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« Libre » de Michel Toesca. Critique cinéma-dvd

Synopsis: La Roya, vallée du sud de la France frontalière avec l'Italie. Cédric Herrou, agriculteur, y cultive ses oliviers. Le jour où il croise la route des réfugiés, il décide de les accueillir. De leur offrir un refuge et de les aider à déposer leur demande d'asile. 

La fiche du film

Le film : "Libre"
De : Michel Toesca
Avec :
Sortie le : 26/09/2018
Distribution : Jour2fête
Durée : 100 Minutes
Genre : Documentaire
Type : Long-métrage
Le documentaire
  • Date de sortie du DVD : 16 avril 2019

Sur le fond, on accompagne cette démarche humanitaire animée par un personnage qui à l’origine ne s’occupait que de ses poules et de ses oliviers. Nullement militant, hors la loi malgré lui, Cédric Herrou est l’emblème d’un combat pour la dignité et le respect de son prochain, face au non-sens que représente la situation des réfugiés à la frontière franco-italienne.

Elle perdure dans le Briançonnais et s’enlise, à l’image de ce documentaire qui une fois le problème clairement posé n’avance plus. Il se répète, reprend souvent les mêmes interrogations et se perd dans des images TV peu évocatrices.

Je pense à l’utilisation d’un hélicoptère pour amener une caravane sur la propriété (bizarre quand même). Ou à la marche sur l’ancienne route du sel  pour rejoindre Nice par la montagne (la police contrôle toutes les routes). Elle a nécessité trois jours et trois nuits d’efforts. Elle est filmée comme une rando ordinaire…

Le temps de la réflexion s’effiloche, le travail des nombreux bénévoles est à peine remarqué, sinon par leur présence dans un arsenal complexe que Cédric Herrou tente de simplifier avec sa bonne volonté et celle de spécialistes bénévoles.

Et il en faut pour venir à bout de l’inertie ambiante barricadée par quelques militaires en tenue de camouflage (on les repère ainsi plus facilement tout autour de la propriété) et des fonctionnaires aux ordres.

« On dit ce qu’il ne faut pas faire, mais on ne nous dit pas ce qu’il faut faire » remarque amusé, agacé le jeune paysan qui s’étonne encore que «  quand la préfecture met les enfants en danger, je les protège et on m’emprisonne ».

La politique du gouvernement sur la migration s’effrite dans ce constat accablant d’un simple citoyen devenu révolutionnaire malgré lui. Quand ils sont arrivés la première fois, « il fallait bien faire quelque chose, alors je les ai aidés à passer » dit-il encore, bardé d’un contrôle judiciaire qui lui interdit tout contact.

La relève est alors assurée par les gens du pays, qui assurent notamment le fonctionnement du squat SNCF des Lucioles («  tant que l’on n’a pas de locaux pour accueillir les réfugiés … ») et la cartographie policière afin de détourner le dispositif répressif. Mais une fois arrivés sur place, les CRS interdisent brutalement aux demandeurs d’asile l’accès aux locaux administratifs.

Inertie, paralysie, dialogues de sourds (la séquence sur le sort des enfants mineurs est hallucinante) la résistance citoyenne est devenu depuis des années le combat de Cédric et de tant d’autres. Ce documentaire nous le rappelle, et nous alerte.

LES SUPPLEMENTS

  • Du Soudan à la Roya ( 7 mn ) . Le témoignage d’un exilé, sa traversée du désert, la peur d’être arrêté par les Berbères ( tu dois leur donner de l’argent ou tu deviens leur esclave ) , le bateau où l’on veut dit que 450 personnes ça ne le fait pas et qu’on espère être aidé par un gros tanker, et puis l’arrivée sur le sol français, en fin on le croit, on est peut-être encore en Italie….

  • Le temps des Olives ( 28 mn ). Il s’agit de toute l’histoire de Cédric Herrou. «  D’une bataille clandestine je suis passé à une bataille assumée » résume-t-il en se remémorant toutes les grandes étapes du mouvement, autour d’un pique-nique auquel assistent le réalisateur, le producteur, l’avocat et quelques militants.

« Au début, j’étais perdu » confesse l’intéressé « mais je ne savais pas quel film tu faisais ».

«  Mais moi non plus » reconnait Michel Toesca. «  Je filmais des migrants qui arrivaient… ».

Cédric Herrou s’étonne encore aujourd’hui que parmi les élus , personne ne se soit posé la question sur le fait « que je me rendais à la frontière italienne chercher des gamins qui étaient en souffrance. Des paysans, des infirmiers les cachaient chez eux… ».

  • L’odyssée judiciaire ( 14 mn ) . Tout l’historique autour de la légalité du mouvement et de ses répercussions sur la vie de Cédric Herrou qui fut à plusieurs reprises condamné…
  • La lettre de Jackie Herrou . Je n’en livre que le début, mais elle est magnifique… Monsieur le procureur,

Je suis la mère de celui contre qui vous vous acharnez. En 1918, ma grand-mère paternelle a passé la frontière d’Italie, à pied. Elle y a perdu son bébé , dans les montagnes … ( peut-être a-t-elle alors croisé les grands-mères de Mr Ciotti et de Mr Estrosi ).

(…) ma sœur est née dans les geôles de la Gestapo…

C’est ce sang là qui coule dans les veines de mes deux fils que vous avez arrêté…

  • Exilés, réfugiés, immigrés : 

« The good lie » de Philippe Falardeau.

« Hope » de Boris Lojkine.

« Fuocoammare, par delà Lampedusa » de Gianfranco Rosi

« L’ordre des choses » de Andrea Segre

Date de sortie du DVD : 16 avril 2019 Sur le fond, on accompagne cette démarche humanitaire animée par un personnage qui à l’origine ne s’occupait que de ses poules et de ses oliviers. Nullement militant, hors la loi malgré lui, Cédric Herrou est l’emblème d’un combat pour la dignité et le respect de son prochain, face au non-sens que représente la situation des réfugiés à la frontière franco-italienne. Elle perdure dans le Briançonnais et s’enlise, à l’image de ce documentaire qui une fois le problème clairement posé n’avance plus. Il se répète, reprend souvent les mêmes interrogations et se perd dans…
Le documentaire

La situation tragique et absurde des réfugiés à la frontière franco-italienne de Vintimille. Un jour un jeune paysan du coin les a vus arriver et ne sachant que faire, il les a accueillis. Depuis, Cédric Herrou se bat contre l’administration qui dans un non-sens humanitaire absolu n’en finit pas de lui mettre des bâtons dans les roues. Cela fait maintenant plus de trois ans qu’il résiste avec l’aide de nombreux bénévoles. La situation perdure dans le Briançonnais et s’enlise à l’image de ce documentaire qui une fois le problème clairement posé n’avance plus. Il se répète, reprend souvent les mêmes interrogations et se perd dans des images TV peu évocatrices. Sur le fond le problème est bien posé. On ne peut qu’y adhérer. Inertie, paralysie, dialogues de sourds, la résistance citoyenne est devenu depuis des années leur combat.

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