Synopsis: Chili 1974. Justa, Lucia et Luciana Quispe, trois bergères de l’Altiplano, mènent une vie retirée au rythme de la nature. À son arrivée au pouvoir, Pinochet remet en question ce mode de vie ancestral. Les trois sœurs traversent alors une crise existentielle qui aura un retentissement unique dans l’histoire contemporaine du Chili.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
Elles ne sont pas bavardes. Quand elles parlent c’est qu’il y a un problème comme dit Lucia, l’une des trois sœurs qui depuis la mort d’une quatrième vivent quasiment recluses autour de leur cheptel, tout là-haut, à 4.000 m sur les pointes de l’Altiplano.
Il y a un problème, effectivement, que pousse une rumeur venue de la ville. Tous les éleveurs alentours ont vendu leurs bêtes,à perte, ce qui inquiète la fratrie. Encore peut-être plus Luciana, l’aînée qui ne dit rien mais paraît bien informée.
« Ils voulaient travailler à la mine » rassure-t-elle sans convaincre. Lucia hoche la tête « il y a un problème ». Le film de résistance que livre avec âpreté Sebastian Sepulveda un réalisateur venu du documentaire est déjà dans cette sourde dénégation qui n’attend plus grand-chose des événements pour devenir de la résignation. Les sœurs Quispe sont désormais seules au milieu de ces grands espaces magnifiques, mais de plus en plus désolés.
Un homme va les traverser pour rejoindre l’Argentine, tout là-bas de l’autre côté. Les sœurs se méfient des hommes depuis que Luciana les a mises en garde, mais son récit est terrifiant. Dans les rivières chiliennes des cadavres se perdent dit-il, lui qui en a réchappé par miracle. Alors, la venue des policiers de Pinochet pour tuer leurs chèvres se révèle une menace qui efface la rumeur. Le cheptel broute beaucoup trop paraît-il, et l’érosion conséquente détruit les pâturages. Une loi a été votée pour y mettre fin.
C’est un discours à minima que délivre le réalisateur, une mise en scène sommaire qui prend acte du décor plus qu’il ne s’y installe. On sent la patte du documentariste conscient des enjeux de son histoire. Les éleveurs ont abandonné leurs huttes en pierre, grossièrement creusées dans les grottes des parois rocheuses. Comme une fin de cycle, la mort des petites gens, petits paysans menacés par une dictature qui ravage et détruit tout obstacle. Les sœurs Quispe n’imaginaient pas un jour en subir les conséquences. Digna Quispe (leur nièce), Catalina Saavedra et Francisca Gavilán, rendent un vibrant hommage à ce peuple nomade devenu trop libre aux yeux du despote. Sebastian Sepulveda salue joliment leur mémoire.
- Rencontre avec Sebastian Sepulveda (8 mn)
La loi anti-érosion cherchait en réalité à éradiquer les peuples nomades vivant à l’écart du reste de la société chilienne qui ne pouvait donc pas les contrôler. Elle évitait aussi que les bergers n’aident les réfugiés à passer la frontière avec l’Argentine. Le réalisateur raconte cet état de fait en filigrane à travers un mode d’exploitation très modeste que les sœurs Quiste entendent perpétrer.
« Les montagnes résonnent comme un labyrinthe infini de solitude, je ne voulais pas montrer leur côté touristique pour qu’on s’arrête uniquement à la beauté immense des lieux » raconte le réalisateur qui voit dans cet épisode chilien « la mort d’une culture, un peu comme la paysannerie française, supprimer le cheptel c’est tuer leur essence ».
Le film
Le bonus
Venu du documentaire, Sebastian Sepulveda en conserve un regard assez distancé sur la nature des êtres et leur comportement dans un milieu si particulier. 4.000 m, les pointes de l’Altiplano chilien, à l’époque où Pinochet fait régner la terreur. Tout là haut, abandonnées de tous (les autres éleveurs ont déjà quitté la région), les sœurs Quispe n’imaginent pas être rattrapées par les foudres du dictateur. Sous le prétexte d’une loi anti-érosion, il cherche à contrôler cette population nomade tellement libre à ses yeux. C’est dans une mise en scène à minima que le cinéaste pose la question de la survie de cette population déjà réduite au minimum vital. Elle vit dans des huttes en pierre, grossièrement creusées dans les grottes des parois rocheuses. Comme une fin de cycle, il annonce la mort des petites gens, petits paysans menacés par la dictature. Digna Quispe (leur nièce), Catalina Saavedra et Francisca Gavilán leur rendent un vibrant hommage.
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