ouvert, multidirectionnel, peuplé d’œuvres et d’histoires, donne le change à l’académique récitation des salons.

Jean-Claude Carrière mentor et, plus que spécialiste de Goya, un intime. A tel point qu’on le retrouve bizarrement chevauchant un fier destrier, tel Hannibal triomphant (photo) .Ma privauté artistique oubliée, saluons l’artiste qui nous raconte la création picturale  à travers l’actualité du moment, et les aspirations très personnelles de Goya.

On n’imagine pas comment, atteint de surdité, il pallie au handicap en forçant le regard de ses modèles «  qui écoutaient ce qu’ils voyaient »…

L’auteur et scénariste est retourné en Aragon pour retrouver ces œuvres en mouvement « une imagination fantastique ( des démons, des sorcières) qui l’oppose à Buñuel pour qui les démons sont des hommes et des femmes ».

Les deux hommes sont indissociables assure Jean-Claude Carrière, qui cette fois réellement très proche du cinéaste, évoque à plusieurs reprises leurs parallèles indéfectibles.

Carlos Saura n’est pas en reste . En bon aragonais, il regrette de ne pas pouvoir concilier à leur image «  le barbare et la sensibilité ».

« Mais on pense à Buñuel et Jean-Claude de la même façon que l’on pense à Goya , la générosité et en même temps la liberté » reprend le peintre Julian Schnabel . « Une encyclopédie de sentiments et de talents ».

Autant de témoignages collectés autour d’un homme, qui malgré la présence technique nécessaire au documentaire, parait totalement seul, en phase avec son ami Goya qu’il interroge encore à propos de cette femme allongée lascivement  sur son divan, la même pose, une fois nue, une fois vêtue.

« Laquelle je préfère, depuis des années je me pose la question … ».

Jean-Claude Carrière ne pourra d’ailleurs pas quitter le pays sans revenir lui dire adieu. Cinquante ans après leur première rencontre, le contexte rend encore plus émouvant ce face à face silencieux. Amoureux.

LES SUPPLEMENTS

• Rencontre avec le réalisateur José Luis Lopez-Linares (photo), et les producteurs Stéphane Sorlat et Antonio Saura  ( le fils de Carlos )- Ils expliquent leur raison de fixer Goya sur un tel documentaire «  un peintre pas assez connu en France et dans le reste de l’Europe ».

Comment la mort de Jean-Claude Carrière a transformé le projet initial. Il a fallu impliquer plus d’intervenants, dont sa femme et Julian Schnabel.

« Rien n’était préparé » rigole encore le réalisateur. « Il se mettait devant un tableau, et parlait en fonction de son ressenti, beaucoup d’improvisation donc . On le suivait dans ses déambulations, sans savoir où il allait, on devait se débrouiller ».

• Scènes inédites-Eles ne manquent pas forcément au documentaire final, mais les regarder est intéressant. Jean-Claude Carrière interroge ainsi  la lumière  ( où placer les projecteurs ?  ), au diable, à la sorcellerie («  comme une autodérision, comme s’il se moquait de lui-même ») , les personnages qui volent , «  comme si la terre était trop lourde ») , le sens de la peinture , « est-ce que ça représente toujours quelque chose ? »