Synopsis: Michel Descombes vit paisiblement dans le quartier Saint-Paul à Lyon où il est horloger et élève seul son fils Bernard depuis le départ de sa femme. Un jour, celui-ci est accusé d'avoir tué un vigile de l'usine où travaillait sa petite amie. Le commissaire Guiboud, homme mi- blasé, mi- compatissant, demande à Michel de l'aider. Après l'arrestation, Michel prend la défense de ce fils dont il réalise qu'il ignorait tout. Bernard est condamné à 20 ans de réclusion...
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
- Bertrand Tavernier a reçu un Lion d’or d’honneur dans le cadre du 72e Festival du Film de Venise 2015.
Ce film que l’on ressort 40 ans après est intéressant à plus d’un titre. C’est d’abord le 1er long métrage de Bertrand Tavernier, alors attaché de presse. Après plus d’un an de galère, le jeune homme convainc Philippe Noiret de le rejoindre. Ils tourneront ensuite cinq autres films. De ces deux anecdotes demeure une réalisation tout à fait remarquable pour un coup d’essai, et qui aujourd’hui encore tient la distance.
Le revoir avec grand plaisir, c’est aussi la confirmation que Bertrand Tavernier avait déjà des idées à soumettre à sa caméra. L’adaptation du roman de Simenon est entachée d’une infidélité assumée dès la transposition des lieux : du Connecticut d’origine, le jeune cinéaste passe à sa bonne ville natale de Lyon, qu’il chérit avec une intention particulière.
La moindre pierre de taille devient élément de décor, indissociable de l’ambiance provinciale, où l’assiette de charcuterie la plus commune prend des allures de banquet. C’est un ton que donne Tavernier avant de s’imprégner d’un sujet particulier sur les rapports entre un père et son fils accusé du meurtre d’un vigile. Très vite Philippe Noiret dans le rôle-titre prend la posture du père indulgent de la chanson de Brassens, « Les quatre bacheliers ».
Alors que son gamin est en cavale, il va lui aussi partir à sa recherche, quêtant dans son passé, et ses souvenirs qui est réellement cet enfant. Il le découvre à travers le regard des autres, leurs témoignages, ce qui procure une très belle séquence avec Andrée Tainsy,la vieille dame qui l’avait élevé.
Un cheminement parfaitement balisé par le réalisateur dans la direction d’acteurs et la reconstitution d’une époque où le social et la politique interfèrent avec insistance. Tavernier le souligne sans ménagement, conférant toute l’autorité nécessaire à ce personnage de gauchiste que joue très bien Jacques Denis.
Le ton est abrupt, mais le regard généralement tout en douceur, même dans la fréquentation avec ce commissaire bonasse qui traque le gamin. Jean Rochefort, très bien, lui aussi. C’est véritablement du côté de l’humain que le jeune cinéaste d’alors travaille sa mise en scène conférant à l’accord et à la complicité, les vertus de l’espoir.
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec Bertrand Tavernier et Philippe Noiret (40 mn). Même si les deux hommes, copains depuis toujours sont côte à côte, c’est surtout Bertrand Tavernier qui s’exprime. Ce qui l’a intéressé dans cette adaptation : « J’ai vu un personnage solitaire, mais toujours très bien entouré, alors je voulais le confronter à cette notion de solitude » dit-il rappelant les difficultés rencontrées pendant 14 mois, alors que la profession ne fait pas attention à ce jeune débutant. Simenon au début ne voulait pas non plus que l’on adapte son livre.
Philippe Noiret : « Je suis un instinctif, le personnage m’a plus tout de suite et surtout une fois le tournage fini, j’ai remarqué que ce film m’a changé dans ma façon de vivre avec ma famille et en particulier ma fille ».
Les rapports avec le roman de Simenon sont bien évidemment abordés : « je crois qu’il a vu le film, en tous les cas il m’a envoyé une très gentille lettre. (…) 80 % de scènes ou de personnages sont inventés, je l’avais prévenu que j’allais lui être infidèle ».
- Entretien avec Jean Rochefort (15 mn). « Avec Tavernier j’ai appris à tutoyer la caméra, l’engin ne m’inquiétait plus, la caméra m’a longtemps intimidé. (…) A l’acteur de s’imprégner de ce que veut restituer l’auteur, le réalisateur, une complicité s’est alors installée entre nous ».
Review Overview
Le film
Les bonus
Pas mal d’originalité à l’époque dans la réalisation de ce jeune cinéaste qui casse les codes en vigueur, dont ceux de l’adaptation. L’infidélité à Simenon est notoire dans cette (re)transcription de son roman, avec un vrai travail de recherche (la manière d’aborder le procès et d’en donner le verdict) dans l’écriture.
Un film révolté, qui ne cache pas son engagement politique et social à l’égard des milices patronales, par exemple et du climat général d’un pays, cinq ans après 1968.
L’occasion aussi de revoir Philippe Noiret et Jean Rochefort dans un duel à distance savoureux et complice. L’horloger de Saint-Paul » est un quarantenaire qui se porte bien.
Avis bonus
Tavernier, Noiret et Rochefort se souviennent, et c’est très bien.
16 Commentaires
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