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« L’homme du peuple » de Andrzej Wajda. Critique DVD

Synopsis: Lech Walesa est un travailleur ordinaire, un électricien qui doit composer avec une vie de famille, et sa femme Danuta. Alors que les manifestations ouvrières sont durement réprimées par le régime communiste, il est porté par ses camarades à la table des négociations. Son franc-parler et son charisme le conduisent vite à endosser un rôle national. Il ne se doute pas encore que sa vie va basculer, en même temps que la grande Histoire.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "L'Homme du peuple"
De : Andrzej Wajda
Avec : Robert Wieckiewicz, Agnieszka Grochowska, Iwona Bielska, Zbigniew Zamachowski, Maria Rosaria Oma
Sortie le : 26 mars 2015
Distribution : Condor Entertainment
Durée : 127 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Meilleur dvd Mars 2015 ( 10 ème )

Le cinéma indispensable. Pour l’Histoire, la mémoire, et les souvenirs qu’ils ravivent dans les flash-backs de l’actualité. Un homme se lève à contre-courant et donne le tempo d’une révolte impossible. J’ai eu l’opportunité de découvrir le pays de Lech Walesa à l’époque où Jaruzelski commençait à lâcher prise.

Solidarnosc n’était plus clandestin, la Pologne respirait un tout petit peu mieux. Ce souffle inattendu, Wajda le ranime et l’entretient avec fougue dans cette épique reconstitution d’une époque cruelle.

Sous le joug de l’empire soviétique, la Pologne vit au rythme des diktats du grand frère, relayés avec un zèle inhumain par les caciques du Parti communiste local. Le peuple peine au travail, peine à se révolter ; le moindre soulèvement est réprimé sans ménagement, les dégâts collatéraux sur la famille, désastreux.

Electricien sur le chantier naval de Gdansk, Lech Walesa effectue à plusieurs reprises de courts séjours en prison. Il résiste, s’obstine et rallie, un peu sans le vouloir, une majorité d’ouvriers en colère.

Il devient cet homme du peuple comme le dépeint si bien Wajda qui après « L’homme de fer » sculpte à nouveau l’Histoire de son pays dans le regard d’un personnage exemplaire.

Il use avec dextérité et pertinence du noir et blanc et de la couleur, d’archives et d’une mise en scène réaliste, pour planter le juste décor. Une litanie de privations, de contraintes et d’abandon, une atmosphère de purgatoire avant les geôles de l’enfer.

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Une ambiance parfaitement retranscrite comme dans  «  Good bye, Lenin », «D’une vie à l’autre » ou plus généralement  l’émouvant «  Sacrifice » de Agnieszka Holland. Wajda y ajoute une tonalité visuelle très personnelle  à travers le vécu des informations TV. Il donne du grain à l’image et de l’authenticité à son discours.

Du biopic au documentaire, Wajda dresse le parcours chaotique d’un destin contrarié par des événements qu’il n’avait pas forcément suscités. Walesa apparait ainsi tout au long de son ascension comme un bon père et un mari exemplaire. La cellule familiale, à plusieurs reprises chahutée, résiste elle aussi  avec l’épouse sans qui peut-être rien n’aurait été possible.

Je ne sais pas ce que le réalisateur a pu substituer à la vérité historique (*)  mais son regard sur les gens atteste d’une réelle intention à leur égard. Il y eut bien évidemment des retournements de situations, des trahisons (la milice à elle seule suffit à combler l’attente des soviétiques), mais le fondement même du mouvement ouvrier ne laisse plus aucun doute sur l’avènement d’une société nouvelle.

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 La musique n’est pas en reste, et Wajda, chose rare, lui donne une valeur exemplaire à travers les riffs engagés, plutôt hard des groupes nationaux, de la trempe de notre Trust d’alors. Un acte de courage supplémentaire face aux représentants «  de la loi et de l’ordre », libellé officiel de la répression. On ira jusqu’à exiler Walesa à qui l’on fait croire que tous ses amis l’ont trahi.

Robert Wieckiewicz porte fièrement la moustache du leader polonais aux côtés d’une autre grande comédienne Agnieszka Grochowka. Un couple uni, comme dans la vraie vie. C’est ça aussi le cinéma.

(*) La scène de l’allaitement dans la prison est assez émouvante, mais me paraît un brin romancé…

  • Lech Walesa à l’Assemblée nationale française  (9.40 mn). Avant la projection du film en avant-première, le héros se présente devant les élus. Il explique comment vaincre le communisme ou l’histoire de la Pologne en moins de six minutes. Après quoi il donne son sentiment sur le film qui la première fois ne lui avait pas plus. «  Mais plus je le regarde, plus il me plaît, alors s’il ne vous plaît pas, retournez le voir ».

Sur l’origine du projet, il dit que Wajda,  «  le plus grand réalisateur polonais (…) a essayé de rentrer en contact avec moi, mais je changeais de trottoir, je ne l’ai pas aidé, car je voulais savoir ce qu’un grand personnage comme Wajda pensait de moi ».

Meilleur dvd Mars 2015 ( 10 ème ) Le cinéma indispensable. Pour l’Histoire, la mémoire, et les souvenirs qu’ils ravivent dans les flash-backs de l’actualité. Un homme se lève à contre-courant et donne le tempo d’une révolte impossible. J’ai eu l’opportunité de découvrir le pays de Lech Walesa à l’époque où Jaruzelski commençait à lâcher prise. Solidarnosc n’était plus clandestin, la Pologne respirait un tout petit peu mieux. Ce souffle inattendu, Wajda le ranime et l’entretient avec fougue dans cette épique reconstitution d’une époque cruelle. Sous le joug de l’empire soviétique, la Pologne vit au rythme des diktats du grand…

Review Overview

Le film
Le bonus

Le genre de film indispensable à notre Histoire. Pour se souvenir de ce qu’elle fut et où elle nous conduit toujours aujourd’hui. Comme le film est de qualité, il ajoute un supplément d’âme à cette mémoire que le réalisateur entretient avec une perspicacité renouvelée dans la mise en scène, une perspicacité intacte dans la conduite fictionnelle d’un mouvement où le noir et blanc, alterne avec la couleur, conférant à l’ensemble son authenticité. Le casting est sans retouche avec dans le rôle-titre,  Robert Wieckiewicz parfaitement secondé par son épouse,Agnieszka Grochowka très, très bien.

Avis bonus Un court discours de Wajda et puis s'en va ...

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