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« L’incinérateur de cadavres » de Juraj Herz . Critique Blu-ray

  •  Durée ‏ : ‎ 1 heure et 41 minutes
  • Dvd ‏ : ‎ 18 février 2025
  • Format : Noir et Blanc
  • Cinéma : 1968
  • Acteurs ‏ : ‎ Rudolf Hrusinsky, Vlasta Chramostava, Milos Vognic, Jana Stehnova, Zora Bozinová
  • Studio  ‏ : ‎ Potemkine Films / Malavida

L’histoire : Tchécoslovaquie, 1938. Monsieur Kopfrkingl travaille dans un crématorium. Il voit dans l’incinération, la beauté, la transcendance, un salut pour l’humanité. Un ancien compagnon d’armes, sympathisant nazi, lui suggère que du sang allemand coule dans ses veines. Alors que les Allemands envahissent le pays, Monsieur Kopfrkingl trouve alors  l’opportunité de montrer son savoir-faire …

Prix Sirène d’argent au Festival de Sorrento en 1969.

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez vous à la fin de l’article

Le film :  

Les bonus

On n’échappe pas à son destin .Dans un crématorium où tous les signes de la mort le conduisent vers le  sacré,  Monsieur Kopfrkingl, l’activiste des lieux, est aux anges. La mort est à ses yeux une bénédiction, il ne parle que de ça. Surtout à sa petite famille et à sa petite femme qui ne dit mot. Elle écoute silencieusement, atterrée, les monologues lugubres de son époux bienveillant, à tous égards.

Au point de très vite adhérer aux thèses d’un vieil ami qui le convainc d’adhérer au parti nazi, à peine arrivé au pouvoir en Tchécoslovaquie. Kopfrkingl est en effet convaincu que du sang allemand coule dans ses veines.

Son sourire qui de plus en plus nous interpelle figure l’expression de tout son quant à soi. Au coeur d’un système où son pouvoir est déjà établi, il va alors mettre en place sa solution finale, une extermination programmée de tout individu suspect de contrarier l’idéologie fasciste.

A commencer par sa femme et ses enfants…

L’individu, parfaitement troublé , accumule toutes les tares de sa personnalité .  Il est morbide, ( aux gymnastes de la fête foraine, il préfère conduire ses enfants dans le musée des horreurs ), libidineux, pervers. Il caresse ses employées, mais à la face du monde, demeure le bon père de famille que tout le monde respecte.

Rudolf Hrusinsky dans le rôle-titre est absolument grandiose, l’incarnation même du mal confiné dans ce huis-clos funéraire où prolifèrent des idées fascistes qu’il alimente au fur et à mesure de ses délires criminels. Un four pour une personne, pense-t-il, ce n’est vraiment pas rentable …

On a alors dépassé l’humour noir des premiers instants, pour l’application sinistre d’une solution finale que Kopfrkingl  exprime à plusieurs reprises .Mais jamais aussi bien que dans son discours funéraire, à l’enterrement de sa femme, qu’il a assassinée, faut-il le rappeler. Mielleux et condescendant, il s’emporte peu à peu pour conclure sur une déclaration fasciste exaltée. Dans la salle, certains lèvent le bras …

Les Suppléments:

  •  « Brutalités récupérées », premier court métrage de Juraj Herz (1965 – 32 mn) -D’après la nouvelle de  Bohumil Hrabal. Noir et blanc.

Dans une boutique de récupération de vieux papiers, l’humanité se conjugue entre le passé refoulé dans les détritus et l’avenir qu’elle peut en espérer. Ca sautille, ça rigole dans ce capharnaüm mortuaire , joyeusement filmé par un réalisateur, qui en garde déjà derrière l’œilleton.

  • – « This way to the cooking chambers », documentaire de Daniel Bird (2017 – 22 mn) – Le réalisateur présente le scénario original sur lequel il n’y a aucune correction, surcharge ou commentaire. On a tourné au mot près. » Il retourne ensuite sur les lieux de tournage, à Prague principalement.

«  Je ne voulais pas de studio, mais pour filmer le crématorium idéal, trois lieux ont été nécessaires. » Ce sont des pièces qui n’ont quasiment pas changé …

  • Interview de Juraj Herz, Stanislav Milota et Vlata Chramostova  (2008 – 16mn) – Deux années de relecture et refonte du roman ont été nécessaires pour arriver à un scénario satisfaisant pour le réalisateur qui n’aimait pas le roman. Mais le titre avant tout le retenait.
Un four, une personne, ce n’est plus concevable pense notre cher directeur

Il explique le casting, la réticence de  Rudolf Hrusinsky  («  je n’ai pas d’espace pour jouer, et les plans sont trop courts ») avant de se ranger aux arguments de Juraj Herz

  • Histoire, politique et nouvelle vague tchécoslovaque par Christian Paigneau réalisateur de « Un conte de fées tchécoslovaques » (2024 – 38mn)
  •  « Juraj Herz et l’incinérateur de cadavres », par Christian Paigneau et Garance Fromont chercheuse et enseignante en cinéma et spécialiste de la nouvelle vague tchécoslovaque. (2024 – 55 mn)
 Durée ‏ : ‎ 1 heure et 41 minutes Dvd ‏ : ‎ 18 février 2025 Format : Noir et Blanc Cinéma : 1968 Acteurs ‏ : ‎ Rudolf Hrusinsky, Vlasta Chramostava, Milos Vognic, Jana Stehnova, Zora Bozinová Studio  ‏ : ‎ Potemkine Films / Malavida L’histoire : Tchécoslovaquie, 1938. Monsieur Kopfrkingl travaille dans un crématorium. Il voit dans l’incinération, la beauté, la transcendance, un salut pour l’humanité. Un ancien compagnon d’armes, sympathisant nazi, lui suggère que du sang allemand coule dans ses veines. Alors que les Allemands envahissent le pays, Monsieur Kopfrkingl trouve alors  l’opportunité de montrer son savoir-faire … Prix…
Le Film
Les bonus

Il a un sourire énigmatique sur un  visage rond , en gros plan bien souvent, une mine débonnaire, et l'apparence du gentil père de famille, du mari attentionné. Un portrait parfaitement taillé pour dissimuler le mal qui le gangrène naturellement, au sein de son crématorium où il va mettre en pratique ,les principes de l'incinération au profit de l'extermination. Face à la menace allemande prête à envahir la Tchécoslovaquie et persuadé d'avoir du sang germanique, Karl Kopfrkingl, applique en effet  la théorie raciale des nazis. Il le fait à son image, doucereusement , en commençant par sa famille. Le réalisateur Juraj Herz filme à minima, ce huis-clos morbide dans lequel le héros , loin d'étouffer ( contrairement à ses collègues ) donne un sens à l'existence de la mort. Il la sublime, pervers et libidineux à l'égard de toute cette engeance qu'il accuse d'entraver l'idéologie nazie, à commencer par sa famille. D'où le germe de ses idées criminelles dans son esprit tourmenté et troublé que l'interprétation de Rudolf Hrusinsky dans le rôle-titre rend absolument grandiose, l'incarnation même du mal .

AVIS BONUS Le premier court métrage de Juraj Herz, le retour sur les lieux du tournage en sa compagnie, son interview, son histoire , et encore bien d'autres choses pour prolonger l'étonnante aventure de ce film 

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