« Les garçons de Fengkuei » de Hsiao-Hsien Hou . Critique cinéma-dvd

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Coffret Hou Hsiao-Hsien, 6 Oeuvres de Jeunesse– DVD [Nouvelles restaurations inédites]"

De : Hou Hsiao-hsien

Avec :

Sortie le : 08 novemb 2017

Distribution : Carlotta Films

Durée : 595 minutes

Film classé : Tous publics

Nombre de DVD / Blu-Ray : 6

Les débuts de l’œuvre autobiographique de Hsiao-Hsien Hou sont ceux de sa collaboration avec la scénariste et romancière Chu Tien-wen. Le style est cette fois totalement affirmé dans la liberté de ton de la mise en scène. Elle nous convie instinctivement à accompagner ses personnages dans les paisibles paysages marins de l’adolescence, avant que les rumeurs et les bruits de la ville ne viennent fracasser leur belle insouciance.

On peut évoquer la nouvelle vague, la sienne et la française de Truffaut et de ses 400 coups. Et l’influence de réalisateur comme Nagisa Oshima pour ses «  Contes cruels de la jeunesse » à travers l’histoire de quatre copains qui deviendront trois , frappés dans  leur jeunesse par les  contingences du monde adulte.

Assez irresponsables, bagarreurs et chapardeurs, ils sont drôles quand devant une jeune fille ils improvisent une danse à mourir de rire. Préambule scénique pour un cinéaste dont l’énergie est aussi joyeuse que désespérée tant le sort de ces jeunes gens paraît bien compromis. La fuite en avant s’impose dans la grande ville voisine.

Hsiao-Hsien Hou la filme à la façon de Jerry Schatzberg dans Needle Park  .Les piétons semblent photographiés à leur insu dans des séquences volées pleine de vie, d’entrain, de vérité au milieu de laquelle le trio tente de se frayer un chemin. Ce sont des instants forts de cinéma renforcés par un scénario qui joue sur le même vibrato.

On ne sait rien du couple qui vit dans l’appartement voisin, mais l’insistance du trio ouvre bien des perspectives à la caméra qui ne se prive pas de fureter les premiers sentiments amoureux, et les avatars de la jalousie. Le couple se dit ami «  et on ne touche pas à une amie » prévient fièrement le garçon qui avoue de son côté suivre des cours du soir, mais revient le plus souvent les poches pleines d’argent, qu’il dissimule dans un tiroir.

Ces non-repères, ces fausses vérités forgent un autre destin à des protagonistes peu enclins à se livrer. Les trois copains commencent à comprendre comment fonctionne la  ville et ses habitants. Ce n’est pas forcément ce dont ils rêvaient, mais ils ont grandi et mûri. Personne ne l’a peut-être remarqué, à part un voyeur bien particulier attentif derrière l’œilleton de sa caméra. Un voyeur, ou plutôt un observateur avisé.

LE SUPPLEMENT

• Un essai audiovisuel par Adrian Martin et Cristina Alvarez Lopez (23 mn). La voix, condescendante, presque mystérieuse (on ne voit jamais son propriétaire) analyse en profondeur le film qui revient par séquences. Ce procédé assez particulier éclaire parfaitement à la fois le propos du cinéaste et sa mise en œuvre.

La confrontation entre la ville et la campagne, thème récurrent chez le réalisateur taïwanais, revient donc chez nos deux interlocuteurs qui notent « l’absence symbolique d’une figure paternelle forte dans la vie du personnage principal ».

Dans ce « film classique pour ados, avec des filles difficiles à cerner ce qui donne libre cours à l’imagination des garçons », le réalisateur évolue « vers un style où la vie est moins vécue comme une action à vivre sur le moment et davantage comme un écran, un film à regarder sans le pouvoir de faire irruption et d’influence la situation ».

• Le Coffret

« La fille du Nil »-« Un temps pour vivre un temps pour mourir »-« Green green, grass of home »–« Les Garçons de Fengkuel »-« Cute Girl »-« Poussières dans le vent »