Synopsis: Fin XIXème, Joseph Ferdinand Cheval, est un simple facteur qui parcourt chaque jour la Drôme, de village en village. Solitaire, il est bouleversé quand il rencontre la femme de sa vie, Philomène. De leur union naît Alice. Pour cette enfant qu’il aime plus que tout, Cheval décide de lui construire, un incroyable palais.
La fiche du film
Le film
Les bonus
DVD : 22 mai 2019
Plus qu’un beau livre d’images. Mon idée du départ s’installe différemment dans le cadre de Nils Tavernier. Pour dessiner les jolis paysages qui s’offrent à lui, mais aussi des portraits bien apprêtés à une histoire apparemment tranquille.
Elle est scellée dans la pierre de ce Palais idéal qui marque l’existence de ce facteur qui s’appelait Cheval. Ce qui peut changer le cours des choses quand la nature ne vous a pas doté de sentiments forts, expressifs et pourtant sincères.
Joseph est un taiseux comme le remarque sa seconde femme qui pourtant va l’aimer au premier regard. Ce couple plutôt étonnant fonctionne à l’envie de la nature qui les entoure. Philomène s’affaire à la maison, Joseph fait sa tournée, à pied, chaque jour, une trentaine de kilomètres au bas mot.
Certains villageois en ont peur (il ne dit jamais un mot, passe son chemin…). Son supérieur, Auguste, le connait bien et lui fait confiance. Sur le visage paisible du receveur, Bernard Le Coq a la bonhomie suffisante pour assurer la tranquillité que recherchent ses semblables.
Le facteur Cheval est un bon bougre, mais le jour de la naissance de sa petite fille, Alice, c’est la panique totale. Il ne sait plus quoi dire, quoi faire, comment réagir.
On pourrait le signaler souvent, mais à cet instant, le jeu de Jacques Gamblin est irréprochable. Il ira crescendo jusqu’à la vieillesse. Celle qui voit partir ses très proches et lui inflige des moments d’autant plus douloureux que jamais il ne les exprime publiquement.
Nils Tavernier l’accompagne d’ailleurs très bien dans cette sourde attitude, sans en faire lui non plus de trop (l’art de l’ellipse est ici une école) . Il donne à son regard la même empathie, le même désir. A l’esbroufe, il privilégie la belle image ( un peu trop peut-être… ) et le sens du récit.
Chaque soir après sa tournée, Joseph s’attelle à la construction de son Palais. Une cour de récréation dit-il pour sa petite Alice qu’il chérit par-dessus tout. Mais la prendre dans ses bras lui demande encore beaucoup d’efforts.
Le Palais Idéal voit le jour. On l’admire, le négoce s’en empare.
Ce n’est pas la direction que prend le film, mais son axe principal secondé par la relation essentielle qu’il entretient avec son épouse. Une femme inquiète mais si confiante, si fière de son mari qu’elle le rejoint maintenant, la nuit dans son refuge.
Laetitia Casta tient elle aussi le rôle dans sa juste mesure et figure bien ses femmes d’autrefois, perdues dans les campagnes autant que leur chaumine reculée. Vaillante à la tâche et au bonheur aussi, quand il se présente.
La chronique française tient ainsi son rang dans l’Histoire de notre pays et ce qu’elle apporte encore aujourd’hui pour conduire nos pas dans ceux d’un homme extraordinaire, et aux apparences si trompeuses.
LES SUPPLEMENTS
- Secrets de tournage ( 30 mn ). Il y a beaucoup de commentaires très documentés, hyper intéressants de Nils Tavernier, secondé parfois par Rodolphe Chabrier, responsable de la conception visuelle ( trucages, maquillages, effets numériques… ). Quelques séquences du tournage en prime…
Nils Tavernier raconte le chemin qui l’a conduit à cette histoire dont il ignorait tout, jusqu’à l’existence de ce palais et de son propriétaire « un homme câblé différemment ».
« Quelqu’un de mal vu et qui va gagner ». Une force de la nature, un cheval de guerre, « un personnage exceptionnel et là j’avais mon cinéma. (…) J’y ajoute du romantisme avec cette histoire d’amour avec Laetitia Casta. »
Il passe à la moulinette tous les personnages, évoque bien évidemment Tati « à éviter pour son personnage, il ne fallait pas rentrer dans son personnage à lui… ».
Faire vieillir Jacques Gamblin avec du maquillage, remarquable mais ça ne marchait pas sur Laetitia Casta. Tavernier et Chabrier expliquent alors la technique employée sur la comédienne…
Le réalisateur entre également dans le détail chromatique autour de la peinture de Quentin de La Tour , explique sa technique colorimétrique , « il casse la gamme des gris, il remonte toutes les pointes de magenta ce que nous avons fait dans le film… »
Le travail sur le beige qui va de la robe de Laetitia, à la façade du château et de la veste du facteur Cheval, « c’est le même beige, on a beaucoup travaillé pour ça… (… ) Mais si on le fait de façon trop ostentatoire alors ça fait leçon de mise en scène .(…)Moi j’ai envie que l’on ressente les truc sans que l’on se dise ils ont fait un trucage dingue ».
- Le palais idéal ( 22 mn ). Une visite guidée tout bonnement de ce monument historique avec en inserts des séquences du film .
Le film
Les bonus
C’est l’histoire de la construction du Palais Idéal et de son auteur, le facteur Cheval qui malgré les apparences d’un simplet, d’un benêt réussira à ériger une œuvre d’art aujourd’hui considérée comme indispensable au patrimoine mondial.
Nils Tavernier s’en empare en retenant principalement les traits d’un homme effectivement hors du commun, et qui taiseux devant le monde, réussira à exprimer ses sentiments et notamment son amour à sa petite fille en construisant pendant plus de trente ans ce monument oriental.
Une patience, une détermination propres à une réalisation aussi tranquille, apprêtée à de jolis paysages. Un cinéaste qui à l'esbroufe privilégie la belle image et le sens du récit. Avec des comédiens de premier ordre dont Jacques Gamblin dans le rôle-titre absolument étourdissant de l’âge adulte, à la vieillesse, de la sourde douleur à l’extatique contemplation.
AVIS BONUS
Un entretien commenté et illustré avec le réalisateur, et une visite guidée du Palais, l’ensemble est très passionnant