Synopsis: L'histoire : Dima, jeune plombier, doit gérer les canalisations des logements sociaux d’un quartier d’une ville de Russie. Un soir, lors d’une inspection de routine, il découvre une énorme fissure le long des façades . Selon ses calculs, le bâtiment est sur le point de s’effondrer et d’ensevelir les 800 locataires.
La fiche du film
Le film
Egalement en coffret avec » The Factory »
- Prix du meilleur acteur, du jury œcuménique et premier prix du jeune jury au Festival International du film de Locarno 2014
- Premier prix Flèche de cristal, Prix de la meilleure photographie et Prix du jeune jury au Festival du cinéma européen des Arcs 2014
- Meilleur dvd Décembre 2019 ( 2ème)
Cet idiot, ce n’est pas celui de Dostoïevski, même s’il vit lui aussi en Russie. Et à l’image du prince de l’écrivain, il n’a rien du bêta annoncé. Ce qui les distingue, l’époque, et surtout cette fameuse âme russe imprégnée de littérature moscovite.
Cette noblesse dépeinte par l’auteur de « Crime et châtiment » est cette fois noircie par la corruption de ses élites. Le ton est résolument engagé contre l’état soviétique qui de la Douma aux municipalités est totalement corrompu.
Ce que découvre hébété le jeune Dimtri ( Artem Bystrov, excellent ) qui après sa journée de plombier bosse la nuit pour devenir ingénieur.
En consultant ses cours, il comprend que l’immeuble dont il est en charge ne tient que par la grâce du Tsar. Ou ce qu’il en reste.
Ce soir là , la mairesse (Natalia Surkova, très bien ) fête son anniversaire avec tous ses collègues et copains de la mairie, hors d’atteinte cérébrale. Il va pourtant leur falloir dégriser très vite. Les révélations du technicien sont plus qu’alarmantes, l’immeuble ne tiendra pas 24 heures …
800 personnes à reloger, aucune solution immédiate de rechange, plus d’argent dans les caisses.
Le début des ennuis, des règlements de compte, des aveux en forme de confessions tardives …
Un jeu de massacre entre ces amis de beuverie qui se renvoient la balle et la faute. Tout le monde, de la mairesse au secrétaire, de l’officier de police au médecin, tout le monde profite des magouilles institutionnalisées.
Manque d’entretien de l’immeuble, coup de peinture salutaire et le reste dans la poche des fonctionnaires. Dimtri est plus que sonné devant l’aveuglement criminel de ces hommes qui tergiversent et retournent à leurs libations.
Seule Madame la mairesse tente réellement de colmater les brèches, mais devant le tollé silencieux de son équipe, elle comprend que le monde tournera encore sans elle. Un constat d’impuissance que Dimtri espère contenir une dernière fois, abandonnant sa famille et le peu d’espoir qu’il lui reste.
C’est un film dur, et magnifique, d’une noirceur alarmante : au-delà de la dénonciation politique évidente ( voire même caricaturale parfois, par trop de vérités ) ce film nous pose devant nos propres interrogations. La rage de l’innocent que l’on dit idiot sera-t-elle suffisante ? On aimerait le croire, mais Yuri Bykov n’est pas vraiment de cet avis.
Le film
Un jeune plombier comprend qu'un immeuble peut s’écrouler dans les 24 heures à venir. Il prévient les autorités de la ville à une heure si tardive et tellement arrosée, que personne ne veut le croire. C’est surtout la corruption totale des élites qui les rend sourds et aveugles. Qu’il s’écroule on trouvera toujours quelqu’un pour porter le chapeau . Après « The Major » et avant « The Factory », tous les deux dans ce blog, le jeune réalisateur soviétique signe un élément à charge supplémentaire sur l’état de délabrement du système . Plus radical que « Léviathan » de Zviaguintsev (Léviathan) auquel il fait parfois penser, « L’idiot » est un film dur, et magnifique, d’une noirceur alarmante : au-delà de dénonciation politique évidente ( voire même caricaturale parfois, par trop de vérités ) il nous pose devant nos propres interrogations. La rage de l’innocent que l’on dit idiot sera-t-elle suffisante ? On aimerait le croire, mais Yuri Bykov n’est pas vraiment de cet avis.
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